Ces dernières heures, le procès entre Epic Games et Apple sur la question, entre autres, des commissions pour les transactions sur l’Apple Store, révèle plusieurs informations sur le reste de l’industrie. Nous apprenions par exemple hier que Microsoft a baissé ses commissions à 12% sur le Windows Store (PC). Désormais, des documents révèlent que Sony, qui n’a jamais réellement apprécié l’idée du crossplay, aurait finalement accepté de l’autoriser à une condition : que les éditeurs payent.
L’information que nous vous rapportons a été révélée par le journaliste Tom Warren, du journal The Verge. Il y explique, selon les documents (qui étaient normalement confidentiels) qu’il a pu consulter sur le procès, que Sony a bloqué le crossplay sur PlayStation durant des années, pour raisons financières. En effet, souvenez-vous : le crossplay pour Rocket League et Minecraft était disponible sur Xbox et Nintendo Switch, mais pas sur PlayStation. La question a réellement fait l’actualité avec le refus de Sony d’autoriser le crossplay sur Fortnite en 2018, avant que la firme ne le mette finalement en place vu la forte contestation des joueurs et de la presse.
Mais cette mise en place du crossplay du Sony ne s’est pas faite sans compensation. Dans ses négociations avec l’entreprise japonaise pour permettre le crossplay pour Fortnite, Epic Games a notamment proposé en 2018 d’annoncer le crossplay en même temps que Sony, en leur donnant la latitude complète sur la manière d’annoncer la nouvelle pour les faire passer « pour les héros », selon les documents révélés par Tom Warren. Epic Games proposait aussi de mettre sa présence à l’E3 2018 sous la bannière de PlayStation, de pourquoi pas développer un jeu pour la sortie du PSVR2, de lancer un deal commercial avec le PlayStation Plus pour des skins et des personnages spéciaux, et enfin de prolonger la licence de l’Unreal Engine 4 pour Sony.
Comme vous pouvez donc le constater, le lobbying d’Epic Games pour mettre en place le crossplay Fortnite sur PlayStation a été intense, mais n’a pas porté ses fruits dès le départ, car Sony n’y voyait pas de développement important pour la marque PlayStation. C’est véritablement en mai 2019 que tout s’est accéléré, Sony ayant une idée qu’Epic Games a fini par accepter : faire payer des commissions aux éditeurs souhaitant que leurs jeux bénéficient du crossplay sur PlayStation. Nous vous expliquons le processus ci-dessous.
Précisions d’abord que Sony engrange des revenus en permettant aux éditeurs d’utiliser ses serveurs PlayStation Network pour leurs jeux en ligne. C’est le cas pour Microsoft sur le Xbox Live, et pour le reste des constructeurs. Partant de ce postulat, Sony proposait l’idée suivante, toujours selon The Verge : si les revenus que Sony percevait grâce à l’utilisation par un éditeur des serveurs du PSN étaient égaux ou inférieurs à 85% des revenus totaux gagnés par l’éditeur grâce au crossplay sur toutes les plateformes, une commission devait être payée à Sony. La volonté de Sony, par cette proposition, était ainsi de compenser le « manque à gagner » de sa division SIE à partir du moment où les revenus générés par le PSN étaient insuffisants selon son échelle (égale ou inférieure à 85%) par rapport à l’argent généré par l’éditeur avec le crossplay. Si les revenus dégagés pour le crossplay grâce au PSN étaient supérieurs à 85% des revenus totaux de l’éditeur, Sony se contentait des royalties qui lui revenaient de droit et ne demandait pas d’argent en plus.
En témoignage dans le procès contre Apple, Tim Sweeney, le PDG d’Epic Games, a confirmé que Sony était la seule entreprise à faire payer des éditeurs pour leur permettre le crossplay, et qu’Epic Games avait accepté de payer les commissions expliquées dans le paragraphe ci-dessus.
Voici donc où en est la situation aujourd’hui. Par sa position forte sur le marché des consoles, Sony se permet de faire payer des commissions aux éditeurs souhaitant mettre en place du crossplay avec PlayStation, sans que personne n’y trouve apparemment rien à redire. Pensez-vous que cette politique peut durer, et êtes-vous d’accord avec cette position ? Dites-le nous sur Twitter et en commentaires.
Commentaires 2