Ce 31 octobre, Guerrilla Games publiera avec Nixxes Software Horizon Zero Dawn Remastered, la version remasterisée de son jeu de 2017 à l’incroyable succès. Sorti à un moment où PlayStation favorisait encore sérieusement l’éclosion de nouvelles licences dans ses studios majeurs, le titre a réalisé d’excellentes ventes, accouché d’une suite et lancé la mise en place de tout un univers dans lequel une palanquée de spin-off sont en préparation, à l’image du crossover avec Lego à venir le 14 novembre.
Sept ans plus tard, c’est avec plaisir et tout autant de circonspection que nous nous sommes replongés dans les premières aventures d’Aloy, avec en tête la question que l’on se pose à chaque remaster de PlayStation : était-ce réellement nécessaire ? Voici notre critique.
Les remasters et portages PC avec Nixxes au centre du jeu : la stratégie win-win de PlayStation
Nixxes Software : la carte maîtresse des PlayStation Studios
À l’annonce du rachat de Nixxes Software par PlayStation en 2021, la nouvelle n’avait pas fait bondir les foules. La raison avancée par Jim Ryan à l’époque contenait toutefois en elle tout ce qui fait le sel de la stratégie actuelle du constructeur, à savoir globaliser la marque en portant ses grands jeux non seulement sur PC, mais aussi en les remettant au goût du jour sur PS5 pour faire bénéficier au public des versions les plus avancées possibles.
Le doute que l’on peut avoir concernant ces remasters et portages est souvent qu’ils font perdre du temps aux PlayStation Studios, qui pourraient et devraient l’utiliser à meilleur escient en travaillant sur de nouveaux jeux. Avec Nixxes, le travail sur les portages PC de PlayStation (Spider-Man, Miles Morales, Ghost of Tsushima, Ratchet & Clank et Horizon Forbidden West) et les remasters (le premier étant celui de Zero Dawn) est centralisé dans une seule équipe dédiée à cela.
De cette manière, Nixxes vient délester ses studios partenaires et se pose en carte maîtresse de PlayStation, qui peut sereinement mettre en application sa stratégie de portages/remasters tout en laissant les autres studios internes avancer sur les jeux originaux. C’est une stratégie gagnante pour tout le monde car elle apporte des retombées financières « faciles » avec une division du travail efficace. Dans ce sens, la critique consistant à dire que les portages et remasters font perdre du temps à PlayStation a de moins en moins lieu d’être. Tous les développements vont ainsi avancer harmonieusement et la proposition commerciale de PlayStation, entre nouveaux titres d’un côté et portages/remasters de l’autre, va pouvoir se dérouler sans accroc. Et l’on écrit sans accroc si tant est que nous fermions les yeux sur une autre des stratégies de PlayStation, à savoir celle des jeux service, qui elle est un échec quasi complet comme en témoignent les fermetures hier (le 29 octobre 2024, ndlr) de Firewalk Studios après le raté Concord et de Neon Koi, studio dédié au mobile… qui n’a finalement jamais publié aucun jeu.
Un positionnement tarifaire intelligent
Ceci étant dit, le travail technique abattu par Nixxes Software avec Guerrilla Games n’en reste pas moins remarquable, comme nous l’aborderons dans la partie suivante. Notons simplement qu’une fois de plus, l’offre tarifaire de Sony pour ce remaster est la bonne, avec la possibilité pour les possesseurs du jeu sur PS4 de faire l’upgrade pour 9,99 euros et de transférer leurs sauvegardes, et la mise en vente du titre complet à 49,99 euros au lieu des 79,99 euros désormais habituels pour les exclusivités PlayStation.
Dans une époque où la confiance des joueurs en PlayStation s’amenuise à vue d’œil, ce détail est important et nous ne pouvons qu’espérer que l’entreprise fasse de même pour de futurs remasters qui ne manqueront pas de venir.
Un remaster… et rien qu’un remaster
Une remise au goût du jour uniquement technique
Contrairement au remaster de The Last of Us Part II, que l’on pouvait expliquer par la volonté de le mettre niveau par rapport au remake qu’est Part I et pour capitaliser sur le succès de la série HBO, celui d’Horizon Zero Dawn n’arrive avec aucune actualité particulière pour la saga, si ce n’est la sortie de la version Lego dans quelques semaines. C’est pourquoi nous avions particulièrement du mal à comprendre l’utilité d’un tel travail, même s’il est réalisé chez Nixxes sans que Guerrilla ne mette en pause ses autres projets, et d’autant que le patch incluant le 60 FPS dans Horizon Zero Dawn lorsque le jeu est joué sur PS5 nous semblait largement suffisant.
Si vous cherchiez dans Horizon Zero Dawn Remastered autre chose qu’une amélioration technique et une mise aux standards actuels, vous resterez donc sur votre faim.
Un manque criant d’éditorialisation
Vous resterez sur votre faim car au-delà du peu d’utilité d’un remaster pour un titre si récent, d’autres studios ont montré qu’il était tout de même possible de faire une proposition éditoriale intéressante à partir de cette décision commerciale. Nous parlons ici évidemment de Naughty Dog et de The Last of Us Part II Remastered, qui a proposé, en plus d’améliorations graphiques complètement inutiles, quatre éléments qui pour le coup faisaient preuve d’une vraie volonté éditoriale et rendaient l’achat bien plus justifié.
Avec les Lost Levels qui apportent une vision intéressante de l’envers du décor, le Speedrun qui ajoute une dimension différente au gameplay, le mode Speedrun qui est une vraie nouveauté et le documentaire Grounded II qui sert de making-of du jeu, The Last of Us Part II Remastered est une vraie proposition éditoriale qui renouvelle l’expérience de base. Il n’en est rien dans Horizon Zero Dawn Remastered, et nous ne pouvons que le regretter car ce sont ces propositions qui font l’intérêt d’un remaster, en particulier pour les joueurs s’étant déjà essayés au titre de base.
En dehors de ce public, le fait de rendre disponible Horizon Zero Dawn sur PS5 avec un niveau technique similaire à celui de Forbidden West reste évidemment pertinent du point de vue marketing. Il sera intéressant d’analyser les ventes de la version Remastered si Sony les dévoile pour voir si sa stratégie, au-delà de son utilité purement business, fonctionne réellement.
Une réussite technique indéniable
Cela dit, il faut tout de même dire que le travail technique de Nixxes et Guerrilla est remarquable. Au-delà de toute considération philosophique sur la sens à donner à ce remaster, le mot « Remastered » en lui-même n’est absolument pas usurpé. Tous les modèles de personnages, au premier lieu desquels Aloy, ont été refaits pour les aligner sur le standard de Forbidden West. Cela est appréciable au même titre que les plus de 10 heures de dialogue réenregistrés pour gommer l’aspect parfois robotique de ceux du premier titre.
Un véritable travail d’orfèvre a été réalisé par Nixxes pour donner le sentiment, en passant de Zero Dawn à Forbidden West, d’être dans une totale continuité. Au niveau des autres améliorations notables, la prise en charge de la DualSense rend l’expérience plus captivante, en particulier lors des interactions avec les machines. Par exemple, le joueur pourra être averti par des retours haptiques des éléments avec lesquels il peut agir, et les gâchettes adaptatives sont appréciables lors des combats. Sur ce point, il est clair que nous aurons du mal désormais à relancer le jeu sur PS4 après y avoir joué sur PS5.
En nous promenant dans le monde luxuriant d’Horizon Zero Dawn Remastered, nous avons ainsi remarqué une biodiversité plus diversifiée, et aussi une présence accrue de PNJ. Ceci est rendu possible par le SSD de la PS5 qui permet l’affichage de plus de personnages à l’écran, et la ville de Meridian comme certains villages ou avant-postes dans Zero Dawn ont l’air plus vivants grâce à cela.
En tout et pour tout, Horizon Zero Dawn Remastered est donc un excellent remaster si on le prend du point de vue purement technique. Le travail réalisé par Nixxes Software est admirable et prouve que le studio n’est pas bon qu’à faire des portages. L’ajout de dialogues et de PNJ, la mise à jour et l’utilisation de la DualSense sont des améliorations réussies et bienvenues.
En dehors de cela, il faut dire que ce remaster, surtout vu l’absence d’une quelconque éditorialisation, est dispensable. L’expérience est certes meilleure sur PS5 et le prix attractif, mais peut-être cela est-il seulement valable pour les nouveaux venus à la licence. Pour les anciens, nous resterons sur la nuance du mot dispensable, à savoir possible… mais pas obligatoire ou réellement nécessaire.