Après de longues années d’attente et des annonces mouvementées autour du casting, la série The Last of Us arrive enfin sur nos petits écrans. Les différentes adaptations de jeux vidéo ont pour habitude d’être d’une qualité moyenne, et c’est toujours avec un sentiment d’excitation et d’angoisse que nous attendons ces films et séries. Cependant, Netflix nous a montré qu’il était possible d’innover et de réinvestir un scénario et un lore déjà existant. C’est notamment le cas avec Arcane, dont l’histoire se déroule dans l’univers de League of Legends, ou encore Cyberpunk : Edgerunners, tiré de la dernière production de CD Projekt Red. De ce fait, est-ce que la série The Last of Us mérite d’être considérée comme une adaptation réussie ? C’est ce que nous allons voir dès maintenant.
Critique sans spoilers
De prime abord, nous pourrions nous dire que cette série ne réserve aucune surprise au niveau de son scénario. En effet, la série est censée adapter à la ligne près l’histoire du premier jeu de la licence de Naughty Dog. Pourtant, dès les premières minutes, Neil Druckmann et Craig Mazin viennent redéfinir le lore de l’univers The Last of Us, pour en faire une histoire encore plus riche et complète que dans le jeu. Le plus surprenant, c’est la réussite totale de ce premier épisode à être fidèle au jeu, tout en s’émancipant de celui-ci. Et nous ne parlons pas ici du simple changement du genre d’un personnage, ou encore d’un dialogue qui diffère du jeu. Nous sommes bel et bien dans la redéfinition, dans la proposition d’un nouveau contexte, d’une nouvelle époque. De ce fait, vous pouvez dire adieu aux années 2010, puisque le début de la pandémie a lieu le 26 septembre 2003, soit 10 ans avant celle du jeu. Et non seulement cette décision est osée, mais elle est aussi justifiée. La scène d’introduction de l’épisode explique que les champignons évoluent avec la chaleur. Et souvenez-vous, en 2003 avait eu lieu la plus grosse canicule jamais enregistrée. Une belle idée pour rendre plus réelle la pandémie du Cordyceps. Nous n’en sommes qu’au premier épisode, mais si toutes les libertés prises au niveau du scénario sont aussi subtiles et ingénieuses, alors nous avons hâte de voir la suite. C’est non seulement une nouvelle manière d’aborder le voyage de Joel et Ellie, mais c’est aussi une nouvelle manière de vivre l’histoire que nous connaissons déjà.
Pour autant, malgré une émancipation palpable du jeu, il est clair que la réalisation a du mal à nous montrer de nouvelles images. Il y a trop souvent des plans copiés-collés du jeu, qui nous rappelle que la série n’est qu’ « une » adaptation et non pas une innovation. Ça passe notamment par certaines scènes mythiques du jeu, comme le moment en voiture avec Sarah, où la caméra est posée exactement au même endroit. Ça passe aussi par des chorégraphies trop empruntées au jeu. Par exemple, lorsque Joël se fait tirer dessus au début de l’épisode, nous avons l’impression de revoir exactement la même cinématique. Cela rend le tout assez paradoxal puisque là où le scénario gagne en innovation, la mise en scène, elle, ne reste qu’une continuité du jeu, sans essayer de se réinventer visuellement. En conséquence, chaque image de la série est très belle, mais elle est accompagnée d’une impression de déjà-vu.
En revanche, là où nous attendions une fidélité, c’était bel et bien au niveau du casting. Et nous avons tout simplement été conquis. Oui, Bella Ramsey est Ellie. Oui, Pedro Pascal est Joel. Toutes les actrices et tous les acteurs ont été choisis avec une précision chirurgicale. Ils sont convaincants, attachants et leurs interprétations sont totalement réussies. Nous pouvons sentir dès le premier épisode la proximité entre chaque personnage. Au même titre qu’un Game of Thrones ou un Breaking Bad, nous avons en face de nous une famille liée par une aventure commune, par le tragique de The Last of Us. Rien que pour ça, nous avons hâte de voir la suite et l’évolution des différents personnages dans le temps.
Qu’est-ce que serait une œuvre cinématographique sans sa musique ? Le brillant Gustavo Santaolalla, compositeur des deux premiers jeux de la licence, revient pour nous en mettre pleins les oreilles. Les douces notes du Roncoco, instrument majoritairement utilisé pour les jeux, vient accompagner les personnages de la série, et vient donner cette ambiance unique à The Last of Us. D’autant plus que les musiques du jeu sont réutilisées pour la série. Que demander de plus ? Le générique d’introduction est aussi réussi. Avec son ambiance sombre, ses images dégoutantes du cordyceps occupant tout l’espace possible. Nous sommes clairement sur l’un des meilleurs opening de série, ce qui est assez logique quand on sait par qui il a été fait : le studio Elastic. Il est notamment à l’origine des génériques de Game of Thrones ou encore Westworld.
The Last of Us est bel et bien une série qualitative, généreuse et convaincante. Elle prend tout ce qu’il y a de meilleur dans les jeux, et offre une nouvelle manière d’aborder l’histoire. Malgré une réalisation qui n’arrive pas à se détacher complètement du matériau de base, nous sommes cependant témoin de l’une des plus grandes séries de l’année. Ce premier épisode nous plonge dans une ambiance avec laquelle nous sommes déjà très familiers, joueuses et joueurs, mais qui invite aussi les nouveaux venus à se plonger dans cet univers sombre, tragique, et qui change toute personne osant s’approcher un peu trop près de The Last of Us. Chez PlayStation Inside, c’est un grand OUI pour cette adaptation signée HBO.
L’avis d’Aurélie, rédactrice en chef chez Naughty Dog Mag :
« Quel plaisir de poser enfin les yeux sur la série The Last of Us. Craig Mazin et Neil Druckmann nous ont concocté une entrée en matière solide. Même si le rythme trébuche parfois entre lenteur et accélérations brusques, c’est sans mal qu’on est happé par la reconstitution de cet univers. Au-delà de quelques variations dans le lore, on retrouve l’essence du jeu. Cela dit, on peut regretter un acharnement à reproduire certains de ses plans à l’identique. Néanmoins, ce premier épisode fait la prouesse d’une authenticité rarement vue en matière d’adaptation, du point de vue des décors et costumes, mais, surtout, de la performance du casting. Aucun doute : Pedro Pascal et Bella Ramsey sont Joel et Ellie. Et on a hâte de les retrouver la semaine prochaine. »
Critique avec spoilers
Pour ce premier épisode, il n’y a pas encore de spoils majeurs. Au bout d’une heure et 20 minutes, nous avons déjà les bases solides de l’histoire, et Joel, Tess et Ellie viennent tout juste de partir vers ce qui semble être le voyage d’une vie. Nous ne ressentons pas encore la tristesse par rapport à la mort de Sarah, la fille de Joel, qui se manifestera sans doute lorsque Joel et Ellie seront plus proches. En revanche, nous pouvons voir un réel traumatisme psychologique qui pousse Joel vers la violence. Et les coups portés au garde à la fin de l’épisode sont choquants et effroyables. En connaissant la suite des événements dans le jeu, nous imaginons déjà un personnage motivé par la haine et par la peur de la perte de l’être cher. Chez PlayStation Inside, nous avons hâte de voir ce Joel plus violent et viscéral.
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