Chez PSI, nous souhaitons vous présenter Naoki Yoshida, l’homme derrière Final Fantasy XVI, sorti ce jeudi 22 Juin 2023 sur PS5. Mais qui est vraiment cet homme surnommé Yoshi-P par ses fans ? Quels ont été son parcours, ses influences, ses réussites et ses défis ? Comment a-t-il réussi à redresser la situation critique de Final Fantasy XIV qui avait pourtant connu un lancement désastreux en 2010 ? Découvrez ci-dessous comment un seul homme est devenu un héros pour toute une communauté. Cette présentation est proposée par Enzo Bewersdorf.
Ses débuts dans le jeu vidéo
C’est le 1er mai 1973 que Naoki Yoshida naît au Japon, à Sapporo, dans la préfecture d’Hokkaido. Sa passion pour le jeu vidéo est ancrée dans son cœur depuis tout petit. En effet, c’est à partir de l’école primaire qu’il décide d’y faire carrière en étant principalement influencé par Mario Bros. et Dragon Quest III. Un rêve d’enfant qui deviendra réalité quelques années plus tard. En 1993, Yoshida rejoint l’industrie du jeu vidéo en postulant pour le studio Chunsoft. Mais puisqu’il a étudié dans une école dirigée par Hudson Soft dans laquelle un stage de fin d’année est requis, il peut commencer plus tôt chez Hudson. Il est affecté à la conception du PC-Engine. Yoshida gardera en lui le désir d’être scénariste pour le JV, ce qui lui permettra d’être placé sur la série des Far East of Eden. Il écrit alors les dialogues de tous les villageois de Far East of Eden III : Namida sous la supervision de Oji Hiroi, une position qui semble le contenter jusqu’à ce que le jeu finisse par être annulé…
Yoshida rejoint ensuite la série des Bomberman en tant que designer. Cependant, il fait face à un environnement de travail difficile. Les programmeurs contrôlent les productions, remettent en cause la place des designers et peuvent ne pas respecter le cahier des charges. Ils n’ont également aucune patience pour ceux qui ne comprennent pas leur domaine. C’est, entre autres choses, en raison de cet environnement que Naoki Yoshida a dû développer ses compétences de persuasion afin de mieux gérer cette situation. Heureusement pour lui, la communication était plus simple qu’avec les autres designers dans la mesure où il avait pu étudier de près ou de loin différents langages de développement. Afin de créer le jeu qu’il souhaite produire, il établira la confiance avec la direction et ses collègues, notamment via la prise en charge de projets indésirables.
Après quatre années et quelques mois au sein de l’entreprise, Yoshida finit par quitter Hudson Soft à cause des différends créatifs qui subsistaient. Pour lui, les jeux vidéo sont réalisés pour tous les joueurs, là où ses supérieurs pensent que les jeux ne sont destinés qu’aux enfants. Suite à cette période tumultueuse, il enchaîne plusieurs petits studios pendant cinq ans. L’un d’entre eux étant fondé par un ancien cadre de Hudson, Yoshida est rapidement recruté. Un partenariat avec Enix Corporation leur permet de développer un action-RPG en ligne jouable sur les machines Windows. Le jeu génère des donjons aléatoirement et a un système similaire à Diablo, titre que Yoshida apprécia lorsqu’il y joua pour la première fois. Après une fusion du studio, les supérieurs demandent à ce que le jeu soit compatible avec la PlayStation 2 et PlayOnline. Ce titre représente alors un grand espoir pour les responsables des divisions commerciales de Square. Ceux affectés à Final Fantasy XI offrent alors à Yoshida une assistance et des conseils. Après une réunion commerciale impliquant la direction, il est convenu qu’une histoire doit être intégrée au jeu, cependant ce dernier a déjà été retravaillé deux fois. Malheureusement, et suite à un long débat, le jeu est mis en pause…
Avec la « suspension » du titre, Yosuke Saito propose à Naoki Yoshida de venir à Tokyo afin de travailler sur Dragon Quest Online. Son actuel employeur l’encourage à saisir l’offre et lui fait promettre de grimper les échelons dans l’entreprise et d’apporter le plus de travail possible, ce que Yoshida fera. C’est donc en 2004 qu’il rejoint Square Enix en tant que quatrième membre de l’équipe dédiée à Dragon Quest X, où il occupe le poste de lead designer. À cette époque, Yoshida ressent une frustration vis-à-vis de l’impopularité des MMORPG au Japon. Son amour pour ce style de jeu vidéo l’a également poussé à rejoindre le projet.
Jin Fujisawa, le directeur de Dragon Quest X est aussi impliqué dans Dragon Quest IX. L’équipe ayant du mal à fixer la direction que doit prendre le projet, il est nécessaire pour Fujisawa de se concentrer pleinement dessus. En 2007, il affecte donc Yoshida au poste de directeur intérimaire pour Dragon Quest X. Cet arrangement durera plus d’un an et demi en raison de son efficacité, de ses compétences incontestables et de sa fiabilité. Cependant, il est retiré du poste de directeur et de l’équipe de développement lorsque Fujiwasa est apte à reprendre sa place.
Par la suite, Naoki Yoshida décide de travailler sur deux autres projets pour Square Enix. Il est envoyé en 2009 avec Hiroshi Takai et Hiroshi Minagawa dans plusieurs studios occidentaux influents afin d’étudier les techniques de développement de jeux en haute définition (HD).
L’arrivée de Naoki Yoshida sur Final Fantasy XIV
En 2005, Square Enix lance le projet « Rapture » (non, il ne s’agit pas de Bioshock), qui a pour ambition de donner naissance à un tout nouveau MMORPG dans l’univers de Final Fantasy. Il est développé par l’équipe de Final Fantasy XI avec l’outil « Crystal Tools », dédié à faciliter le crossplatform entre consoles et PC. Cependant, le projet (qui a finalement pris le nom de Final Fantasy XIV) rencontre de nombreux problèmes de développement, le conduisant vers une sortie catastrophique le 30 septembre 2010 où les bugs étaient bel et bien légion. Le jeu devient, malheureusement et au fil du temps, un gouffre financier pour Square Enix…
Suite à cela, le président de Square Enix en place à cette époque, Yoichi Wada, réfléchit à faire appel à un membre de Square Enix capable de renverser la situation. Un nom lui parvient : Naoki Yoshida. Réputé pour être un leader charismatique, avec une volonté sans faille de satisfaire les joueurs, il est aussi connu pour être un grand joueur de MMORPG. Yoichi Wada propose à Naoki Yoshida de reprendre FFXIV, en lui laissant sept semaines pour apporter une solution. Ainsi, en décembre 2010, Naoki Yoshida devient producteur et directeur de Final Fantasy XIV, remplaçant Nobuaki Komoto et Hiromichi Tanaka. Toutefois, il prend la tête d’une équipe qu’il ne connaît pas. Pour pallier ce problème, il convoque individuellement chaque membre de son équipe afin de discuter et créer du lien. Ensemble, ils abordent lors de ces entretiens différentes idées d’améliorations tout en partageant leur vision du jeu.
Il s’avère que l’un des problèmes majeurs de l’équipe de développement résidait dans l’individualité… Tous sont talentueux mais ne travaillent pas (assez) ensemble. De plus, aucun ne jouant aux MMORPG concurrents, les développeurs n’ont donc pas forcément conscience des attentes formulées par les joueurs. À la fin des sept semaines, Naoki Yoshida propose deux plans. Garder le jeu comme tel en essayant de le corriger au maximum, ou développer une toute nouvelle version en risquant de reproduire le premier échec. Un véritable coup de poker pour Square Enix qui donnera non seulement le feu vert et le budget pour cette nouvelle version, intitulée Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, mais aussi pour la première solution qui consiste donc à réparer la version du titre existante. Yoichi Wada confie aussi que la nouvelle version doit sortir absolument sur la PlayStation 3 avant l’arrivée de la prochaine console. Un bien lourd défi pour un seul homme…
Avec ce poids sur les épaules, Yoshida donne un grand discours motivationnel à son équipe. Dans celui-ci, il leur explique qu’ils sont libres de partir s’ils ne sont pas d’accord avec les nouvelles idées développées mais leur demande trois mois de réflexion avant de rendre leur décision. Pendant ces 90 jours, il continue de renforcer les liens au sein de l’équipe en leur accordant des entretiens privés.
La transition entre les deux versions du jeu ne pouvait pas être soudaine pour Yoshida, elle devait être logique et cohérente. C’est ainsi qu’il eut l’idée de carrément l’intégrer à l’histoire principale de Final Fantasy XIV. Au fur et à mesure des mises à jour, lui et son équipe introduisent progressivement l’arrivée d’un Fléau (événement majeur de Final Fantasy XIV, symbolisant la fin du monde). Le 11 novembre 2012, les serveurs ferment, mais une cinématique se lance :
Après avoir découvert cette séquence, les joueurs assistent à un blackout complet. Aucune annonce n’est prononcée, Final Fantasy XIV est mort… Mais soudainement, Square Enix annonce la date d’ouverture de l’accès anticipé de FFXIV : A Realm Reborn, le 24 août 2013. Les critiques sont excellentes, les joueurs anciens comme néophytes sont satisfaits et le défi de sortir le jeu sur console est réussi. Naoki Yoshida devient le sauveur de Final Fantasy XIV, tout simplement.
La tâche que représente Final Fantasy XVI pour Naoki Yoshida
Maintenant que vous en savez beaucoup plus sur Naoki Yoshida et ses faits d’armes, parlons de sa dernière mission en date qui concerne bien évidemment Final Fantasy XVI. Désigné par le président de Square Enix comme producteur du dernier titre de la célèbre licence de Square Enix, la pression sur ses épaules est grande ! Final Fantasy XV n’ayant pas convaincu tous les fans de la série, ce nouvel opus est attendu au tournant par ceux de la première heure. Heureusement, Yoshida est connu de tous pour son incroyable détermination, il ne fait donc aucun doute qu’il aura cherché par tous les moyens à satisfaire les joueurs comme il le fait déjà si bien avec Final Fantasy XIV. Sa mission est donc de séduire les fans actuels tout en embarquant dans son sillage une nouvelle génération de joueurs de FF. Une tâche ardue qui n’a été réalisée que par peu de productions auparavant, du moins à ce stade d’avancement d’une saga…
L’accessibilité semble être au cœur de Final Fantasy XVI, un point qui suit parfaitement la règle d’or de Yoshida qui n’est autre que la satisfaction des joueurs. Même si le jeu semble abordable (voire facile à première vue) grâce aux nombreux accessoires dont on peut équiper le héros, les vétérans du genre trouveront leur bonheur dans le new game+. En effet, pour nos platineurs de l’extrême, il faudra terminer l’épopée dans la plus haute difficulté nommée « Final Fantasy » !
Qu’adviendra-t-il de Naoki Yoshida si le jeu s’avère être un unanime succès critique (ce qui est déjà plus ou moins le cas) mais aussi public ? Nous pouvons suggérer qu’il deviendra le nouveau producteur récurrent des prochains opus rejoignant la grande famillle Final Fantasy. Il n’est cependant pas impossible que Square Enix décide de positionner Yoshida en tant que producteur sur une nouvelle licence. Ayant travaillé sur Dragon Quest et FF, son expérience dans le genre médiéval fantastique ainsi que sa réputation font de lui un candidat parfait pour le lancement d’une nouvelle IP de la maison Square Enix. Quoiqu’il en soit, nous croisons les doigts pour que l’avenir de la licence reste entre de bonnes mains… Des mains expertes et passionnées du médium vidéoludique !
A vos manettes et rendez-vous sur nos réseaux sociaux pour vivre cette semaine incontournable pour tout fan de la saga. Puis en attendant notre test, retrouvez notre dernière vidéo dédiée à Final Fantasy XVI, une vidéo qui devrait vous intéresser… !