Two Tiny Dice (studio à l’origine de FORWARD : Escape the Fold) avec le développeur Christophe Coyard nous livre un excellent deck builder roguelike inspiré de la mythologie basque à l’ère de l’Âge de Fer, et précisément au moment de l’invasion romaine côté gaulois. L’histoire commence dans un petit village attaqué par des monstres et menacé par l’apparition soudaine d’une chaîne montagneuse.
Ce test est écrit par notre modérateur François-Xavier. Un basque, vous vous en doutez…
Nire herri ederra – Mon beau pays
À travers les 7 habitants du village que nous allons pouvoir contrôler, nous allons visiter 12 biomes différents et rencontrer diverses péripéties pour comprendre la menace qui entoure ce petit village. Au cours de nos multiples expéditions, nous pourrons réparer et agrandir le village afin d’étoffer nos decks, tout en menant notre enquête qui nous mènera droit à la légende basque Herensuge.
Étant né au Pays Basque et adorant les légendes de ma terre natale, la première chose m’ayant attiré est le nom du jeu : « Pyrene » pour les Pyrénées. Rien que cela, en plus du fait de savoir que j’allais avoir droit à un conte basque, a suffi à faire chavirer mon cœur de gamer. D’autant que le titre est un roguelike de type deck builder… il n’en fallait pas plus. Grâce à notre chef du pôle Interview Florian, dont un podcast avec deux développeuses du jeu va sortir sur la chaîne Indie 500, j’ai pu mettre la main sur le titre afin de vous livrer mon test. Dès les premières notes, j’ai été tenu en haleine pendant plus de 3 heures malgré l’heure tardive.
Avant tout, définissons le terme de deck builder. Le deck-building, qui se traduit par construction de pioche (ou paquet de carte), est une mécanique tirée de jeu de société. Le joueur dispose d’un nombre de cartes défini ou non, et qu’il doit faire évoluer tout en avançant dans la partie. Ici, outre l’aspect jeu de carte, on va avoir la composante de roguelike qui va nous accompagner tout au long de l’aventure. Donc pas de game over (tant redouté par les joueurs de nos jours), le joueur repartira depuis son village avec pour seul malus de voir son deck redéfini et de perdre la moitié du bois récolté durant sa partie. Bois qui servira à réparer notre village mais aussi permettra de débloquer plusieurs bonus.
Taktika eta estrategia – Tactique et stratégie
Dans Pyrene, nous incarnons 9 personnages jouables aux caractéristiques et mécaniques complètement différentes, ce qui va obliger le joueur à jouer de façon variée à chaque fois, par exemple entre la forgeronne qui a peu de points de vie mais par contre aura droit à un énorme bouclier pour tanker les coups des ennemis, ou bien un autre qui ne pourra pas se déplacer comme il veut mais sur une sélection de case au hasard. Le joueur trouvera au fur et à mesure de son ascension de nouvelles cartes pour agrandir son deck ou divers bonus pour augmenter sa chance, ses PV ou bien avoir des reliques pour obtenir des buffs ou des malus.
Avec pas moins de 104 cartes différentes pour construire votre build, le choix sera néanmoins dépendant de votre chance puisque chaque avatar débute son aventure avec un deck de 5-6 cartes prédéfinies. Ce n’est que lors d’un affrontement ou d’une ouverture de coffre que vous pourrez agrandir votre deck.
En plus du deck, chaque personnage possède 3 pouvoirs spéciaux propres qui auront leur importance dans votre stratégie. Ces pouvoirs pourront être utilisés grâce à des esprits que l’on récolte lors de notre pérégrination.
Mais ce n’est pas tout ! Chaque biome aura ses avantages ou contraintes également, obligeant le joueur à définir de nouvelles stratégies. Mention spéciale au biome montagne dont la place des cartes bougera sans cesse comme si vous combattiez sur une falaise ; détruire un ennemi se situant en bas fera ainsi effet boule de neige. Ou bien encore le biome de la grotte, où l’on devra ramasser une carte torche pour espérer voir les cartes autour de nous, sous peine d’avancer à tâtons dans le noir le plus complet.
Mais la stratégie ne s’arrête pas là et va encore plus loin. Pour changer de zone, il faudra attendre l’apparition d’un totem, nous faisant passer plusieurs tours de jeu dans la zone pour qu’elle apparaisse. Il y a un système de nuit pour combler les trous avec de nouvelles cartes monstres ou carte de notre deck. Une nuit coûte 2 pommes mais la nuit suivante 4, etc…. Et si vous avez plus de pommes, alors vous paierez la nuit de votre sang. Mais la nuit joue un rôle aussi sur les monstres restants, où ils vont prendre de la vie max en plus par exemple. À vous de voir si cela vaut le coup de vider la zone ou de laisser quelques cartes avant de lancer la nuit.
Vous l’aurez compris, l’aspect tactique du jeu est primordial et évoluera en fonction du personnage contrôlé mais aussi en fonction du deck et du biome. Chaque expédition sera unique, et la chance devra être de votre côté. Vous devrez surtout convoquer votre esprit tactique pour contrer votre éventuelle malchance dans les tirages. Avant chaque expédition, le joueur aura une tour de guet pour activer d’éventuels bonus (ennemi avec -1PV ou une résurrection) ou des malus pour rendre l’aventure plus palpitante et plus dure. La difficulté est complètement modulable en fonction des envies, des défis de chacun.
Herriko musika – La musique du pays
L’ambiance sonore est tout aussi prenante, simple mais en totale symbiose avec le style de jeu. Sobre mais efficace, la bande originale laisse entendre le genre de mélodie qui nous met de suite dans une ambiance apaisante. Presque comme si elle était là pour mettre notre esprit en parfaite plénitude afin que l’on puisse réfléchir tranquillement à notre stratégie. Un grand bravo à Marc-André Labonté, qui aura su capturer l’essence même des sonorités de nos Pyrénées.
Ikerketa historikoa – L’aspect historique au coeur du développement
Le travail de recherches mythologiques réalisés par Marion Blanchet et Jeanne Prigent dans Pyrene est remarquable. Les développeuses ont dévoilé justement toutes les recherches historiques pour habiller nos protagonistes, leurs noms mais aussi sur le design des différentes bestioles/monstres afin de correspondre à l’époque de Fer mais aussi aux us et coutumes du Pays Basque. Concernant la direction artistique, on voit de suite l’inspiration du délicieux Hadès, avec les personnages en gros plans lors des dialogues et très colorés.
J’ai parlé de Herensuge présent dans le jeu, qui est la plus importante et imposante des créatures mythologiques basques. Il s’agit d’un serpent gigantesque représenté avec 7 têtes, localisé dans les grottes d’Azalegui ou d’Ertzagania, sur la montagne d’Ahuski, dans le gouffre de Saint-Michel-in-Excelsis sur le mont Aralar. Il aspire par son souffle puissant les troupeaux qui passent à sa portée, voire les bergers, et les avale. C’est un avatar de cette légende qui traite du serpent géant du Lac d’Isaby, et qu’on retrouve dans d’autres lieux pyrénéens. Dans certains contes basques, il serait même le protecteur des Basajaunak (créature moitié homme, sauvage, corpulente et couverte de poils).On retrouvera aussi dans le jeu Birao (un Jeinu ou génie) qui signifie malédiction ou blasphème, donc je vous laisse imaginer quel type de marchand il est. Ou bien Mairu (Mairuak au pluriel en basque) un jentil (géant), des constructeurs de monuments mégalithiques.
Vous retrouverez en somme dans Pyrene donc plusieurs PNJ ou marchands avec pour origine une légende basque.
J’ai fini le jeu en à peu près 7-8H mais il y a un contenu endgame assez consistant. Le joueur aura plusieurs défis de plus en plus audacieux à relever pour chaque personnage, avec la possibilité de construire son deck de départ. Sachant toutes les possibilités vu le nombre de dons, de magies, de reliques et de cartes, vous en avez pour plusieurs heures. Parfait pour se lancer des défis de plus en plus fous !
Perfektua besterik ez – Juste Parfait
En somme, « Pyrene » nous offre une immersion fascinante dans les légendes basques à travers des mécaniques de jeu captivantes et enivrantes. Oubliez les Slay the Spire, Balatro et autres deck builders : Pyrene sort complètement du lot, avec une expérience colorée, un aspect tactical incroyable mais surtout qui sent bon les Pyrénées (oui j’avoue que mon chauvinisme basque est présent). Au niveau de la note, comment ne pas mettre un MAJESTUEUX 10/10 tellement Pyrene fait tout bien. Le gameplay est fluide, efficace. L’apprentissage des mécaniques est tellement limpide, imbriqué dans le scénario qu’on n’y prête même pas attention. Sur ce, je retourne sur Pyrene en mode hardcore pour plus de challenge.
Joko ona