Japan Studio a été l’entité historique japonaise de PlayStation qui développait et soutenait les productions faites sur le territoire japonais. Fermé depuis 2021, le studio rayonne à nouveau chaque année par ses anciens artistes qui ont rejoint de nouveaux studios et font briller l’héritage de la marque.
Une histoire aussi vieille que la PlayStation
SIE Japan Studio est le premier studio créé par Sony Computer Entertainment (maintenant Sony Interactive Entertainment) en 1993, soit un an avant la sortie japonaise de la première PlayStation. Le but du studio était d’alimenter la console via des jeux créés en interne, mais aussi d’en créer en collaboration avec des studios japonais externes. Pour en savoir plus sur l’histoire de ce studio, une page lui est déjà dédiée sur le site : ici. Il y a néanmoins des jeux importants du studio qu’il serait presque interdit de ne pas citer tels que Ico, Locoroco, Parappa The Rapper, Ape Escape, Forbidden Siren, Doko Demo Issyo ou encore Gravity Rush.
Le studio avait une organisation atypique en grandes divisions dès 1997, chacunes dédiées à un projet ou style particulier, telles que les sous-organisations : Sugar & Rockets, Inc. (Intelligent Qube), Arc Entertainment Inc. (Arc the Lad II) ou Contrail Inc. (Wild Arms 2).
Par la suite, ces sous-organisations se sont réorganisées en « Team ». Parmi ces équipes très connues, il y a notamment la Team Ico, connu pour ICO, Shadow of the Colossus ou The Last Guardian. La Team Siren a eu son lot de pépites vidéoludiques telles que les jeux d’horreur Forbidden Siren ou les Gravity Rush. L’équipe la plus connue, et la seule encore d’actualité est la Team Asobi, avec Nicolas Doucet à sa tête, au travail sur les jeux de la série Astro Bot.
Dans les collaborations les plus notables avec des studios externes, il y a notamment FromSoftware pour Demon’s Souls et Bloodborne, Clap Hanz pour les Everybody’s Golf, NanaOn-Sha pour les Parappa, Pyramid pour les Patapon ou encore Level-5 pour divers jeux.
Ces équipes ont été guidées par la vision de créatifs forts qui ont apposé leur patte sur leurs équipes. Avec la fermeture de Japan Studio en 2021, les créateurs qui y travaillaient se sont retrouvés sans la structure nécessaire pour faire leurs jeux. Néanmoins, cela ne les a pas empêchés de former leurs propres studios. Quant aux studios qui collaboraient avec Japan Studio, la fermeture ne les a pas arrêtés non plus pour sortir des suites spirituelles de leurs classiques. Malgré un hiatus de quelques années, Sony semble se rappeler au fil des années des jeux qui ont fait la gloire de cette équipe.
Des créateurs pas en manque d’idée
Parmi les grands noms de Japan Studio, il y a notamment Fumito Ueda, tête pensante de la Team Ico. Il avait quitté Sony au milieu du développement de The Last Guardian pour fonder genDESIGN, quelques années avant la fermeture. Ce studio, fondé en 2014, n’a pour le moment sorti aucun autre jeu que The Last Guardian, néanmoins l’équipe est au travail sur un nouveau projet encore très mystérieux. Aux dernières nouvelles, Epic financerait le projet depuis 2020. Des annonces étaient prévues pour 2023, mais l’année est désormais révolue. Le jeu sera plutôt présenté en temps voulu.
Un autre grand nom de Japan Studio était Keiichiro Toyama, notamment créateur de Silent Hill chez Konami, des jeux d’horreur Forbidden Siren et des deux excellents Gravity Rush. À l’aube de la fermeture de Japan Studio, il part pour créer en 2020 sa propre organisation Bokeh Game Studio, accompagné des personnes de confiance, avec lesquelles il a travaillé au sein de la team Silent (chez Konami) et la team Siren (chez Japan Studio). Le premier jeu à sortir de ce nouveau studio s’appelle Slitterhead. Ce titre se déroule dans la ville fictive de Kowlong, rappelant Hong-Kong dans les années 80. Le joueur contrôle une entité pouvant changer d’hôte humain et va combattre des créatures envahissant d’autres humains. Le design de ces créatures, appelées slitterhead, ne manque pas de rappeler que le créateur est à l’origine de Siren et Silent Hill.
Slitterhead sortira en novembre 2024 et sera édité par Bokeh Game Studio en collaboration avec XSEED.
Ces deux créateurs font usage de thèmes maîtrisés qui caractérisent leur patte unique pour créer de nouveaux jeux à leur sauce. Cette approche est différente d’autres créateurs qui préfèrent capitaliser sur leurs expériences précédentes et proposer des itérations de leurs jeux créés sous l’égide de Japan Studio.
Les suites spirituelles
Après de longues collaborations dans la création de séries avec Japan Studio, plusieurs développeurs se sont retrouvés orphelins après la fermeture de ce dernier. Heureusement, cela n’a pas arrêté ceux qui ont eu la volonté de continuer leur franchise de cœur, sous un autre nom, les propriétés intellectuelles étant toujours sous le coude de PlayStation.
La série des Everybody’s Golf a été très prolifique et leurs développeurs n’avaient pas l’intention de lâcher les jeux de golf. Le premier Everydoby’s Golf sort en 1997 sur la première PlayStation et est développé par Camelot Software Planning (Mario Golf). Plusieurs membres de l’équipe originale chez Camelot partiront fonder leur propre studio qui se chargera des prochains Everybody’s Golf et se nommera Clap Hanz. Le studio créé par Masashi Muramori, programmeur sur le premier volet, fera l’intégralité des jeux suivants : de Everybody’s Golf 2 à Everybody’s Golf VR en passant par Everybody’s Tennis sans oublier Everybody’s Stress Buster (une compilation de mini-jeux zen sur PSP).
Suite à la fermeture de Japan Studio, l’équipe se mettra au travail sur un autre jeu de golf nommé Easy Come Easy Golf qui reprend une esthétique et un gameplay similaire aux Everybody’s Golf. Il sort d’abord sur les équipements Apple en tant qu’exclusivité Apple Arcade en 2021 et sortira un an plus tard sur Nintendo Switch. À la vue de cette image du jeu, le lien est assez évident entre ce dernier et leur longue série sur consoles PlayStation. Il est d’ailleurs amusant de voir que le jeu n’est pas sorti sur PlayStation.
Le studio Clap Hanz ne s’est pas arrêté là et a proposé en 2024 le jeu Ultimate Swing Golf. Il s’agit à nouveau d’un jeu de golf dans la lignée de leurs créations précédentes à destination des casques de réalité virtuelle de Meta. Tout comme Everybody’s Golf VR sur PS4, le jeu propose même un style graphique plus réaliste qu’à leur habitude. À l’heure actuelle, le jeu est une exclusivité Meta, mais ce dernier étant édité par Clap Hanz eux-mêmes, une sortie sur PSVR2 n’est pas impossible.
La série des Everybody’s Golf s’est exportée en dehors du Japon, mais ce n’est pas le cas de la prochaine franchise ravivée par leurs créateurs. Le Japon a eu la chance d’avoir un certain nombre de titres de la série de jeux la plus estivale qui existe : Boku no Natsuyasumi.
Boku no Natsuyasumi est une franchise de jeux de PlayStation qui n’a jamais dépassé les frontières du Japon malgré un certain succès. La série de 4 jeux (et un spin-off) reprend toujours le même concept où le joueur contrôle un enfant pendant ses vacances d’été. Les jeux permettent de simuler chaque journée de la saison, en général dans la campagne japonaise, partir à la chasse aux papillons, parler à ses voisins, rencontrer d’autres enfants, s’aventurer dans la forêt, etc. En somme, un été assez classique d’un enfant à la campagne.
Le fait que le jeu se déroule au Japon, avec une représentation de sa campagne, a sans doute été la raison de sa non-localisation en dehors de l’archipel. Comme si les étés d’enfants au Japon étaient si différents de ceux du reste du monde occidental. Le 2e épisode a cependant eu le droit récemment à une fan traduction en anglais qui permet enfin de découvrir ce classique. Le spin-off nommé Bokura no Kazoku permet quant à lui de vivre la vie d’un jeune couple qui s’installe à Tokyo et fonde une famille au cours de plusieurs années.
Le studio Millenium Kitchen, à l’origine de cette série, a été créé en 1997 et a développé le premier opus qui est sorti 3 ans plus tard. De 2000 à 2010, ils n’ont eu de cesse de sortir les jeux cités précédemment. Malgré l’arrêt de la série après le 4ème épisode, le studio n’a pas attendu la fermeture de Japan Studio pour sortir des suites spirituelles sans l’appui de Sony. En 2013, la société sort le jeu Attack of the Friday Monsters! A Tokyo Tale, une simulation de vie d’un enfant pendant l’invasion de Kaijus (monstres japonais géants). Ce jeu à destination de l’eShop de la 3DS a eu son petit succès.
En 2020 sort le jeu Shin-chan: Me and the Professor on Summer Vacation. Il s’agit d’une adaptation du manga et animé Crayon Shin-chan. Le jeu permet de contrôler Shin-chan (un jeune garçon) pendant ses vacances d’été. L’affiliation avec Boku no Natsuyasumi est on ne peut plus claire ici. Une suite à ce jeu Shin-chan sous le nom de Shin-chan: Shiro of Coal Town est prévue pour une sortie en Occident en octobre 2024. Ce dernier est pour le moment exclusif à la Nintendo Switch, contrairement à son prédécesseur qui était aussi sorti sur PS4.
Finalement, leur dernier jeu original : Natsu-Mon: 20th Century Summer Kid, est à nouveau une simulation de vie d’enfant pendant un été japonais, le tout enrobé d’une ambiance nostalgique. Natsu-Mon est sorti en août 2024 en Europe (2023 au Japon) exclusivement sur Nintendo Switch.
Le financement participatif au service de la nostalgie
Les jeux vidéo ont peu à peu trouvé leur place dans le monde du financement participatif avec de belles histoires comme celles de Shovel Knight ou Broken Age. Ces financements permettent de développer des jeux typés rétro ou des suites spirituelles à des classiques. Des jeux, tels que Shenmue 3, Bloodstained, Mighty N°9, Yooka-Laylee ou Eiyuden Chronicle montrent que de nombreux joueurs sont friands du retour des certaines licences ou de leurs créateurs.
C’est avec ce constat qu’est venue l’idée à NanaOn-Sha de lancer le Kickstarter de Project Rap Rabbit.
Revenons en 1993 avec la création du studio NanOn-Sha par le musicien Masaya Matsuura. Il s’allie avec Japan Studio et surtout avec l’illustrateur américain Rodney Greenblat pour créer en 1996 le jeu Parappa the Rapper. Ce dernier est souvent considéré comme le premier jeu vidéo moderne de rythme. Le jeu a tellement marqué que le studio fera une suite (Parappa the Rapper 2 et un spin-off : UmJammer Lammy) et d’autres titres liés à la musique comme Vib-Ribbon. Néanmoins, le jeu disparaîtra des consoles après la PS2 malgré quelques ressorties et remasters.
En mai 2017, Matsuura (par l’intermédaire de NanOn-Sha) annonce un projet Kickstarter, dénommé Project Rap Rabbit, qui promet d’être un hommage à la série Parappa The Rapper, mais aussi aux jeux de Keiichi Yano (Elite Beat Agent, Gitaroo Man), qui s’associe au projet. Le financement avait pour objectif la coquette somme d’un million d’euros, soit plus du double de la somme demandée pour Bloodstained, et plus de 3 fois ce que Shovel Knight a reçu. Le projet a reçu moins d’1/5 de cette somme et a, par conséquent, été annulé.
S’il avait abouti, le jeu aurait été dans la veine des productions des anciens titres des créateurs, où le joueur aurait incarné un lapin au XVIe siècle au Japon dans un jeu de rythme. L’idée semblait intéressante, mais l’initiative a sûrement été trop hâtive, car en effet, le projet ne montrait rien de concret à part une courte vidéo d’intention.
Même si ce financement n’a pas abouti, d’autres jeux ont eu un destin plus positif. C’est le cas de la renaissance de la saga Wild Arms.
Wild Arms est une série de J-RPG qui a débuté sur PS1 en 1996 avec une collaboration entre Japan Studio et Media.Vision. Cette saga a connu une production fructueuse avec pas moins de sept jeux différents sur PS1, PS2 et PSP. La série se caractérise par une ambiance de western américain, chose peu courante pour un J-RPG. Malgré une popularité assez faible en Occident après le premier opus, la série a eu suffisamment de succès au Japon pour avoir le droit à une série animée dédiée nommée Wild Arms: Twilight Venom ainsi qu’un jeu mobile en 2018 qui reprend l’ensemble des personnages de la saga. Ce dernier jeu a d’ailleurs été développé par ForwardWorks Corporation, une société appartenant à Sony Music Group et qui a aussi développé un jeu mobile Everybody’s Golf encore en activité au Japon et qui souffle ses 7 ans de vie en 2024.
Derrière chaque Wilds Arms se trouve le visage de Akifumi Kaneko, toujours à des rôles stratégiques sur l’ensemble de la série ; il a été tantôt lead designer, lead game designer puis réalisateur des jeux Wild Arms. C’est ce dernier, et avec son équipe, qui a lancé en août 2022 le Kickstarter pour le jeu Armed Fantasia. Il s’agit d’une nouvelle itération de la série Wild Arms, sans le nom, mais les ambitions et le style graphique ne laissent aucun doute. Le créateur ne s’en cache pas non plus dans la description du projet participatif.
La collecte de fonds du jeu est assez unique, car, en plus de financer Armed Fantasia, ce Kickstarter a aussi financé le projet Penny Blood. Bien que ce soit un jeu très différent, les deux titres sont liés par un thème commun : le J-RPG.
Il s’agit sans doute d’une initiative entre les deux studios à l’origine des jeux pour limiter la casse en cas d’échec total ou partiel du financement. Il n’en fut rien, car le projet a récolté plus de 379 millions de yens, soit presque quatre fois la somme demandée pour valider le projet. À l’heure actuelle, le jeu est prévu pour une sortie en mars 2025, même si les informations se font rares en dehors des canaux privés du Kickstarter.
Le dernier Kickstarter en lien avec des anciens de Japan Studio est celui du jeu Ratatan, lancé en juillet 2023.
Suite à la fermeture de Japan Studio, de nombreux membres des équipes se sont regroupés en 2019 pour fonder Tokyo Virtual Theory. Le studio s’est présenté en 2022 au monde avec ses ambitions et ses projets en cours. Les développeurs de TVT ont annoncé qu’ils travaillaient sur un moteur de jeu nommé Theory Engine pour supporter leurs jeux, et même éventuellement le vendre à d’autres sociétés. En parallèle, deux jeux profiteront de ce moteur dont un successeur à Freedom Wars (jeu Japan Studio pour PSVita) avec le nom de Project Shaz. Le second jeu en préparation en question est Project JabberWocky, annoncé comme une suite spirituelle à la série de jeux Patapon.
Patapon est une série de jeux sur PSP dans laquelle le joueur contrôle une petite armée qui avance et se bat au rythme des tambours. Ce jeu si original pour son gameplay qui mélange stratégie et jeu de rythme, a aussi marqué les esprits pour son style graphique créé par l’artiste français Rolito.
Depuis cette première annonce de Project JabberWocky, le jeu est apparu sur Kickstarter sous son nom définitif de Ratatan. Le projet a connu un certain succès avec 219 millions de yens sur les 20 millions demandés. Ratatan est prévu pour une sortie en avril 2025, mais tout comme Armed Fantasia, il se fait discret malgré quelques aperçus du jeu pour les contributeurs du projet.
Il est d’ailleurs intéressant de voir que Ratatan et Armed Fantasia seront tous les deux distribués en version physique par l’éditeur français Red Art Games.
Patapon a connu une absence médiatique après le dernier volet de Patapon en 2011. Mais quelques mois après l’annonce de ce Kickstarter, Sony Pictures s’est aussi rappelé de sa licence et a montré un projet cinématographique sur d’anciennes licences, dont Patapon.
L’héritage n’est pas oublié
Lors du CES 2024, Sony Pictures a présenté une nouvelle technologie de repérage dans l’espace en 3D à destination des réalisateurs, facilitant notamment la préproduction des films. Cette suite d’outils, nommée Torchlight, permet de simuler les mouvements de caméra à l’intérieur d’un décor virtuel et d’y intégrer des éléments réels ou de la motion capture. Dès lors, Sony a publié diverses vidéos pour démontrer les capacités de sa technologie.
Au-delà des témoignages de créateurs, ces vidéos incluent des démos d’utilisation de cet outil. Dans ces dernières reviennent souvent une jungle tropicale ou une voiture en mouvement. Cependant deux autres démos ont eu un coup de projecteur supplémentaire car elles sont liées à des licences PlayStation: Torchlight est utilisé pour la création d’un projet cinématographique Gravity Rush ainsi que Patapon.
Un film Gravity Rush est en discussion depuis quelque temps, néanmoins il n’y a toujours aucune confirmation de l’existence formelle de ce film en dehors de ce test de la technologie Torchlight. Dans ces tests, on y voit une actrice accrochée et en tenue de motion capture, qui reproduit des scènes de chute avant d’être visible en temps réel dans un décor virtuel. Les images et les commentaires ne laissent pas place à l’hésitation sur le fait que la licence Gravity Rush est utilisée en 2024 par Sony même si celle-ci n’est jamais réellement mentionnée.
« Nous travaillons actuellement sur l’adaptation d’une propriété intellectuelle populaire de PlayStation »
https://youtu.be/FvH4G9ABWsw
Gravity Rush est un jeu de la Team Siren qui a eu un certain succès d’estime, mais qui ne s’est pas transformé en ventes, donc un retour de la franchise, au cinéma, est une surprise. Mais la surprise n’est pas aussi grande que l’autre adaptation aperçue via les démos de Torchlight, celle de Patapon.
Patapon est aussi utilisé dans une démo de Torchlight pour mettre en avant les capacités de leurs outils, notamment pour transformer de la 2D en 3D.
Il n’y aucune assurance que ces démos ne soient plus que des tests pour démontrer les capacités des outils de Sony Pictures, néanmoins le choix de ces anciennes licences de Japan Studio est assez surprenant mais rassurant dans l’idée que Sony n’a pas oublié certaines de ses franchises du passé.
L’exploitation des archives
Une autre manière de rendre hommage à un ancien catalogue de jeux est de les ressortir. La première manière pour ce faire, la plus simple, est d’utiliser l’émulation pour les ajouter au catalogue des nouvelles machines. La ressortie en émulation la plus récente de Japan Studio sur PS4/PS5 est le T-RPG Jeanne d’Arc, sorti originellement sur PSP au Japon et aux USA. Cette sortie permet au titre développé par Japan Studio et Level-5 d’arriver enfin en Europe. Mais ce n’est ni le premier ni le dernier d’une longue liste qui s’agrandit chaque mois.
L’autre manière de rappeler le passé, et la plus onéreuse des manières, est de sortir ces classiques sous forme de remakes. Le studio Bluepoint s’est spécialisé ces dernières années à refaire des classiques du catalogue de Japan Studio avec Shadow of the Colossus (Team ICO) sur PS4 et Demon’s Souls (FromSoftware + Japan Studio) sur PS5. Reste maintenant à savoir si leur prochain jeu continuera sur cette lancée ou si un autre studio prendra la relève.
Un autre remake d’un classique de Japan Studio est sorti en 2023 sous la forme de Fantavision 202X (dossier complet sur la saga à retrouver sur le lien). Il s’agit d’un remake du jeu Fantavision, premier jeu Japan Studio sur PS2. Ce remake est développé par Cosmo Machia avec Katsuyuki Kanetaka à la tête du projet, ce dernier étant déjà réalisateur du jeu original. Le studio a réussi à récupérer la licence originale auprès de PlayStation et le jeu a été édité par Cosmo Machia eux-mêmes, sur PS5, PSVR2, PC et PCVR.
Le dernier pilier : Asobi
La dernière équipe créée au sein de Japan Studio a été initiée en 2012 avec l’arrivée de Nicolas Doucet parmi les équipes japonaises de PlayStation. Sous son impulsion sera créée l’Asobi Team, qui sera à l’origine de plusieurs compilations de mini-jeux amenant la création d’Astro, une mascotte robot, unifiant toutes leurs productions.
Les débuts seront modestes, l’équipe dénombrant 4-5 employés fixes et ayant pour but original d’être un intermédiaire entre les teams concevant la PS4 et celle créant les jeux. Leur travail était de réaliser des démos utilisant les nouvelles fonctionnalités de la PS4, notamment la barre lumineuse de la DualShock 4 et la PlayStation Caméra. De fil en aiguille, il a été demandé à la Team Asobi de transformer leurs démos en une compilation de mini-jeux qui sera inclue au lancement de la PS4.
Ce leitmotiv sera réemployé pour leur compilation de mini-jeux suivante, The Playroom VR. C’est d’ailleurs dans ce dernier que le personnage de Captain Astro sera créé. Il s’agit d’un « bot » un peu particulier, reconnaissable par sa cape et ses contours bleus. Ce dernier est la star des productions suivantes du studios, qui passeront dès lors de compilations de mini-jeux à jeux de plate-forme. Les aventure d’Astro sont tout d’abord en VR avec Astro Bot Rescue Mission puis comme démo technique de la PS5 avec Astro’s Playroom. Enfin, Astro sera le héros qui vient sauver toutes les légendes de l’histoire de PlayStation dans le prochain jeu Astro Bot sur PS5.
En parallèle de leurs sorties de jeux, le reste de Japan Studio n’a pas eu le plus reluisant des destins. D’autres jeux très attendus comme Gravity Rush 2 ou The Last Guardian n’atteignent pas les chiffres de ventes espérés. Une première réorganisation aura lieu en 2020 lorsque Nicolat Doucet sera propulsé en tant que président de Japan Studio. Finalement, le couperet est tombé en 2021, Sony annonçant la fermeture de Japan Studio à l’exception de l’Asobi Team qui est devenue Team Asobi, et fut intégrée au reste des PlayStation Studios.
Japan Studio a été très important pour la vie de la PlayStation. Présent dès la création de la première console, il a permis à d’innombrables jeux japonais de sortir sur consoles pendant presque 30 ans. Depuis la fermeture du studio, les créateurs internes et externes tentent de préserver son héritage.
Le temps de développement des jeux faisant, nous sommes actuellement en plein dans la première vague de jeux de ces développeurs ayant dû quitter le navire. Certain optent pour des suites spirituelles comme Millenium Kitchen ou Clap Hanz, tandis que d’autres profitent de leur expertise pour sortir des nouveaux jeux originaux comme Slitterhead.
Pendant ce temps, Sony se permet aussi d’utiliser son catalogue de pépites japonaises via des remakes et ressorties. L’exploitation de ce catalogue de licences semble aussi avoir un futur dans les PlayStation Productions au cinéma ou en série.
Néanmoins, l’hommage le plus probant à ce catalogue japonais arrive très prochainement via le dernier reliquat de Japan Studio. La Team Asobi sortira ce 6 septembre 2024 Astro Bot sur PS5, avec un nombre encore incalculable de références à bon nombre de licences de PlayStation. Dès le premier trailer, il était possible de voir des « bots » déguisés en personnages de Japan Studio (mais pas que) comme Wander de Shadow of the Colossus, Spike et Pipo d’Ape Escape ou encore Parappa du jeu éponyme.
Astro Bot promet un hommage hors norme à l’ensemble des licences qui ont marqué les 30 ans de la première PlayStation.