Annoncé comme « le plus grand concert de musiques de jeux vidéo », PlayStation The Concert est arrivé en France il y a quelques jours à l’Accor Arena de Paris pour un événement musical inédit. Première dans le genre pour Sony, ce concert a-t-il tenu ses promesses et ravi le fan de PlayStation que je suis ?
NB : Cet édito a été rédigé par Marc et reflète son avis personnel.
Avant d’aller droit au but en parlant du concert, je veux revenir sur mon expérience de joueur PlayStation et comment elle a influencé mon avis sur « The Concert ». Je suis un grand fan des jeux PlayStation, je parle bien spécifiquement des jeux édités et (souvent) développés par Sony, je ne me suis pas retrouvé à écrire sur PlayStation Inside (ou PSI) pour rien. J’ai toujours été admirateur de la capacité de Sony à se renouveler sur les expériences proposées dès les débuts sur PS1 jusqu’à la PS4. Il suffit aussi de lire mes différents écrits sur PSI pour remarquer mes lubies, en particulier pour Japan Studio, défunt groupement d’équipes de PlayStation qui représentaient parfaitement cette époque d’expérimentation et de diversité de Sony. Néanmoins, j’aime aussi énormément les expériences narratives solo donc le shift total, plus récent, de Sony vers ce genre là me parle aussi quand bien même je regrette l’époque où les deux pouvaient co-exister.
Ma deuxième grande lubie, aussi présente via un dossier sur le site, va pour la musique de jeux vidéo. Je suis un grand collectionneur de bandes originales, en particulier en vinyle et je ne boude pas mon plaisir à chaque sortie d’un vinyle de jeux vidéo de PlayStation. Avec tous ces éléments, vous pouvez sûrement vous dire qu’un concert dédié aux musiques de PlayStation, en plus pour célébrer les 30 ans de la marque, avait sur le papier toutes les raisons de me plaire … À condition que la programmation corresponde au cahier des charges de véritablement célébrer 30 ans d’histoire(s).
Une programmation musicale tout sauf exhaustive
Tout d’abord concernant les musiques présentées et jouées, reprenons ce slogan « Une célébration de la musique des plus grands jeux vidéo » et mettons les choses au clair : il est légèrement mensonger, car le concert n’aborde évidemment que des musiques de jeux de PlayStation et non pas l’ensemble des jeux vidéo, donc ne vous attendez pas à y voir du GTA, Undertale ou Persona. C’était sans doute évident pour certains, ça l’était pour moi, mais je préférais le mentionner histoire de partir de la même base pour tous et ne pas se fier à ce simple slogan.
Le concert démarre avec un medley qui rend hommage à bon nombre de jeux de PlayStation, en particulier de l’ère PS4 & PS5 (même Marathon apparait à l’écran). S’en suit une présentation de ce qu’on va voir, on nous dit que le concert célèbre les 30 ans de PlayStation et sera une expérience unique pour les fans. Débute alors véritablement le concert par des « moments musicaux », chaque moment est plus ou moins long et dédié à un jeu. Voilà la liste de ces moments et le temps approximatif qu’ils ont duré :
- Horizon – 20 minutes
- Bloodborne – 5 minutes
- Ghost of Tsushima – 20 minutes
- Helldivers 2 – 5 minutes
- Uncharted – 5 minutes
- The Last of Us – 25 minutes
- Journey – 5 minutes
- God of War – 20 minutes
- Astro Bot – 5 minutes
- Marvel’s Spider -Man – 3 minutes
Je me permets aussi de lister l’ensemble des jeux car la seule date en France est déjà passée donc peu de chance de vous gâcher la surprise de la programmation.
Peut-être que la première chose que vous verrez dans cette liste de jeux présentés est le manque flagrant de diversité d’époque, tous les jeux (à l’exception de Journey et éventuellement Uncharted) datent de ces dernières années et plus particulièrement des générations PS4-PS5. Même un jeu comme God of War, qui a connu des itérations et sa genèse sur PS2, n’a été mis en avant que via les thèmes musicaux des jeux PS4 et PS5. On peut donc repasser sur le côté « hommage aux 30 ans de PlayStation ».
Le concert dure environ 2h avec des moments musicaux allant de 25 minutes pour les plus gros et moins de 5 minutes pour les plus courts. La liste ci-dessus est l’ordre de diffusion des moments dans le concert et par conséquent il débute par 20 minutes de différents medleys sur les jeux Horizon. Je n’ai pas spécialement de griefs contre Horizon mais les thèmes musicaux du jeu ne sont clairement pas emblématiques, à l’exception du thème d’Aloy, mais il n’y avait pas de quoi entretenir efficacement 20 minutes de temps. L’entrée en matière est donc un peu rude, difficile de ne pas se dire que le marketing a sans doute eu son mot à dire dans la programmation et dans le choix des musiques. Uncharted et Bloodborne n’ont pas d’actualité donc aucune raison de leur dédier plus que 5 minutes, pourquoi faire plaisir aux fans après tout ?
C’est néanmoins durant ce moment dédié à Horizon que l’on découvre le duo de voix incroyable qui sera présent presque tout le long et n’aura de cesse d’enchanter et magnifier les chansons. C’est aussi dès ce premier acte sur Horizon que j’ai découvert l’originalité et le gros défaut de ce concert qui seront les éléments principaux des deux prochaines sections de cet édito.
Un spectacle flamboyant
La principale originalité de ce concert est dans sa mise en scène. Contrairement à beaucoup de concerts symphoniques de jeux vidéo ou de films, il n’y a pas qu’un écran en fond qui diffuse des images liées à la musique. En plus de cet écran, un jeu de projection lumineuse est aussi ajouté et participe énormément à l’immersion. Cinq bandes semi-transparentes descendent et remontent de la scène selon les medleys. Sur celles-ci, sont projetées des images différentes de l’écran qui viennent le compléter, voire parfois ajouter une sensation de 3D à l’ensemble.
Je peux notamment donner l’exemple de Ghost of Tshushima, où durant le thème des Huns, ces bandes ont commencé à descendre au fur et à mesure avec l’emblème des Huns projeté dessus, telles des banderoles. Au fil de la musique et au fil de sa transition vers le thème de Jin, ces banderoles commencent à brûler et participent énormément à la compréhension de la scène jusqu’à créer un narratif sur l’enchaînement des chansons.
L’écran, les projections, les lumières et l’orchestre se répondent parfaitement et c’est clairement là que le concert propose une expérience inédite et qui ne peut être vécue ailleurs.
Néanmoins, car il y a forcément un « mais », cette mise en scène a sûrement demandé énormément de travail et sans doute même la participation des équipes de développement pour créer certaines scènes. Pour les moments musicaux longs de 20 minutes, le spectacle était grandiose. Mais malheureusement pour les jeux un peu moins récents ou moins mis en avant, ces projections sont quasi inexistantes et le seul spectacle qui nous est donné est un simple fond animé sur l’écran avec quelques mouvements pour faire à peine illusion. L’exemple d’Uncharted est assez flagrant car, en plus de ne durer que 5 minutes, le moment lui étant dédié est illustré par l’image ci-dessous de montagne d’Uncharted 4 avec Drake qui apparaît au fur et à mesure sans bouger, via une simple image fixe de lui. C’était assez décevant sachant l’ensemble des musiques cultes de la série et l’impact que la saga a eu chez PlayStation et l’industrie. Encore une fois, il est difficile d’accepter que l’investissement ait été mis sur les licences les plus « bankables » et que les autres soient là mais sans trop d’effort, créant un véritable manque d’homogénéité.
Un manque de moyens au global
Tout d’abord n’ayant pas de chiffres exacts, je vais surtout étayer mes propos en me basant sur mes observations et des faits qui se sont déroulés quelque temps avant le début de la tournée européenne du concert.
Quelques semaines avant les premières dates à Dublin, certains messages ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux de gens ayant eu leur billet annulé. En réalité un grand nombre de dates, surtout celles de mai 2025, ont été tout bonnement supprimées. Dans la liste on retrouve notamment la deuxième date en France à Amnéville mais aussi toutes les dates en Italie, Allemagne, Suède, Norvège, etc. Quelques nouvelles dates en 2026 ont été planifiées pour l’Allemagne, mais rien n’assure qu’elles seront assurées. Il est bien possible que les ambitions de Sony sur ce concert n’aient pas été atteintes et par conséquent les dates ont été annulées pour limiter la casse.
Le concert à Paris auquel j’ai assisté ne s’est sans doute pas non plus déroulé sans peine, la moitié de l’Accor Arena de Bercy n’était pas disponible à la réservation et même sur cette deuxième moitié, un certain nombre de place étaient vides. J’ai même eu la chance de prendre ma place tardivement car les billets étaient à -50 % dans l’espoir de remplir les énormes vides dans les estrades. Cette réduction faisait passer le billet de catégorie 3 à 31 € au lieu du double.
L’avantage était que les places les plus proches de l’orchestre étaient disponibles mais c’est aussi là qu’on observe le deuxième manque de moyens de cette production : l’orchestre. Ayant fait pas mal de concerts symphoniques comme ceux de Zelda, de Joe Hisaishi ou de divers films, j’ai été étonné de la quantité d’instruments sur scène. D’habitude, ces concerts ont des orchestres plus amples. Loin de moi l’idée de critiquer l’orchestre actuel qui a parfaitement interprété les différents thèmes mais plus d’instruments avec un plus un grand orchestre auraient pu magnifier encore plus ces morceaux cultes. Malgré tout, certains instruments rares étaient bien joués sur scène, notamment pour Ghost of Tsushima ; ou alors une prestation très country qui a été formidablement bien réussie pour The Last of Us 2. J’ai malgré tout été déçu sur les cœurs des thèmes de God of War qui étaient essentiellement des enregistrements et qui, avec un orchestre plus grand, auraient pu être joués en direct.
Je conclus cette section par deux autres déceptions liées à l’organisation. Une borne photo Astro Bot était présente dans les couloirs de l’Accor Arena mais celle-ci fonctionnait en mode dégradé avant même que le concert commence et était complètement hors service à la sortie. Un peu dommage d’avoir apporté un tel dispositif mais sans la maintenance qui va avec. Finalement, mon dernier grief concerne la boutique de goodies, qui en plus de proposer des goodies plus ou moins de bonne factures à prix exorbitants (habituel pour un concert), avait des ruptures de stock sur certains produits exclusifs, notamment le t-shirt Astro Bot pour adulte et son pin’s associé. La date à Paris n’est qu’à la moitié de la tournée et je trouve que manquer de stock, surtout à ce stade de la tournée, est assez irrespectueux mais montre le succès inattendu d’Astro Bot (s’il fallait encore le prouver).
Cette première itération de PlayStation The Concert est donc, à mon sens, assez mitigée. L’expérience est vraiment intéressante, notamment les projections lumineuses qui participent énormément au plaisir et ont demandé un gros travail. Ces élans d’ambitions techniques d’un côté sont malheureusement contrastés par pas mal d’économies de moyens de l’autre. J’imagine que cette tournée européenne est aussi un test avant l’arrivé de celle-ci aux Etats-Unis. Mais il ne faut pas oublier l’aspect musical dans tout ça et qu’un orchestre aussi bon soit-il est encore meilleur avec des sections de chaque famille encore plus nombreuses, surtout dans une grande salle de concert comme celle-ci.
De plus, j’aurais aimé que ce concert ne soit pas entaché par des tentatives évidentes du marketing d’interférer dans les choix de titres à proposer. PlayStation ne se résume pas aux dernières générations et passer moins de temps sur Horizon, The Last of Us, Ghost of Tsushima ou God of War aurait sans doute permis à d’autres titres de briller davantage ou même tout simplement d’apparaître.
Certaines licences ont eu la chance de faire un beau retour dernièrement dans Astro Bot et il aurait été intéressant d’en faire référence dans ce concert, même si le but est de toucher le nouveau public de PlayStation et non pas uniquement les vieux briscards adeptes de retro-gaming. Le prochain événement du genre pour PlayStation sera l’année prochaine avec le Death Stranding Strands of Harmony World Tour qui arrivera en France à la Salle Pleyel cette fois-ci et je lui souhaite le meilleur.
Si vous n’avez pas pu assister au concert, sachez qu’une playlist officielle des musiques est disponible sur Spotify et qu’un making of vidéo est disponible ici.
