Exceptionnellement, nous nous permettrons dans ce papier d’écrire à la première personne, car cette critique est au fond très personnelle. Bonjour à toutes et à tous et merci de nous lire sur PlayStation Inside. C’est Yacine à la plume, rédacteur en chef et co-fondateur. Bienvenue dans ce 4ème épisode du carnet de bord de Final Fantasy VII Rebirth, qui a été préféré à une critique classique pour les raisons détaillées ici. Bonne lecture, et bien évidemment attention spoilers !
Les deux premiers épisodes :Enfin, Final Fantasy VII Rebirth se lance
4 chapitres. C’est le temps qu’il aura fallu attendre pour que Final Fantasy VII Rebirth se mette enfin en ordre de marche. Les enjeux étant désormais posés, j’ai directement senti que le titre se permettait d’élargir son échelle et de se laisser aller à la grandiloquence que l’on connaît à la saga Final Fantasy depuis 35 ans. À Junon, le grand canon symbolise l’immense pouvoir de la Shinra, qui entre elle aussi en jeu après trois chapitres où elle n’était qu’évoquée.
Mais avant d’en arriver à ces grandeurs, Rebirth nous rappelle toujours l’équilibre de la planète. Dans le monde imaginé par la Shinra, les riches sont en haut, et les pauvres en bas, littéralement. À l’image de Midgar, les citoyens oubliés de Junon vivent sous une sorte d’immense toit qui les empêche de profiter de la lumière du soleil, si ce n’est le peu qu’ils en reçoivent de la mer en contrebas. On peut néanmoins accorder à ces villageois un meilleur savoir vivre que ceux de Midgar. L’ambiance à Sous-Junon est plus familiale, plus vivante même, et l’on sent que ses citoyens n’ont pas vécu les mêmes choses que ceux de la Grande Ville, qui eux subsistent dans de véritables bidonvilles.
Cette visite effectuée, quelle ne fut ma surprise lorsque deux personnages parmi mes préférés de Remake sont réapparus. Commençons d’abord par Yuffie, dont le DLC qui lui était dédié dans Remake m’avait plu quasiment plus que l’aventure principale, tant l’action était ramassée, équilibrée et nerveuse. Après un combat de boss somme toute oubliable (pour une fois), la présence de Yuffie s’explique. Toujours fidèle au Wutai et à sa guerre contre Midgar (nous y reviendrons…), Yuffie a accepté le contrat d’une vie : assassiner Rufus, le nouveau président de la Shinra et fils de feu l’ancien Président. À la vue de cette cinématique et en connaissant les enjeux pour la troupe de Cloud, j’ai directement apprécié l’effort scénaristique visant à multiplier les arcs narratifs pour faire monter le chapitre en pression.
Un suspense savamment orchestré
À Junon en effet, trois arcs narratifs viennent se télescoper et faire du chapitre 4, selon moi, le vrai début de l’aventure. En premier lieu, nous avons Cloud et ses amis, toujours à la recherche des manteaux noirs, et qui montent un plan aussi dangereux que rocambolesque pour s’adresser à Rufus, avec l’espoir d’en savoir plus sur Sephiroth. La quête de Yuffie vient s’ajouter à cela en donnant une dimension d’urgence. En effet, il faut réussir à parler à Rufus avant que la tentative d’assassinat du Wutai n’ait lieu, tout en ne sachant pas si la volonté de Cloud et surtout de Barret est de l’empêcher ou non. En troisième lieu enfin, l’arc de Rochey est là pour nous rappeler au bon souvenir de l’un des meilleurs combats de boss de Remake, comme pour montrer, même dans la plus urgente des missions, qu’une bonne séquence de pur gameplay sans réelle utilité narrative a toujours sa place dans Final Fantasy.
Petit à petit donc, à l’image du cinéma de Christopher Nolan (toutes proportions gardées évidemment), les arcs de Cloud, Yuffie et Rochey se rapprochent avant un accrochage inévitable. Et au cœur de tout cela, les tractations politiques au plus haut niveau se poursuivent à l’insu des protagonistes. Je suis par exemple tombé des nues en apprenant qu’au fond, l’opposition entre la Shinra et le Wutai est en fait agréée entre les deux entités et orchestrée de manière à tromper les populations tout en se permettant à chacun de renforcer toujours plus son autorité. Car en effet, quoi de mieux qu’une guerre pour rendre un État autoritaire et souder une population derrière des lois qui autrement seraient considérées liberticides ?
Nous en sommes donc là. La Shinra et le Wutai sont en réalité engagés dans une sombre alliance d’intérêts, sans que l’un ou l’autre ne dévoile complètement ses ambitions. On le voit par exemple lorsque Rufus décide d’utiliser son arme la plus puissante pour imposer sa nouvelle ère et montrer au Wutai que l’alliance bancale de son père ne serait plus la sienne.
Tout est donc fait pour qu’à la fin du chapitre, au moment où les personnages sont tous rassemblés au même endroit, les choses se gâtent. On y arrive à la fin de la parade militaire donnée en l’occasion de l’intronisation de Rufus comme nouveau Président. Appelant Cloud, Tifa et Aerith pour leur donner un soi-disant prix après les avoir consciemment laissé se balader en toute sécurité à Junon, Rufus leur propose un deal douteux : arrêter toute activité d’Avalanche et toute prétention anti-Shinra, que ce soit contre la société ou pour des raisons liées au mako, en échange d’une totale liberté de mouvement dans la poursuite de Sephiroth, auquel la Shinra fait mine de ne plus s’intéresser. Mais alors que Cloud accepte, Yuffie rate de peu sa tentative d’assassinat et le deal tombe à l’eau, Rufus étant convaincu qu’Avalanche est derrière tout cela. Cette fausse croyance met Cloud dans l’embarras et compliquera certainement la suite de sa quête, alors que le Wutai et son étrange émissaire s’en sortent à moindres frais.
Et au milieu de tout cela, une seule personne semble se réjouir du chaos. Il s’agit bien évidemment de Rochey, qui y voit l’occasion de défier à nouveau Cloud dans un combat de boss qui s’avèrera certes un poil moins savoureux que celui de Remake, mais dans le haut du panier malgré tout.
Alea jacta est
Nous sommes désormais à la croisée des chemins, et les dés sont jetés. Cloud et sa compagnie continuent leur poursuite des manteaux noirs et de Sephiroth en se dirigeant vers la Costa del Sol. De son côté, la Shinra entre enfin et totalement en jeu, et Rufus joue sur tous les tableaux en brisant l’alliance avec le Wutai, en lançant une nouvelle ère pour Midgar et en faisant croire à Cloud que Sephiroth ne l’intéresse pas, alors que ses troupes sont aussi à la recherche des manteaux noirs dans le plus grand secret. La grande inconnue reste le rôle du Wutai, entre un émissaire dont je sens qu’il n’a pas dit son dernier mot, et une Yuffie qui réapparaîtra certainement plus tard dans l’aventure.
En attendant, que nous reste-t-il ? Un ensemble de personnages tous embarqués peu ou prou dans le même bateau, pour une croisière qui s’annonce sanglante et qu’Agatha Christie n’aurait certainement pas reniée. Mais même si l’avenir s’annonce des plus sombres, la vie doit continuer… Et c’est bien ce que Tifa et Aerith comprennent en se cachant comme des adolescentes pour parler de garçons, même si Tifa n’a pas le temps d’aborder sa conversation avec Cloud dans l’auberge de Sous-Junon, durant laquelle elle lui a une fois de plus donné la chance de lui exprimer son affection, sans qu’il ne réussisse à être chose que maladroit, comme d’habitude. C’en est à se demander si Cloud vivra un jour l’amour, avec Tifa ou Aerith…
Direction désormais la Costa del Sol… Ce sera le thème du 5ème carnet de bord de Final Fantasy VII Rebirth, à venir très bientôt !