En 2020, le studio Team Asobi surprenait avec Astro’s Playroom. Cette épopée au cœur de la PS5 révélait le personnage d’Astro arpentant les composants de la PS5. Derrière ce prétexte se cachait un jeu de plateforme qualitatif et gratuit montrant les nouvelles capacités de la console et de sa manette. Le jeu a ravi le grand public et les joueurs par ses innombrables qualités techniques et ludiques, son fan service et son adorable personnage principal.
Victime de son succès, le nouveau jeu Astro Bot (6 septembre 2024) se doit donc d’être à la hauteur du précédent. Et hasard du calendrier, la sortie du jeu coincide avec le trentième anniversaire de la première PlayStation…
Alors, le petit robot a-t-il les épaules pour être le jeu anniversaire de Sony et concurrencer des titres comme Mario ? Comment est-il possible de surpasser la maestria d’Astro’s Playroom ? Peut-il justifier un prix de 69,99 € alors que le précédent opus était offert ?
Un rythme sans précédent
Les prémices du jeu sont simples : le vaisseau des Bots, à l’apparence de PS5, se fait attaquer par un extraterrestre. Celui-ci explose, et ce dernier et ses occupants se retrouvent dispersés aux quatre coins de l’univers. Notre héros, Astro, un Bot un peu particulier à cape, se retrouve seul sur le site du crash avec une carcasse de PS5 vide. Il part donc à l’aventure dans chaque recoin composant les galaxies pour retrouver ses amis et reconstruire leur vaisseau PS5.
Les cinq grands mondes du jeu sont composés de 80 niveaux permettant de secourir les Bots et de récupérer des pièces de puzzle. Une fois sauvés, les robots servent à explorer de nouvelles zones autour des restes de la PS5 mais aussi à débloquer l’accès à chacun des boss du jeu. Les morceaux de puzzle débloquent des nouvelles possibilités au pied du vaisseau endommagé. Chacune des cinq galaxies se conclut par un combat de boss libérant une pièce principale amenant à la réparation du vaisseau PS5.
Tous les niveaux de jeu (appelés planètes) débutent par Astro pilotant une DualSense, donnant un aperçu immédiat sur les paysages qu’explore notre petit robot. Astro Bot est très coloré avec des niveaux encore plus beaux les uns que les autres. L’ambiance dans chaque niveau est souvent très différenciée avec des thèmes tels qu’un manoir hanté, une plage pirate ou bien des sites enneigés. Malgré ces prémices classiques se cachent des planètes qui fourmillent de vie : un certain nombre d’animaux robots ont été ajoutés, arpentant le monde, rendant le tout plus dynamique.
Les niveaux sont moins ouverts qu’ils pouvaient l’être dans Astro’s Playroom mais cela offre un rythme plus maîtrisé, un chemin plus clair et un niveau de détails bien supérieur. Comme d’habitude, le titre incite le joueur à explorer les niveaux de fond en comble et sauver un maximum de Bots.
La Team Asobi démontre aussi dans ce jeu sa maîtrise exceptionnelle de la DualSense. Chacun des environnements est l’occasion de découvrir de nouvelles interactions possibles dans les déplacements, tel que rouler sur des pics ou marcher dans une piscine à boules. Les effets de retour haptique sont saisissants et largement au dessus de ce qui se fait sur le reste des jeux. Ceux déjà présents dans Astro’s Playroom ont également été rehaussés et ajustés. Il est clair que les quatre ans depuis la sortie de la PS5 et leur précédent jeu ont permis aux développeurs de pousser au maximum les possibilités techniques de la manette.
Bien évidemment, de nouveaux gadgets ont été ajoutés au jeu. Il y a notamment le chien au dos d’Astro qui permet de faire une charge en avant, un casque PSVR pour ralentir le temps, la transformation en éponge ou les poings grenouilles à ressort, pour ne nommer que ceux-là. Chaque gadget ajoute son lot de retours haptiques (le ressort est percutant de réalisme) en plus d’apporter une profondeur au gameplay et une diversité aux situations. Les gadgets ne se répètent jamais, et lorsque c’est le cas, cela conduit sur une autre manière de les utiliser. Le jeu réussit parfaitement à ne jamais être redondant et chaque gadget semble frais à chaque apparition.
De surcroit, le jeu est techniquement à la hauteur des PS Studios avec un affichage en 2160p, quelques effets de ray-tracing par endroits mais surtout un 60 FPS constant, une nécessité pour un jeu de plateforme de cette envergure.
Quand la musique est bonne
La musique a une grande importance dans l’appréciation du jeu avec des titres marquants, joyeux, effrayants, entêtants… Ces airs doivent transmettre l’ensemble des émotions qu’Astro ressent. Le compositeur Kenneth C M Young a été rappelé pour ce jeu. Ce dernier avait déjà fait ses preuves sur LittleBigPlanet, Tearaway et les autres jeux Astro. Bon nombre de thèmes marquants des anciens jeux Astro sont de retours, donc aucune crainte de ne plus pouvoir chanter « I’m Astro Bot ».
La bande-son atteint le nombre impressionnant de 87 compositions comprenant des titres remixés et réarrangés ainsi que des nouveaux. Ces nouvelles chansons reprennent parfaitement l’ambiance globale et se placent en nouveaux classiques. D’autres compositeurs tels que Kemmei Adachi (Gran Turismo, Locoroco), Tadashi Yatabe (Final Fantasy XIV, Metroid Other M), Sachiko Miyano (divers Final Fantasy), Takuro Iga (divers Final Fantasy) ont aussi contribué à la production de la bande-son du titre, formant une véritable dream team au service des ambitions de la Team Asobi.
Astro Bot profite également de l’expertise technique du studio pour une implémentation de l’audio 3D de qualité. L’audio 3D de Sony ne concerne certes que les casques et les haut-parleurs de téléviseur, mais les personnes dotées d’enceintes surround ne seront pas en reste cette fois avec Astro Bot. Le son spatialisé pour les installations surround a été correctement mis en place ; il s’agit même sûrement de l’une des meilleures implémentations de ce genre sur PS5 avec les jeux Naughty Dog.
Une galaxie de possibilités
Les galaxies possèdent différents types de planètes. Certaines sont obligatoires pour atteindre le boss de la galaxie. Ces niveaux sont les plus longs et c’est ici que vous récupérerez la plupart des objets à collectionner. En règle générale, ces niveaux ne présentent pas de difficulté particulière, malgré la présence de mini-boss parfois bien retors.
De nombreux points de contrôle permettront à tous types de joueurs de s’amuser sans être frustrés. Tout le monde profitera du gameplay soigné du jeu, en particulier les plus aventuriers qui prendront plaisir à explorer un maximum et trouver tous les secrets.
La team Asobi a aussi pensé à ceux qui ne veulent pas s’épuiser sur les niveaux en boucle à la recherche d’un secret non découvert. Une fois un niveau terminé, il est possible d’utiliser les jetons gagnés en niveau pour acheter un petit oiseau qui viendra chanter à proximité de ce fameux secret. De quoi encourager le plus grand monde à obtenir un maximum d’objets.
Les plus aguerris des joueurs s’attarderont aussi sur les planètes additionnelles. En effet, le jeu comprend une ribambelle de planètes qui sont surtout des prétextes à des défis d’une difficulté nettement supérieure au reste. Il y a deux types de défis : ceux de combat et ceux de plateforme. Les planètes de combat consistent à battre un petit groupe d’ennemis dans un environnement particulier. Petit conseil : il faudra souvent réfléchir au lieu de foncer dans le tas. Quant aux défis de plateforme, ces derniers demanderont une maîtrise des mouvements d’Astro et un bon sens du timing. La tâche n’est clairement pas aisée mais les niveaux restent globalement justes et ne sont pas de simples pièges à répétition. Après quelques essais (et peut-être quelques crises de rage), chaque phase du niveau semble plus aisée. De plus, ces niveaux ne sont jamais très longs et récompensent d’un nouveau Bot, nécessaire pour atteindre la complétion totale du jeu mais pas pour finir l’aventure.
Le titre est ainsi si généreux qu’il est difficile de vouloir s’arrêter. La variété des niveaux, des ambiances, des challenges et des gadgets fait que l’aventure se dévore à un rythme incessant. Il faut ajouter à cela la curiosité de voir quelles stars de PlayStation se nichent dans chaque niveau.
L’héritage du passé
L’une des particularités d’Astro’s Playroom était d’ajouter dans ses niveaux des références de nombreux jeux ayant marqué l’histoire de PlayStation. Cet aspect a beaucoup plu aux joueurs, que ce soit par nostalgie ou par curiosité vidéoludique. Astro Bot arrive 30 ans après la sortie de la première PlayStation au Japon. Le choix a été assez logique d’aller encore plus loin dans l’hommage en célébrant l’occasion et poussant les potards au maximum.
Lors de la traversée des différents niveaux, certains des Bots à sauver sont un peu différents. Ceux-ci sont des Bots caméos ayant l’apparence de personnages historiques du jeu vidéo. La plupart se cachent dans des emplacements ou dans des situations rappelant leur jeu d’origine. Le jeu réussit superbement à simplifier les caractéristiques des héros pour les appliquer à un Bot… difficile de ne pas sourire face à leurs charmantes apparitions ! Il y a plus de 300 Bots à découvrir dans le jeu et plus de la moitié sont des caméos. La sélection a donc été large et il peut se révéler difficile de reconnaître toutes les références. Astro Bot manque ainsi d’un inventaire de ces caméos expliquant leur jeu d’origine et leur impact dans l’histoire de PlayStation. Étant donné la variété des caméos, un aspect “cours d’histoire vidéoludique” aurait été idéal, en particulier pour un jeune public.
Chaque niveau se conclut par la sortie des bots sauvés pour rejoindre la zone du vaisseau PS5 en reconstruction. Chacun des Bots issus d’un caméo aura une place à part dans cette zone centrale en plus d’aider à accéder à la suite du jeu. De plus, l’argent récolté lors des niveaux permet de compléter leur tenue par un accessoire rendant hommage à leur jeu d’origine. D’autres surprises concernant ces caméos sont à attendre dans le jeu et feront plaisir à bon nombre de joueurs, jeunes et plus anciens.
Rarement un « collectathon » n’aura été aussi agréable à parcourir !
Petit Bot marquera l’histoire
La sortie d’Astro Bot est symboliquement très importante pour Sony et la marque PlayStation. Après la fermeture de plusieurs studios et plusieurs années de focus sur les jeux à services (Concord, si tu nous entends…), cette fin d’année 2024 signe le grand retour de Sony sur le segment du jeu familial. Attention, ici le terme familial est utilisé de manière noble pour signifier un jeu facile d’accès, intéressant et capable d’intéresser chaque membre d’une famille. Astro Bot coche toutes les cases en proposant une aventure accessible à tous, et il faut espérer que Lego Horizon fasse de même d’ailleurs.
Finalement, l’idée ici pour Sony est aussi de revenir à une époque plus faste avec un catalogue de jeux de différents genres pour tous les publics. La firme s’était créée une belle réputation dans cette variété lors des précédentes générations avec toutes sortes de licences telles que Ape Escape, Ratchet, Locoroco, EyePet ou Knack. Le lancement de la PS5 avait pourtant bien emboîté le pas avec Sackboy: A Big Adventure ou Astro’s Playroom et Ratchet & Clank: Rift Apart quelques mois plus tard. Entre-temps, aucun autre jeu familial n’est toutefois sorti des fourneaux des PlayStation Studios.
La fin d’année est une période importante pour les éditeurs de jeux vidéo, et Sony cherche cette fois à s’imposer en proposant entre autres deux jeux familiaux : Astro Bot et Lego Horizon Adventures. Ce dernier se paye également le luxe de sortir sur Nintendo Switch, la console familiale par excellence. L’initiative est trop grosse et importante pour être un hasard et montre l’ambition de PlayStation de reconquérir un marché qu’il a un quelque peu délaissé depuis le lancement de la PS5.
Un jeu pour tous et tous pour un jeu
Les moins habitués à tenir une manette n’auront aucune difficulté car seuls trois boutons sont réellement utilisés et le second stick est bien souvent optionnel (hors recherche approfondie des secrets). Les retours haptiques auront aussi une grande place dans l’accessibilité à tous les publics car ils aideront les moins habitués aux jeux vidéo à mieux comprendre et anticiper les situations : un sol glissant, un sol en feu, etc. Les gâchettes adaptatives, en plus d’être agréables, permettent aussi de mieux matérialiser l’utilisation des différents gadgets.
L’univers qui entoure Astro et ses compagnons ne laisse pas de marbre et saura convaincre petits et grands. Les Bots ont un charme fou dû à leur design très simple mais si efficace, une abondance d’animations mignonnes et des yeux expressifs. Les mondes sont plus dynamiques et colorés qu’auparavant et il est difficile de ne pas avoir envie de prendre la manette pour parcourir ces plaines, ces jardins, ces vallées enneigées, ces plages…
Un nouveau départ pour la série
Les joueurs suivant la série depuis un moment ont peut-être été surpris par le nom du jeu, appelé simplement Astro Bot. Le plus surprenant est que l’opus PSVR d’Astro s’appelait déjà Astro Bot: Rescue Mission. Ce jeu avait par conséquent déjà un titre similaire avec un sous-titre en plus. L’équipe de la Team Asobi a voulu revenir à zéro avec ce jeu, comme si les anciens titres n’étaient que des brouillons pour le reste de la série. Ce choix risque de créer la confusion chez un très grand public qui, au détour d’une recherche dans le PS Store, tombera sur le jeu PSVR moins cher que le nouveau et ne saura pas forcément faire la différence.
Néanmoins, le lien avec Astro’s Playroom est aussi une bonne chose, voire un énorme avantage, puisque le jeu a eu le droit à une « démo » gratuite sur toutes les consoles PS5 depuis le lancement en 2020. Des millions de joueurs ont été exposés et ont pu se familiariser avec Astro et son univers. Pour ce public, il sera d’autant plus facile de sauter le pas.
L’intention de revenir à une bonne base est noble et les anciens de la série trouveront toujours leur compte avec énormément de clins d’œil aux jeux précédents. Ce constant retour des mêmes antagonistes, cette ambiance joyeuse et les thèmes musicaux entêtants n’auront aucun mal à rappeler les jeux phares du personnage emblématique de Nintendo. Même si Sony et Nicolas Doucet (réalisateur du jeu) refusent de parler de mascotte, Astro a bien pris la place de mascotte de PlayStation au même titre que Mario est la mascotte de Nintendo. Vu la longévité du plombier à moustache et la réputation de ses jeux, c’est le meilleur compliment qu’il est possible de donner à la Team Asobi.
Astro Bot est en fin de compte le jeu de plateforme à offrir aux petits et aux grands sur PS5, et en attendant aussi son DLC gratuit. Chacun y trouvera son plaisir. Le plaisir est d’ailleurs le sentiment profond qui règne sur l’ensemble de l’expérience. Il est impossible de cacher un petit sourire en coin à chaque cinématique d’Astro interagissant avec le monde ou à la découverte d’un Bot caméo. Depuis Astro Bot: Rescue Mission, la Team Asobi démontre sa maîtrise du rythme de jeu et de la plateforme, et jamais la barre n’a été aussi haute… Faire référence aux 30 ans de PlayStation de cette manière l’inscrit d’office parmi cette grande histoire du jeu vidéo à laquelle il rend hommage.
Astro Bot
Pros
- Un jeu de plateforme bien calibré et accessible
- Belle variété de situations et d'environnements
- Des caméos par centaine
- Propose des challenges corsés
- Traduction française de qualité avec des jeux de mots bien retranscrits
Cons
- Un peu court : 12h-15h pour le terminer
- Les caméos auraient mérité d'être expliqués
- Le mode photo arrive tardivement dans le jeu