En 2021, un studio du nom de Zoink nous a offert un certain Lost in Random. Un petit jeu nous plongeant dans un univers macabre tout droit sorti de l’esprit de Tim Burton et des contes des frères Grimm. Son esthétique est probablement l’élément qui a le plus tapé dans l’œil de la communauté, et pour cause, nous n’avons pas l’habitude de voir ce genre de direction artistique dans un jeu vidéo. Un style qui marie le morbide, le gothique, avec une touche d’humour noir. Donc forcément, et comme toujours d’ailleurs, les joueurs et joueuses en voulaient plus.
Fort heureusement, une suite est sortie en juin dernier. Mais une autre surprise les attend. Elle s’appelle The Midnight Walk, et elle n’a pas manqué de faire parler d’elle. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle nous vient directement des fours d’anciens développeurs et développeuses ayant travaillé sur ce fameux Lost in Random. Cette fois, nous avons droit à un jeu d’aventure en vue à la première personne, mais toujours dans des thèmes similaires, à savoir le funeste et le morbide, sur fond de poésie sombre et délicieuse. Maintenant, voyons si ce voyage vaut le détour.

La lumière tombée du ciel
The Midnight Walk ne perd pas de temps en nous propulsant au cœur de son histoire aussi mystérieuse qu’envoûtante. Nous ouvrons nos yeux sur un monde plongé dans l’obscurité, debout au milieu de la désolation et surtout, sans objectif à atteindre. Au début, il faut errer et laisser le jeu nous porter à travers son introduction, courte, mais diablement efficace. C’est comme si on se réveillait dans un cauchemar surréaliste, entouré de déserts et de forêts plongés dans la nuit. Nous comprenons rapidement que la lumière a disparu de ce monde depuis bien longtemps, et depuis, des créatures étranges ont commencé à apparaître çà et là. Des créatures dont nous ne tardons pas à faire la rencontre.
Heureusement, tout n’est pas sombre dans cet univers. Au milieu de toutes ces horreurs, nous faisons la connaissance d’un petit bonhomme mignon nommé Petit pot (ou Potboy en anglais). Une sorte de bipède à tête de lanterne allumée. Il va nous accompagner au cours de nos pérégrinations dans un but bien précis : parcourir la Voie de Minuit et se rendre au Montlune pour apporter un peu de lumière sur ces terres. Et en cours de route, ce sont des personnages tout aussi bizarres que le monde qui nous entoure qui nous attendent et il faut l’avouer, c’est toujours un plaisir de les croiser. Il faut dire que leur apparence est des plus travaillées, là où l’histoire ou les dialogues avec eux peuvent s’avérer anecdotiques. D’ailleurs, l’émerveillement visuel ne s’arrête pas là.

En effet, ce n’est pas seulement leur apparence qui retient notre attention, mais toute la direction artistique. Ce n’est rien de moins qu’impressionnant, puisque les décors du jeu, tout ce que vous voyez autour de vous, a été réalisé en argile réelle. Pour être plus précis, ça a été sculpté avec de l’argile, et ensuite animé grâce à l’usage de la technique du stop-motion. C’est notamment ce qui offre ce rendu si particulier et original au mouvement des personnages, accentuant cette impression de marcher en plein rêve. Ainsi, vos heures passées dans ce jeu sont constamment ponctuées de passages où vous allez pouvoir admirer la beauté d’une esthétique « faite main ».
De plus, à mesure qu’on progresse dans The Midnight Walk, l’environnement change, nous faisant passer d’un conte lugubre à un autre. Nous découvrons des lieux inédits, et nombreuses sont les fois où on va s’arrêter pour admirer le paysage. Nous en prenons plein la vue, et la seule chose qu’on souhaite au terme de cette épopée, c’est d’en voir plus. Pour compléter le tout, à chaque fois qu’on arrive dans une nouvelle zone, des petites nouveautés vont venir s’ajouter à notre manière de progresser. Ainsi, non seulement on se sent dépaysé au fil des chapitres, mais le gameplay lui-même se diversifie, bien que légèrement. Et l’un des aspects les plus proéminents de ce dernier, c’est la peur qu’il nous fait ressentir.


Une partie de cache-cache sombre, mais redondante
The Midnight Walk ne se contente pas d’être un véritable bonbon pour les yeux avec ses décors en argile, sa stop-motion et son univers aussi glaçant qu’attisant la curiosité. Il va également tenter de nous faire peur à de multiples reprises. Parfois, ça passe par des petites séquences de courses-poursuites, classiques pour de l’horreur. Cependant, la plupart du temps, c’est du bon vieux cache-cache qui vous attend lorsqu’un monstre se trouve à proximité. Du moins, pendant une partie de l’aventure.
En vérité, il y a différentes manières d’éviter de finir en repas pour les créatures que vous allez croiser. Petit pot est votre meilleur ami, puisqu’il est capable de les distraire, étant donné qu’elles sont attirées par la lumière. Tout ce que vous avez à faire, c’est de lui donner l’ordre d’aller quelque part, d’allumer une bougie, et il va s’exécuter. Cela vous permet ainsi d’en profiter pour trouver une cachette ou progresser dans la zone. Certes, ça n’a rien d’original, et ça peut même devenir un peu redondant. Néanmoins, le jeu est court, et ce n’est donc pas un gros problème sur la durée, d’autant plus que le gameplay ne s’arrête pas là.

D’une manière générale, Petit pot est votre « homme à tout faire ». Il peut vous servir à résoudre des énigmes basiques, illuminer votre chemin et être de bonne compagnie dans les moments où l’angoisse commence à monter d’un cran. Sans mauvais jeux de mots, c’est en quelque sorte votre lumière au bout du tunnel, une étincelle dans la nuit sombre qui menace de vous engloutir. Tout comme la petite maison bien charmante qui vous accompagne, vous permettant de prendre une pause si vous avez besoin de souffler. Par conséquent, même si lui donner des ordres finit par s’avérer barbant, on ne le quitte jamais des yeux de peur d’être laissé en proie au danger. Autant dire que quand il n’est pas présent, c’est la panique.
Cela ne veut pas dire qu’on est impuissant sans l’aide de Petit pot. Pendant les 4 à 5 heures qui constituent The Midnight Walk, on ne se limite pas à lui donner des ordres, et heureusement. Nous pouvons aussi manier la lumière, notamment grâce à des allumettes qui sont dispersées un peu partout dans les lieux qu’on traverse. Leur utilité est évidente, mais le jeu va aller plus loin en nous offrant diverses manières de les utiliser. Nous vous laissons la surprise de la découverte, mais disons qu’il y a un minimum de variété dans le gameplay, contrairement à ce qu’on pourrait penser de prime abord.

Malgré ça, The Midnight Walk ne brille pas nécessairement de par ses mécaniques de jeu. La simplicité n’est jamais un problème, mais ça a une conséquence, et c’est le fait qu’on ne s’attarde pas sur cet aspect de l’expérience. A la place, on va plutôt se focaliser sur la direction artistique qui mérite tant d’éloges, mais également la musique qui nous transporte sans problème dès nos premiers pas dans ce monde étrange. Quant à Petit pot, on s’attache à ses petites mimiques et on peut même dire qu’il fait la différence dans cette aventure.
Petit pot, la cerise sur le gâteau The Midnight Walk
L’une des plus grandes forces de The Midnight Walk, c’est Petit pot. Pour la simple et bonne raison qu’il met en lumière l’un des éléments les plus importants de cette création. Il ne faut pas oublier qu’on a aussi affaire à un jeu d’horreur, qui se veut plus penché sur l’angoisse qu’un Lost in Random qui partage pourtant plusieurs points communs avec notre intéressé. Ceci dit, le but ici n’est pas seulement de véhiculer l’effroi, mais bien de faire ressentir une vaste palette d’émotions aux joueurs et joueuses.
C’est là qu’entre en scène le rôle de Petit pot, car son utilité dépasse les frontières des mécaniques de jeu. Nous l’avons déjà expliqué, il est bien utile quand il s’agit d’échapper aux griffes des monstres qui nous pourchassent ou pour éclairer notre chemin. Cependant, le but du studio est également de nous habituer à sa présence, de créer un lien avec lui. Il n’est pas un objet, une arme, un levier pour nous permettre de progresser. C’est un compagnon à part entière qui nous réchauffe le cœur à chaque interaction avec ce dernier.

The Midnight Walk, à travers Petit pot, parvient donc à scinder son expérience en deux parties. Deux états d’esprit différents. D’un côté, nous sommes sur nos gardes, à la fois ébahis devant ce monde dans lequel on se retrouve, et à la fois effrayés par ce qui pourrait nous sauter dessus. En bref, on n’est pas tout à fait serein. De l’autre, nous avons Potboy, qui nous offre même dans les moments de danger des instants de calme. Il nous fait rire, nous donne le sourire, nous touche, et ainsi, il incarne à lui seul la douceur qu’un tel univers peut procurer. C’est précisément cette dualité qui est fascinante dans ce jeu, et qui permet de graver dans nos esprits sa beauté.
Pour conclure, The Midnight Walk est sans aucun doute un incontournable pour celles et ceux qui sont friands d’univers à la Tim Burton et d’ambiance sinistre mêlée à une beauté macabre. Ce jeu vaut le détour, ne serait-ce que pour admirer le travail du studio sur la direction artistique. Ils ont mis – littéralement – la main à la patte, et le rendu se montre assez marquant. Certes, le gameplay ne risque pas de rentrer dans les mémoires, et il peut même s’avérer lassant par moments malgré le fait qu’il colle parfaitement avec le concept du titre. Néanmoins, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan comparé au reste des qualités du jeu. Alors n’hésitez pas, vous aussi, à entreprendre ce périple pour ramener la lumière du soleil sur ces horizons torturés.
The Midnight Walk
Les avantages
- Un univers envoûtant aux nombreux secrets
- Une esthétique tout en argile, fait main, et ô combien réussie
- Petit pot, un compagnon fort attachant
- Une belle ambiance tantôt oppressante, tantôt chaleureuse
- La musique, un régal pour les oreilles
Les inconvénients
- Le gameplay devient vite répétitif, malgré des nouveautés çà et là
- Les séquences d’infiltration sont rarement passionnantes
- L’histoire peut se montrer plutôt anecdotique