L’histoire du Speedrun (2/6) : la diversité des défis

Chères lectrices et chers lecteurs, le speedrun est loin de se limiter à une simple course vers la fin d’un jeu : il englobe une multitude de sous-catégories, qui permettent aux joueurs d’explorer les mécaniques des jeux de façon uniques et variées. Cette diversité résulte de la créativité des joueurs et de leur volonté d’explorer toutes les facettes possibles des jeux.

Après avoir vu l’origine et l’histoire du speedrun, découvrons les différentes catégories et types de speedrun, une pratique fascinante qui pousse les joueurs à explorer toutes les possibilités des jeux vidéo. De l’Any% au 100%, en passant par le glitchless et les défis communautaires, plongeons dans un univers où chaque seconde compte et où l’ingéniosité des speedrunners redéfinit les limites du jeu.

Les catégories principales

Les deux catégories les plus populaires et souvent les plus fondamentales dans les speedruns sont les catégories Any% et 100%. Elles incarnent deux approches opposées du jeu : l’une se concentre uniquement sur la rapidité et l’autre sur la complétion totale.

Any% : la catégorie la plus flexible et rapide

Dans la catégorie Any%, l’objectif est de terminer le jeu aussi vite que possible, sans obligation de compléter tous les défis, missions ou d’acquérir tous les objets. Les joueurs peuvent ainsi se concentrer sur des techniques de rapidité et d’optimisation pure, exploitant souvent des mécaniques uniques pour atteindre la fin du jeu.

Il existe cependant plusieurs variations de l’Any%, permettant de s’adapter aux préférences et aux compétences des speedrunners :

1. Glitchless Any% : cette variante interdit l’utilisation de glitches ou d’exploits du jeu, obligeant les joueurs à respecter les mécaniques prévues par les développeurs tout en cherchant les meilleures stratégies.
2. Glitched Any% : ici, tous les glitches et exploits sont permis, rendant cette catégorie souvent spectaculaire et rapide. Les runners utilisent des techniques avancées pour contourner des sections entières du jeu ou atteindre des zones normalement inaccessibles.
3. No Major Glitches (NMG) : cette version intermédiaire autorise certains glitches mineurs, mais interdit les exploits majeurs comme passer à travers des murs ou sauter directement à la fin du jeu. Elle représente l’équilibre entre rapidité et respect des mécaniques.
4. Category Extensions (Mods ou Variations) : ces sous-catégories ajoutent des défis ou des modifications spécifiques au Any%, comme l’utilisation d’un mode aléatoire (Randomizer) où les objets, ennemis ou mécaniques sont mélangés, ou encore des variations comme l’Any% New Game+, qui modifie les stratégies grâce à des équipements ou niveaux acquis dans une partie précédente.
5. Restricted Any% : cette version impose des restrictions spécifiques, comme l’interdiction de certaines armes, sorts ou mécaniques, pour ajouter un degré de difficulté ou de créativité au speedrun.

Le Any% est souvent considéré comme la catégorie la plus accessible pour les débutants, puisqu’elle ne demande pas une connaissance exhaustive du jeu. Cependant, elle exige également une maîtrise des techniques avancées pour optimiser chaque étape de la course et rivaliser avec les meilleurs temps.

100% : l’art de la complétion

Le 100% est l’antithèse du Any%. Ici, les joueurs doivent accomplir chaque mission, collecter tous les objets et accomplir tous les objectifs. Ce type de run demande une connaissance parfaite du jeu, car tout doit être complété, ce qui peut parfois doubler, voire tripler le temps d’un Any%. Il représente un défi d’endurance et de planification stratégique : les joueurs doivent réfléchir à l’ordre optimal pour accomplir toutes les tâches tout en minimisant les déplacements inutiles.

Une run implique une gestion complexe du temps et des “routes” (chemins optimisés pour collecter ou compléter des objectifs dans un ordre précis). Certains jeux, comme Banjo-Kazooie, demandent une coordination précise pour collecter tous les objets dans un ordre efficace, afin de ne pas avoir à revenir en arrière. Cette complexité fait que le 100% est une catégorie privilégiée pour les passionnés de complétion et de planification, et peut aussi inclure des astuces ou glitches pour accélérer la collecte.

Les catégories avec des restrictions : des défis auto-contraints

Pour les joueurs en quête de difficulté supplémentaire ou de nouvelles façons d’aborder un jeu, des catégories spécifiques, imposant des restrictions, se sont développées. Ces catégories apportent des éléments uniques au speedrun en forçant les joueurs à respecter des règles inhabituelles ou à éviter certains éléments clé du gameplay.

Low% : finir le jeu avec le minimum d’éléments

Dans un Low%, le but est de terminer le jeu en ramassant le moins d’objets ou de power-ups possible. Cette catégorie force les joueurs à redoubler d’efforts pour finir le jeu avec des capacités limitées, rendant parfois certains passages extrêmement difficiles. Par exemple, dans les jeux de la série Metroid, un run Low% signifie terminer le jeu avec le moins de réservoirs de santé ou d’améliorations d’armes, augmentant le niveau de difficulté pour survivre aux combats.

La précision et la résistance dans le Low% : cette catégorie exige des réflexes et des compétences aiguisées, car le manque d’équipement ou d’améliorations impose une plus grande rigueur au joueur. Dans Super Metroid (Nintendo, 1994), certains joueurs réussissent même à compléter le jeu avec un minimum d’améliorations, ce qui implique une maîtrise presque parfaite des techniques d’esquive et des déplacements pour éviter les dégâts.

Glitchless : respecter l’intégrité des règles du jeu

Le Glitchless interdit toute exploitation de bugs ou de failles du jeu. Ici, le joueur doit se concentrer sur une exécution parfaite de la séquence normale du jeu, sans contourner les obstacles ou sauter des sections. Cette catégorie se rapproche de la manière “classique” de jouer, où la rapidité et l’optimisation des techniques de jeu deviennent primordiales, car le joueur ne peut pas compter sur les raccourcis créés par les bugs.

La technicité et la précision dans le Glitchless : Dans cette catégorie, chaque saut, chaque combat et chaque action sont optimisés pour réduire au maximum le temps. Les jeux comme Celeste ou Hollow Knight, connus pour leur gameplay précis, sont particulièrement populaires en Glitchless, car ils exigent une exécution technique parfaite. Les joueurs doivent constamment adapter leurs mouvements et décisions en fonction du gameplay originel du jeu.

No Death : l’art de la survie sans échec

La catégorie No Death (« sans mort ») est centrée sur la capacité du joueur à terminer un jeu sans mourir une seule fois. Bien que cela ne raccourcisse pas directement le temps de complétion, l’exigence d’éviter toute mort renforce la tension et la difficulté du run, en particulier dans des jeux réputés pour leur complexité ou pour leurs ennemis redoutables.

Dans un run No Death, chaque erreur ou moment d’inattention peut entraîner une défaite immédiate et obliger le joueur à recommencer le jeu depuis le début. Les speedrunners doivent ainsi maîtriser chaque séquence du jeu, y compris les passages les plus ardus, pour éviter tout risque. Cette catégorie est particulièrement populaire dans les jeux à haute difficulté, comme Dark Souls, où l’évitement de la mort est un exploit en soi. La patience et la concentration sont essentielles pour gérer le stress croissant à mesure que le joueur approche de la fin du jeu sans avoir failli une seule fois.

Niveau 1 : Défi de maîtrise sans amélioration

Ici, le joueur s’engage à terminer le jeu sans monter de niveau, c’est-à-dire en évitant toute amélioration de ses capacités ou de son personnage. Cela exige de maintenir les statistiques de base tout au long du jeu, même face à des ennemis ou à des boss de plus en plus puissants. Cette approche est souvent appliquée dans les RPG où le joueur peut augmenter ses statistiques et capacités. Dans un run de Niveau 1, le joueur doit rester au niveau de départ tout en utilisant des stratégies avancées pour vaincre des ennemis conçus pour affronter un personnage bien plus puissant.

Cette catégorie met en avant l’ingéniosité et la créativité des speedrunners, qui doivent optimiser leur équipement, utiliser leurs ressources de manière astucieuse et adopter des stratégies de combat spécifiques pour compenser le manque de progression de leur personnage.

Le No-Hit dans les jeux d’action

Certaines catégories, comme le Damageless (sans subir de dégâts de n’importe quelle sorte) ou No-Hit (sans se faire toucher), poussent les joueurs à éviter le moindre contact avec les ennemis. Des jeux comme Dark Souls ou Sekiro sont devenus populaires pour cette catégorie, car ils offrent une difficulté naturelle déjà élevée. Dans cette catégorie, l’accent est mis sur la précision et la prudence, chaque erreur pouvant ruiner un run parfait.

La concentration et la mémoire musculaire dans le No-Hit : Dans un run sans se faire toucher, chaque combat et chaque mouvement doivent être mémorisés et répétés à la perfection. Les joueurs développent une mémoire musculaire impressionnante, réagissant instinctivement aux moindres mouvements des ennemis, ce qui rend cette catégorie aussi spectaculaire qu’intimidante.

Les catégories spécifiques aux jeux : adapter les défis aux mécaniques uniques

Certains jeux, en raison de leurs mécanismes ou contraintes uniques, ont engendré des catégories de speedrun spécifiques. Cela offre aux joueurs l’occasion d’explorer des facettes méconnues du jeu et d’exploiter des mécaniques rarement mises en avant dans les modes traditionnels. Elles se déclinent en une multitude de variantes, si nombreuses qu’il serait difficile de toutes les répertorier. En réalité, presque chaque jeu pourrait posséder une ou plusieurs catégories propres. Penchons-nous ici sur quelques-unes qui méritent une attention particulière.

Le Swordless dans The Legend of Zelda

Dans The Legend of Zelda: Ocarina of Time, la catégorie Swordless propose un défi unique où les joueurs doivent terminer le jeu sans jamais utiliser d’épée. Cette contrainte transforme complètement le gameplay, obligeant les joueurs à se reposer sur des objets secondaires pour progresser. Les méthodes pour vaincre les boss et éviter les ennemis sont radicalement différentes, ce qui rend cette catégorie fascinante pour ceux qui maîtrisent parfaitement les mécaniques du jeu.

Ce type de run pousse les joueurs à repenser leurs habitudes et à exploiter pleinement chaque objet alternatif. Sans épée, le joueur doit faire preuve de créativité pour utiliser des bombes, l’arc, et d’autres outils de manière stratégique, redécouvrant ainsi le potentiel de chaque objet sous un nouvel angle. Cela en fait une catégorie captivante pour ceux qui aiment explorer le jeu de manière non conventionnelle et perfectionner des stratégies alternatives.

Le Blindfolded (à l’aveugle) : l’ultime défi sensoriel

Une autre catégorie spectaculaire est le Blindfolded (à l’aveugle), où les joueurs tentent de terminer un jeu en portant un bandeau sur les yeux, ne comptant que sur le son ou leur mémoire des niveaux pour progresser. Des jeux comme Super Mario 64 ou certains niveaux de Punch-Out!! sont particulièrement populaires en Blindfolded, et chaque run de ce type est suivi avec admiration pour la prouesse sensorielle qu’il représente.

La précision sonore et la mémoire dans le Blindfolded : Les joueurs doivent connaître le jeu par cœur et utiliser des repères sonores pour naviguer. Cela nécessite une écoute active des indices sonores et une synchronisation précise de chaque action, transformant le jeu en une expérience sensorielle unique. Vectronom est un parfait exemple dans les jeux récents.

God Run : La Route des Dieux de FromSoftware

Pour les amateurs des défis les plus extrêmes, la God Run représente l’ultime test de maîtrise et de patience dans l’univers des jeux FromSoftware. Ce défi titanesque, inventé par le speedrunner britannique The Happy Hob, consiste à terminer plusieurs jeux du studio à la suite sans subir le moindre coup, un exploit qui semble presque irréalisable au premier abord.

Les origines : La God Run 1

Lancée en 2018, la première version de la God Run incluait les cinq premiers jeux majeurs de FromSoftware : Demon’s Souls, Dark Souls, Dark Souls II, Dark Souls III et Bloodborne. Réussir cette épreuve demandait une maîtrise parfaite des mécaniques de combat, des timings et une connaissance encyclopédique des patterns ennemis.

The Happy Hob s’est attelé à cette tâche monumentale, accumulant des milliers d’heures de pratique et d’échecs pour perfectionner chaque étape. Le 20 mars 2019, après des mois de tentatives acharnées, il est devenu la première personne au monde à réussir la God Run 1. Cet exploit, salué par la communauté, a marqué un jalon dans l’histoire des défis No Hit.

La God Run 2 : Une Nouvelle Ère

Deux jours après la victoire de The Happy Hob, Sekiro: Shadows Die Twice sortait, ajoutant une nouvelle dimension au défi : Soulsbornekiro. Avec ses mécaniques de combat basées sur la posture et la parade, Sekiro nécessitait une adaptation complète par rapport aux jeux précédents.

Ainsi est née la God Run 2, qui combinait désormais les six titres de FromSoftware. Cette fois, un nouveau compétiteur est entré dans l’arène : DobbySama, un joueur français déterminé à graver son nom dans l’histoire de la communauté No Hit. Le 12 octobre 2020, le méconnu DobbySama est devenu la première personne à réussir cette version encore plus exigeante du défi, surpassant toutes les attentes.

La God Run 3 : L’Ultime Défi

L’arrivée d’Elden Ring en 2022 a ouvert un nouveau chapitre pour la God Run. Avec un monde ouvert immense, une multitude de boss, et des mécaniques de combat encore plus complexes, intégrer Elden Ring au défi semblait presque insurmontable. Pourtant, la communauté No Hit n’a pas tardé à imaginer la God Run 3, un défi regroupant désormais les sept jeux du studio.

Cette version représente une épreuve d’endurance hors normes, inhumaine même, nécessitant jusqu’à 20 heures de jeu consécutives sans aucune erreur. Ici, même la mémoire musculaire, habituellement cruciale pour les défis No Hit, a ses limites. Chaque jeu possède ses propres mécaniques, des timings spécifiques pour les esquives, parades, et attaques, rendant la transition entre les titres extrêmement ardue.

À ce jour, la God Run 3 n’a été complétée que par quatre personnes, un témoignage de la difficulté extrême du défi. Ces joueurs figurent désormais parmi les légendes de la communauté, incarnant l’essence même de la persévérance et de la dévotion aux jeux FromSoftware.

Un héritage vivant

La God Run n’est pas seulement un exploit technique ; elle est un symbole de l’amour pour les souls du studio, connus pour leurs mondes immersifs et leurs défis impitoyables. Chaque réussite inspire une nouvelle génération de joueurs à repousser leurs limites, rendant la Route des Dieux plus vivante que jamais.

Big Boss Rank dans Metal Gear Solid Series

Dans la série Metal Gear Solid, la catégorie Big Boss Rank représente le sommet du défi en termes d’infiltration et de précision. Les règles de cette catégorie sont strictes : pour atteindre le rang Big Boss, le joueur doit terminer le jeu sans jamais déclencher d’alerte, sans sauvegarder, sans utiliser d’objets de soin, et parfois en ajoutant des limites de temps et de munitions. Ce run exige des compétences exceptionnelles et une connaissance pointue du comportement des ennemis et de l’IA du jeu, ainsi qu’une maîtrise parfaite de chaque mécanique de furtivité.

Les règles et restrictions du Big Boss Rank

1. Pas d’alerte : le joueur ne doit jamais déclencher l’alerte des gardes. Cela signifie qu’aucun ennemi ne doit voir le joueur, ce qui ajoute une tension constante, car même la plus petite erreur peut ruiner le run. Chaque déplacement, chaque position, et chaque timing doit être parfaitement calculé pour éviter d’être repéré.
2. Pas de sauvegarde : les joueurs ne peuvent pas utiliser de points de sauvegarde intermédiaires, ce qui signifie qu’une seule erreur peut les renvoyer au tout début du jeu. Cela nécessite un niveau de concentration extrême et une exécution sans faille tout au long du run.
3. Pas d’objets de soin : sans objets de soin, le joueur doit éviter tout type de dégâts. Les erreurs sont donc très punitives, car chaque perte de santé réduit la marge de manœuvre pour le reste du run. Cela oblige les runners à gérer parfaitement les distances avec les ennemis et les pièges.
4. Limitation de temps et de munitions : dans certaines versions de Big Boss Rank, les joueurs doivent également finir le jeu dans un temps limité et sans utiliser trop de munitions. Cela pousse les runners à prioriser les techniques furtives et à économiser chaque tir pour des situations cruciales, en maximisant l’usage de leurs compétences non-létales.

Stratégies et techniques spécifiques

Pour réussir un Big Boss Rank, les runners doivent connaître chaque section du jeu dans les moindres détails. Voici quelques stratégies couramment employées :

• Maîtrise de la carte et des mouvements : les joueurs doivent mémoriser le positionnement de chaque ennemi et connaître les itinéraires optimaux pour éviter les gardes. La connaissance précise des zones d’ombre, des caches et des itinéraires alternatifs est essentielle pour progresser sans déclencher d’alerte.
• Exploitation de l’IA : une compréhension approfondie de l’IA permet aux runners de manipuler les ennemis en leur faisant regarder ailleurs ou en créant des distractions subtiles. Par exemple, dans Metal Gear Solid, le joueur peut frapper un mur pour détourner l’attention d’un garde, lui permettant de passer inaperçu.
• Utilisation efficace des gadgets : les gadgets comme le carton ou les grenades fumigènes sont essentiels pour distraire et éviter les ennemis. Les runners doivent savoir quand et où les utiliser pour éviter des rencontres dangereuses tout en économisant leurs ressources pour des moments critiques.
• Combats contre les boss : dans les affrontements contre les boss, les techniques non-létales et les mouvements parfaits sont cruciaux, car prendre des dégâts n’est pas une option. Les runners exploitent souvent des stratégies spécifiques pour chaque boss afin de les vaincre sans subir de coups, en utilisant des mouvements d’esquive précis et en étudiant les patterns d’attaque.

Une performance de patience et de précision

Le Big Boss Rank est un véritable test de patience, de discipline et de persévérance. Chaque segment du jeu doit être exécuté sans la moindre erreur, sous une pression intense, car une simple fausse manœuvre peut annuler tout le run. Les runners qui réussissent à atteindre ce rang démontrent non seulement une grande maîtrise du gameplay, mais aussi une connaissance intime du jeu, souvent acquise après des centaines d’heures d’entraînement.

Le Big Boss Rank est ainsi une vitrine des compétences de haut niveau, un défi admiré par la communauté des fans de Metal Gear Solid, car il célèbre l’essence même de la série : l’art de l’infiltration parfaite.

All Skip Coop de Hollow Knight

Le All Skip Coop est une catégorie de speedrun spécifique au jeu Hollow Knight, qui a émergé dans la communauté du speedrunning en tant que défi passionnant et innovant. Elle combine l’aspect coopératif avec des techniques avancées de « skip » (ou contournement) pour compléter le jeu aussi rapidement que possible. Dans cette catégorie, deux joueurs travaillent ensemble pour atteindre la fin du jeu, en utilisant une série de sauts, de glitches et d’exploits pour ignorer une grande partie du contenu traditionnel du jeu.

L’objectif principal du All Skip Coop est de terminer Hollow Knight avec l’utilisation de multiples « skips » et exploits tout en jouant en coopération. Contrairement à d’autres catégories de speedrun, cette variante repose sur la synergie entre les deux joueurs qui doivent se coordonner parfaitement pour maximiser les sauts et éviter certains des défis du jeu, tout en réduisant le temps de complétion global.

Les « skips » et techniques utilisées

Dans Hollow Knight, de nombreux sauts ou glitches permettent de contourner des parties importantes du jeu, comme des combats de boss, des zones complexes, ou des objets clé nécessaires pour progresser. Le All Skip Coop utilise une combinaison de ces techniques, mais en coopératif, ce qui ajoute une dimension supplémentaire au défi.

• Glitching Through Walls : les joueurs peuvent utiliser des mouvements spécifiques ou des attaques pour traverser certains murs ou barrières invisibles, contournant ainsi les sections normalement bloquées.
• Sequence Breaking : les joueurs sautent certains éléments clé de l’histoire, comme des boss ou des objets nécessaires, afin de progresser plus rapidement.
• Double Jumping and Boosting : la coordination des sauts entre les deux joueurs permet de franchir des sections qui seraient autrement inaccessibles avec un seul personnage.

Les défis de la coopération

La coopération dans le All Skip Coop ajoute un défi supplémentaire par rapport aux speedruns classiques. Les deux joueurs doivent non seulement maîtriser leurs propres techniques de déplacement et de stratégie, mais aussi s’assurer que leurs actions sont parfaitement synchronisées pour que les sauts et les exploits soient réussis. Par exemple, les deux joueurs peuvent avoir besoin de s’entraider pour franchir certains obstacles ensemble, ou bien de positionner un personnage pour que l’autre puisse passer à travers une zone fermée.

Le timing est crucial dans cette catégorie, et tout échec de synchronisation peut entraîner des pertes de temps considérables. Les joueurs doivent aussi être prêts à réagir rapidement aux imprévus du jeu, car les « skips » peuvent parfois être imprévisibles, surtout lorsqu’ils sont réalisés en coopération.

L’évolution de la catégorie

Le All Skip Coop est une catégorie relativement récente dans le speedrun de Hollow Knight. Elle est née de l’enthousiasme des joueurs cherchant à repousser les limites du jeu en coopératif, en utilisant des techniques avancées pour atteindre la fin du jeu d’une manière non-conventionnelle.

Bien que la catégorie ne soit pas aussi populaire que d’autres comme Any% ou 100%, elle attire un nombre croissant de speedrunners en raison de son aspect collaboratif et de la créativité qu’elle demande. Le défi de coordonner deux joueurs dans un environnement aussi vaste et complexe que Hollow Knight fait du All Skip Coop une expérience unique.

Pourquoi le All Skip Coop est-il populaire ?

Cette catégorie est particulièrement populaire parmi les joueurs qui aiment le challenge de maîtriser non seulement le jeu, mais aussi l’aspect coopératif. Elle offre une toute nouvelle façon de jouer à Hollow Knight et permet d’explorer des méthodes innovantes pour contourner les obstacles et progresser rapidement. Les fans de speedrun peuvent ainsi découvrir le jeu sous un autre angle, et les joueurs expérimentés apprécient la nécessité d’une bonne communication et d’une coopération parfaite pour réussir.

Les catégories de speedrun “RPG” : stratégie, patience et maîtrise absolue

Dans l’univers du speedrun, le genre des RPG (jeux de rôle) occupe une place unique en raison de leur nature narrative et de leur gameplay souvent complexe. Les RPG sont des jeux caractérisés par des mécaniques de jeu approfondies, des choix de dialogues, des combats stratégiques, et des quêtes secondaires, ce qui en fait un type de speedrun particulièrement exigeant. Contrairement aux autres genres, les RPG nécessitent non seulement des compétences de réaction rapide, mais aussi une planification minutieuse et une gestion optimale des ressources, du temps et de la chance (éléments de RNG – Random Number Generator).

Caractéristiques des RPG en speedrun

• Durée des runs : les RPG sont connus pour être des jeux relativement longs, mais les techniques de speedrun peuvent réduire leur durée de manière spectaculaire. Même si un RPG peut prendre 20 à 50 heures en jeu normal, une run optimisée peut le réduire à quelques heures ou même moins, selon les techniques disponibles.
• RNG et gestion des combats : la « RNG » (Random Number Generation) ou génération aléatoire est omniprésente dans les RPG, ce qui rend le déroulement d’une partie imprévisible. Les speedrunners de RPG doivent s’adapter constamment, et certaines stratégies sont construites pour optimiser ou contourner les éléments RNG, comme les rencontres aléatoires et les chances de coups critiques.
• Optimisation des menus : dans un RPG, naviguer dans les menus est une activité courante, et pour les speedrunners, la rapidité et la précision sont cruciales. Une navigation inefficace peut rapidement ajouter des minutes, voire des heures, au temps final. Les runners doivent donc mémoriser des séquences de menus et appuyer précisément pour économiser des fractions de seconde. Dans le jargon du speedrun, on appelle ça le menuing.
• Manipulation et exploits : comme dans d’autres types de speedrun, les joueurs de RPG utilisent des glitchs pour raccourcir la partie. Ils peuvent, par exemple, sauter des segments de l’histoire, éviter certains combats, ou exploiter des failles pour obtenir des objets et des pouvoirs plus rapidement.

Exemple avec Alundra 2

Alundra 2 est un RPG d’action-aventure sorti sur PlayStation en 1999. Contrairement à son prédécesseur, qui se concentrait sur des éléments de puzzle, Alundra 2 adopte un style plus orienté action, avec un monde en 3D et un système de combat qui favorise des stratégies rapides et une grande précision, ce qui en fait un jeu intéressant pour le speedrun.

Techniques de speedrun dans Alundra 2 :

1. Maîtrise du mouvement : dans Alundra 2, le mouvement du personnage et la gestion des sauts sont essentiels pour gagner du temps. Les runners cherchent à réduire les mouvements inutiles et à optimiser les trajectoires pour naviguer dans le monde plus efficacement.
2. Exploits de collision : le jeu présente plusieurs glitchs de collision permettant aux speedrunners de traverser certains murs ou obstacles, sautant ainsi des portions entières du jeu. Par exemple, il existe un glitch dans un donjon où le joueur peut exploiter une collision imprécise pour atteindre la fin du niveau sans résoudre les puzzles.
3. Manipulation des combats : les speedrunners développent des stratégies pour minimiser le temps passé dans les combats, en utilisant les coups critiques, les compétences, et en manipulant l’IA des ennemis pour les vaincre rapidement. Ils savent également quand éviter les combats pour économiser du temps.
4. Utilisation de la sauvegarde rapide et du chargement : certains speedrunners exploitent la sauvegarde rapide pour manipuler la RNG et éviter des rencontres aléatoires. En rechargeant la partie à certains moments, ils peuvent influencer les éléments aléatoires et atteindre des conditions idéales.

En effet, pour le jeu Alundra 2, le record mondial actuel est détenu par ShinFenix, un speedrunner bien connu et l’un des fondateurs de la communauté PSI. Il a complété le jeu en un temps impressionnant de 4 heures, 39 minutes et 9 secondes. Sa performance repose sur une parfaite maîtrise des glitchs de collision, une excellente gestion des combats, et une navigation experte des menus, qui sont autant de techniques essentielles dans les speedruns de RPG.

Son temps est le fruit d’une optimisation extrême et d’un travail collaboratif au sein de la communauté, qui partage et documente les exploits et stratégies nécessaires pour atteindre de tels records.

Les catégories de speedrun “mèmes” : pour le fun et le spectacle

Certaines catégories de speedrun ont été créées principalement pour leur côté décalé, voire absurde. Surnommées « runs mèmes », ces catégories visent avant tout à divertir et à surprendre les spectateurs, mais elles peuvent aussi demander un niveau de compétence et de planification insoupçonné. Les runs mèmes mettent en avant l’inventivité de la communauté du speedrun, transformant parfois des détails insignifiants en véritables défis.

Randomizer : défi de l’ordre inversé

Ici, les joueurs tentent de battre tous les boss du jeu dans un ordre aléatoire, ou même inversé. Cela bouleverse la progression naturelle du jeu en ajoutant un niveau de difficulté considérable, car les premiers boss sont souvent affrontés sans les améliorations d’armes, d’armures, ou de santé que les joueurs obtiendraient normalement plus tard dans la partie. Par exemple, dans Super Metroid, affronter des boss de fin de jeu sans tous les pouvoirs de Samus rend le défi extrêmement ardu. Ce format de speedrun pousse les joueurs à planifier avec soin et à explorer des stratégies innovantes pour compenser l’absence de pouvoirs.

All Cows in Ocarina of Time : le speedrun absurdiste

La catégorie All Cows dans The Legend of Zelda: Ocarina of Time en est un parfait exemple. Dans ce run, l’objectif est de trouver et d’interagir avec toutes les vaches présentes dans le jeu, une tâche aussi farfelue qu’inutile pour compléter l’histoire principale. Ce speedrun oblige les joueurs à explorer en profondeur des zones souvent ignorées, ajoutant une dimension de chasse aux trésors qui amuse beaucoup la communauté. Ce défi ludique et volontairement absurde met en avant l’humour et la créativité de la communauté, en détournant l’attention des objectifs traditionnels pour mettre l’accent sur des détails inattendus.

Waluigi Only in Mario Party : l’éternel outsider

Dans cette catégorie de Mario Party, les runners jouent exclusivement avec Waluigi et doivent gagner chaque mini-jeu ou atteindre un objectif spécifique, comme obtenir un nombre maximal d’étoiles. Cette catégorie met en lumière le personnage de Waluigi, qui est souvent traité en plaisanterie par la communauté. Le but est de rendre Waluigi « champion » malgré son statut d’éternel outsider dans l’univers Nintendo.

Le speedrun est une discipline riche et variée, offrant une multitude de genres et de sous-genres pour répondre aux préférences et aux ambitions des joueurs. Chaque catégorie propose des défis spécifiques et des approches uniques pour terminer un jeu dans les meilleurs délais. Ces catégories peuvent également être combinées, par exemple en réalisant un Any% Glitchless, où l’objectif est de finir le jeu le plus rapidement possible sans utiliser de bugs ou de glitchs.

Cette diversité reflète la créativité et l’ingéniosité de la communauté, permettant à chacun de trouver son style ou sa niche. Ainsi, le speedrun n’est pas seulement une quête de rapidité, mais aussi une exploration des limites des jeux et des capacités humaines, que ce soit en exploitant des mécaniques complexes ou en maîtrisant des parcours optimaux. La richesse des catégories garantit que chaque jeu peut être abordé sous plusieurs angles, rendant le speedrun accessible et captivant pour un large éventail de passionnés.

Dans notre prochain numéro, nous plongerons dans les techniques et stratégies qui façonnent l’art du speedrun. Nous analyserons comment les joueurs utilisent des méthodes spécifiques, des astuces ingénieuses et des optimisations de chaque mécanisme de jeu pour repousser les limites de la performance. Ces stratégies, qu’elles reposent sur la précision des mouvements, l’exploitation des mécaniques ou la gestion des ressources, offrent une multitude d’approches uniques. Un véritable parcours à travers la réflexion tactique et la maîtrise technique dans cette discipline palpitante.