« Standalone ». Voilà un mot qui peut cristalliser bien des confusions. Deux ans après la sortie de Marvel’s Spider-Man sur PlayStation 4, Insomniac Games nous revient avec une « suite » aux allures d’épisode de transition. Annoncé comme le fer de lance de la PS5, Marvel’s Spider-Man : Miles Morales est indéniablement incombé d’une lourde responsabilité. Mais est-il pour autant doté d’un grand pouvoir ?
Miles, la relève assurée ?
Voilà un an que les événements de Marvel’s Spider-Man ont pris fin. Dîtes aurevoir à Peter Parker le temps d’une nouvelle épopée et laissez place à un visage qui ne vous est pas étranger. Le jeune Miles Morales alors âgé de 17 ans, devenu lui aussi Spider-Man, s’est vu attribué une lourde responsabilité : celle de devoir assurer la protection de la ville de New-York. Entraîné et guidé par son ami et mentor Peter depuis les événements succédant la fin du premier opus, ce dernier va donc lui confier pleinement le rôle de Spider-Man le temps de son absence. Après tout, il a bien mérité un peu de repos.
Si le prologue de l’aventure nous permet de voir les deux Spider-Man œuvrer main dans la main pour lutter contre la criminalité, Miles Morales sera livré à lui-même ainsi qu’à ses propres décisions le reste du temps. Et si les déclarations faîtes par le studio avant la sortie du titre au sujet de la maladresse de Miles se manifestent au cours l’introduction à travers son attitude, cela ne sera malheureusement que très peu développé sur la durée. L’histoire laissera rapidement place à un jeune héros apprenant vite de ses erreurs. Un choix certes logique d’un point de vue ludique mais en légère dissonance avec le manque d’expérience du personnage, tant sa progression est fulgurante. « Oui, mais c’est un super héros », me diriez-vous.
Le scénario de ce Miles Morales nous plonge en plein cœur d’un monde que nous connaissons déjà. Et en cela, il créera forcément un sentiment de déjà-vu. Une ville de New-York en monde ouvert en guise de terrain de jeu dans lequel nous pouvons essentiellement constater un changement climatique. En effet, cet épisode prend place dans un cadre enneigé, durant la période de Noel, permettant malgré tout d’insuffler un semblant de renouveau à la direction artistique et de ne pas être importuné par les similitudes forcément partagées avec son prédécesseur.
C’est dans le quartier de Harlem, aux côtés de sa mère Rio Morales, une femme engagée pour son peuple, que Miles emménage. Un quartier qui sera au cœur des péripéties de cette nouvelle histoire tant il verra naître la source des premiers problèmes de ce Spidey fraîchement enrôlé. Notre jeune héros va donc se retrouver mêlé au conflit qui oppose la société Roxxon Energy à la mystérieuse organisation de l’Underground, avec à sa tête Tinkerer, antagoniste masqué de ce standalone. Une histoire à la structure narrative parfois fortement inspirée par l’opus de 2018 mais qui à le mérite d’être travaillée, riche en rebondissements, et qui parvient à recoller les morceaux entre la vie héroïque de Miles Morales avec sa vie personnelle. Et c’est avec beaucoup de plaisir que nous suivons le parcours initiatique de notre deuxième araignée préférée.
Puisque l’on aborde la narration, les relations entre personnages bénéficient d’un soin d’écriture appréciable, gagnant davantage en maturité par rapport à l’épisode sorti deux ans plus tôt. Rio, Ganke… Nombreux sont les protagonistes à faire partie de l’entourage de Miles et à jouer un rôle plus ou moins déterminant dans l’évolution de son histoire. Nous apprécions le travail fourni sur la relation mère-fils entre Rio et Miles, traitée ici avec beaucoup de justesse, même durant les phases de gameplay à travers des coups de fils entre deux arrestations.
Une réalisation aux toiles
Conçu pour accompagner le lancement de la PS5, Spider-Man Miles Morales est également disponible sur PlayStation 4. Mais ce qui va nous intéresser dans ce test, c’est évidemment de cerner ce que vaut la version nouvelle génération.
Concernant la partie graphique, ce nouvel épisode est incontestablement une réussite. Jouissant de jolis effets visuels en gameplay, particulièrement sous le ciel bleu de New-York ou bien par coucher de soleil, beaucoup moins dès lors qu’il commence à pleuvoir (à noter que la météo n’est toujours pas dynamique), le titre dévoile tout son potentiel durant ses cinématiques. D’une grandiloquence sans nom par sa réalisation, il suit dignement les traces de son prédécesseur. Des visages et leurs animations faciales bien plus convaincantes qu’elles ne l’étaient deux ans plus tôt, en passant par les différents éclairages, la réflexion sur les immeubles grâce au Ray-Tracing ou encore les divers effets de fumée et de particules… Spider-Man Miles Morales scintille et s’épanoui très clairement sur PS5, au point de souvent prendre l’apparence d’une véritable démo technique. Pas mal, pour un jeu « cross-gen ».
Accompagné de deux modes d’affichage à son lancement, à savoir « Fidélité », pour voir le titre bénéficier de Ray-Tracing, ainsi que d’un mode « Performances » afin de tisser sa toile dans une ville de New-York fortement animée à 60 FPS, un mode « Performances RT » a été ajouté après la sortie du jeu par le biais d’une mise à jour. Ce dernier, comme son nom l’indique, permet donc de bénéficier du Ray-Tracing sans voir le titre amputé de ses 60 FPS. Un compromis idéal, bien que cette possibilité adapte les différents effets ainsi que la résolution de manière variable. Mais pour un début de génération, il s’agit d’un bon moyen de concilier le meilleur des deux mondes. Mention spéciale au travail abattu par les équipes de Insomniac Games sur les animations de Spidey. A l’image de son prédécesseur, il présente une souplesse et une sensation de fluidité immédiate, même en 30 FPS (à condition de ne pas avoir essayé le 60 FPS avant, bien entendu).
Difficile d’aborder la version PS5 sans parler de ce qui la caractérise : la DualSense. En effet, la nouvelle manette de PlayStation profite bien évidemment des retours haptiques, notamment lorsque vous déchainerez vos différents combos sur vos ennemis. Les gâchettes adaptatives sont également de la partie. Lors de vos vadrouilles dans les hauteurs de Manhattan, elles se manifestent à mesure que vous appuyez sur R2 pendant votre tissage de toiles, via une pression motorisée au moment du relâchement de la toile. Une sensation agréable, et un usage de la DualSense intéressant, bien que légèrement plus anecdotique que l’on aurait pu l’imaginer dans un titre tel que celui-ci, accompagnant par-dessus tout le lancement de la console. Après tout, il est difficile de passer après Astro’s Playroom, dont je vous invite à lire le test disponible sur PS Inside.
« Mile(s) et un » plaisirs
La partie ludique de Spider-Man Miles Morales est l’un des aspects du jeu qui allait forcément attirer notre attention. Ayant intelligemment réutilisé à sa sauce les ingrédients de l’excellente formule des Batman Arkham, en 2018, Marvel’s Spider-Man avait placé la barre haut pour ce qui est de se sentir dans le costume et la peau de l’homme araignée. Un gameplay qui trouve sa saveur à la fois dans les combats mais aussi dans l’exploration. Et croyez-moi, il n’a jamais été aussi agréable d’être Spider-Man.
Soyons très clairs, Spider-Man Miles Morales ne réinvente pas les rouages mis en place il y a deux ans par la licence. Pour autant, le gameplay a considérablement gagné en agressivité et parvient à créer une démarcation évidente dans les sensations de combats entre Peter et Miles. Calqué sur le modèle de son prédécesseur, le système de combo reste donc logiquement identique. Pour autant, Miles est doté d’une particularité qui agrémente les combats de ce nouvel épisode d’une touche qui fait son petit effet : la bioélectricité…
Gagnant en dynamisme, le système de combat de ce standalone est instantanément jouissif manette en mains. Bénéficiant de différentes attaques bioélectriques surpuissantes et à l’impact varié, à adapter en fonction des situations, il en devient au final bien meilleur que ce que nous connaissions jusqu’alors. Insomniac Games parvient ici à agrémenter et pimenter intelligemment les combats au point de pouvoir parler d’une évolution. Cependant, ce qui sonne comme une force pour le gameplay peut aussi créer une légère incohérence scénaristique. En effet, la surpuissance des attaques de Miles, et ce rapidement dans l’aventure, donne souvent l’impression d’un héros déjà formé et parfaitement expérimenté, tranchant fatalement avec le personnage sans expérience qui nous est présenté dans le prologue. Une progression soudaine, mais justifiée par l’impossibilité de frustrer le joueur bien qu’elle créée des dissonances narratives, comme évoqué précédemment.
Pour contrebalancer ce point, dans son arsenal de gadgets Miles dispose en revanche d’une palette d’objets réduite, bien loin de tous l’équipement dont disposait Peter Parker et qui lui permettait donc un plus large choix dans son approche. Notre nouveau héros est donc équipé d’un total de quatre gadgets : le lance-toiles, l’holo-drones, les mines télécommandées ainsi qu’un puit gravitationnel, très pratique et dévastateur lorsque les ennemis sont groupés et que vous enchaînez directement sur une attaque bioélectrique. De quoi faire de jolis enchainements pour les amateurs de combos dévastateurs. A noter que vous disposez toujours d’un arbre de compétences divisé en 3 catégories (combat, camouflage, pouvoirs bioélectriques) elles-mêmes réparties en 8 aptitudes, d’une vingtaine de tenues pouvant être combinées à un total de quatre mods, vous attribuant divers bonus et orientant votre façon de jouer, ainsi que les attributs de Miles en fonction de vos choix.
Dans cet opus, la discrétion est ici grandement facilitée grâce aux pouvoirs exclusifs de Miles. Au cours de l’aventure, le joueur débloquera une capacité d’invisibilité temporaire qui vous permettra de jouer en toute facilité les araignées furtives, du haut de votre plafond. Rien de transcendant mais qui suffit à ne pas nous lasser dans notre quête du 100 %. Et puisque l’on aborde ce sujet, notez que le titre nécessitera environ 20 heures de votre temps pour y parvenir et vous obligera à le recommencer en New Game + afin de débloquer l’ensemble des tenues et des compétences. Pour les plus pressés de sauver le monde, 8 heures maximum suffiront pour en voir le bout. Après tout, il n’a jamais été vendu autrement que comme un standalone bien que son prix soit particulièrement excessif.
Un classicisme efficace
La ville de New-York est définitivement un excellent terrain de jeu pour nos super-héros. Le plaisir de retrouver les rues de Manhattan est immédiat et vagabonder pour le plaisir de la voltige, arrêter des crimes en cours ou bien rendre service aux habitants en devient rapidement collant. Ganke Lee, le meilleur ami de Miles, a mis au point une application à partir de laquelle chacun peut solliciter notre héros pour lui formuler une demande bien précise. Ce qui pourrait paraître anodin est en réalité efficace et intelligemment intégré au lore du jeu. Le sentiment d’être temporairement l’araignée sympa du quartier s’immisce au point de vouloir enchaîner les différentes quêtes, malgré leur classicisme évident (mention spéciale malgré tout pour un personnage secondaire du jeu dont je vous garde bien évidemment la surprise). Enfin, retenez que grâce au système de cartes d’Activités de la PS5, vous pourrez accepter une mission directement via ce menu et cela peut s’avérer très pratique.
Parlons à présent du SSD. Cette nouveauté tant vantée par la nouvelle génération aux côtés du Ray-Tracing depuis de nombreux mois. Pour la première fois, nos consoles en sont équipées et disons-le, cela change considérablement la vie d’un joueur. Du menu principal de la console jusqu’au premier contact avec le gameplay, le temps d’attente en devient désormais risible. De même, terminé les temps d’attente durant les voyages rapides puisque tout se charge quasi-instantanément. Si cela peut très rapidement devenir une habitude, n’oublions pas qu’il y encore quelques mois cette possibilité n’était qu’un doux rêve aux allures probables de discours marketing. Ne ne plus avoir de temps de chargement dans une monde ouvert est une véritable bénédiction.
Au cœur de cet univers toujours aussi vivant que par le passé, et qui grouille de monde dans les rues (les passants sont toujours aussi interactifs), vous pourrez bien évidemment retrouver des collectibles rattachés au passé de Miles afin de toujours plus enrichir l’univers. Dans cette même logique, vous pouvez également consulter une encyclopédie des personnages qui s’enrichit d’informations inédites au fil que votre aventure progresse, réécouter les différents podcasts entendus durant vos pérégrinations, ou encore, comme toute araignée star qui se respecte, consulter le flux social et lire les messages de vos millions de followers. Et ça c’est la classe.
Afin de capter vos plus beaux instants, le jeu propose bien entendu un mode photo complet, consultable à tout instant, qui vous fera sans doute passer de nombreuses heures grâce à sa palette de possibilités. Les occasions de s’arrêter pour figer l’action sous vos yeux ne manqueront pas.
Avant de conclure, un mot sur la bande-son ainsi que le Sound-Design du jeu. Concernant le doublage, la VF manifeste à mon sens quelques fragilités. Véritable force dans l’opus de 2018 grâce à la formidable prestation de Donald Reignoux sur toute la durée du jeu, et des différentes libertés qui lui ont confectionné sa personnalité, elle reste bien plus mitigée pour ce Spider-Man Miles Morales concernant notre personnage principal. Comprenons-nous bien, Eilias Changuel a fourni un formidable travail d’interprétation, particulièrement durant les cinématiques, qui se veut par ailleurs très fidèle à la VO. En revanche, il arrive parfois de constater quelques fausses notes durant les séquences de gameplay, sans doute liées aux conditions de doublage. Rien de dramatique mais légèrement regrettable car elle en devient fatalement inégale, au point de parfois pouvoir sortir de l’immersion. Rien à redire en revanche du côté de la VO qui se veut constante du début à la fin.
De retour à la composition après sa formidable prestation sur Marvel’s Spider-Man, John Paesano nous livre ici une nouvelle fois une somptueuse bande-son. Dramatique quand il le faut, mais pas moins épique et urbaine dans son essence, elle parvient à insuffler de la personnalité au personnage de Miles. Une harmonie entre la musique et l’univers s’instaure, donnant naissance à un parfait mariage agréable pour nos oreilles. Du tout bon. Le tout couplé à un Sound-Design travaillé dans ses moindres bruitages, bien que les sons 3D proposés par la PS5 restent relativement anecdotiques dans ce titre.
CONCLUSION
Marvel's Spider-Man : Miles Morales
Propulsé au rang des meilleures exclusivités de la PlayStation 4, Marvel’s Spider-Man avait su apporter un vent de fraicheur dans le traitement du lore et des personnages en jeux vidéo, dédiés à l’homme araignée. Et sur ce plan, ce nouvel opus ne déroge pas à la règle. A mi-chemin entre le gros DLC et l’épisode de transition, Marvel’s Spider-Man : Miles Morales s’inscrit directement comme un titre à faire pour tous ceux ayant apprécié son prédécesseur. Profitant d’une écriture soignée et d’un traitement des personnages réussi, il en devient un excellent complément à l’opus de 2018. Pour autant, et malgré ses nombreuses qualités visuelles ou narratives, sa faible durée de vie, confrontée au sentiment de déjà-vu, pourra soulever des interrogations quant à la légitimité de le vendre au prix de 60 €. Et si Spider-Man Miles Morales arbore une structure en monde-ouvert, il n’en demeure pas moins similaire à son aîné. S’inscrivant malgré tout comme une extension à faire pour tout fan qui se respecte, ne le considérez pas comme une suite mais plutôt comme un (très) bon complément faisant office d’arc introductif, et qui vous fera passer d’excellents moments en compagnie d’un héros en devenir.
LES PLUS +
- Graphiquement réussi (visages, effets, éclairages…)
- Une mise en scène à tomber
- Un gameplay aux petits oignons
- Une histoire prenante, une écriture affinée
- Un monde ouvert vivant et synonyme de liberté
- Le 60 FPS qui fait du bien
- L’évolution de Miles…
LES MOINS -
- … bien qu’un chouia trop rapide
- La VF parfois juste, parfois non
- Un sentiment de déjà-vu évident
- Des quêtes annexes toujours aussi classiques
- Quelques bugs (coucou Spider-Lamp)
- 60 €, un prix inadapté au contenu
juste dommage que le mode Fidélité (4K / 30 FPS est pas terrible ralenti trop ,je joue au mode RT et 60 fps
Une note mérité.
n ayant pas connu le 1er episode sur PS4, la version edition ultimate apporte quoi de plus : le remaster ? comment apprécier de découvrir cette version ? faire en premier le remaster puis la dlc morales ou celle ci n’en vaut pas la peine : juste la version morales suffit ? merci pou vos retours
Le premier opus avec sa version remaster te permet de jouer avec du Ray-Tracing et intègre le nouveau visage de Peter Parker. Tu auras aussi dans la version remaster les 3 DLC du premier jeu. Je te conseille vivement de faire en premier l’opus sorti en 2018 et ensuite le jeu Spider-Man Miles Morales. Les deux intrigues sont étroitement liées, notamment le développement de Miles.