Qu’est-ce que Destruction AllStars si ce n’est un jeu dans l’air du temps. Depuis quelques années, les studios tentant l’expérience du jeu service sont nombreux. Leur but étant le même à chaque fois : espérer faire partie des rares élus arrivant à se faire une place dans le cœur des joueurs, avec pour objectif principal le suivi de leurs jeux sur le long terme. Le titre de Lucid Games rempli toutes les cases du jeu service par excellence. Arrivera t-il à survivre dans l’arène face à des géants comme Fortnite, Fall Guys, PUBG… Rien n’est moins sûr.
Comme un air de déjà vu
Destruction AllStars est dans la même lignée que le précédent jeu de Lucid Games sorti en 2018, SwitchBlade. Dans ce titre, les joueurs s’affrontaient à bord de bolides armés de canons. La nouvelle création du studio en reprend les fondements, tout en améliorant la formule. Vous incarnez ici l’un des seize athlètes hauts en couleur (surnommés AllStars), prêt à en découdre au sein d’une arène cloisonnée à la direction artistique cartoonesque, rappelant évidemment des jeux comme Fortnite ou Rocket League.
Si l’on devait expliquer les règles de Destruction AllStars de manière assez grossière, nous pourrions dire que le joueur a pour mission de pulvériser ses adversaires à coup de Takedown et choc violent en tout genre, clairement inspiré de ce que pouvait faire la licence Burnout sur les générations précédentes.
Pour mener à bien votre mission, vous disposerez de différents véhicules standards en début de partie et devrez activer les capacités spéciales de votre personnage le plus vite possible. Ces capacités spéciales ayant d’ailleurs un nom, en disant long sur leur finesse : Briseur. Chaque héros dispose de deux Briseurs. L’un disponible hors du bolide, permettant à votre AllStars d’effectuer des doubles sauts et d’obtenir une attaque spéciale faisant plus ou moins de dégâts. Le second quant à lui correspondant à l’invocation du véhicule personnel de votre personnage, ce dernier possédant une capacité dévastatrice lui donnant un avantage non négligeable sur un laps de temps restreint. Par exemple, le Briseur d’Ultimo Barricado permet à son véhicule de générer un bouclier le protégeant de tous les coups portés par ses concurrents, pendant que le Briseur de Génésis lui, apporte à son héroïne un boost de vitesse supersonique détruisant tout ce qui se trouve sur son passage.
Pour débloquer les Briseurs il faudra soit : infliger un nombre de dégâts importants à vos ennemis jusqu’à ce que la barre de capacité du héros soit pleine, ou ramasser des cristaux dans l’arène. Ces derniers ne pourront pas être récoltés depuis votre véhicule et là est tout l’intérêt du jeu. Il faudra prendre des risques et sortir de votre bolide, quitte à se faire écraser par les différents concurrents qui ne manqueront pas une telle opportunité de marquer des points.
La rapidité avec laquelle le personnage s’éjecte de son véhicule apporte un punch et un dynamisme indéniable au jeu. Après quelques parties et une fois le gameplay maitrisé, un véritable plaisir se fait ressentir dans l’enchainement des actions. Il est très classe de s’éjecter d’un véhicule au dernier moment avant que celui-ci n’explose, tout en activant la capacité spéciale, permettant au héros d’appeler son bolide personnel et de plonger immédiatement à l’intérieur. Le tout sans même avoir touché le sol une seule fois entre les deux actions.
Bien que le gameplay soit très arcade, il reste efficace et plaisant à prendre en main. On regrettera juste le peu de fonctionnalités présentes concernant la DualSense. Hormis les gâchettes adaptatives proposant un retour de force, et quelques vibrations suite aux chocs encaissés, il n’y a pas de quoi rouler des mécaniques. C’est dommage sachant que le jeu est exclusif à la PS5. Le studio londonien aurait dû exploiter davantage la DualSense, un degré d’immersion supplémentaire n’aurait pas été de refus.
Le contenu se fait attendre
Il était évident que Destruction AllStars serait un jeu service. Rapidement durant la communication autour du titre, Lucid Games avait signalé que du contenu serait rajouté au fil des mois. En soi, cela n’est pas un problème. Mais malheureusement, dans son cas, le contenu de base est beaucoup trop léger. À l’heure actuelle, il n’y a que quatre modes de jeux étant exactement les mêmes, que ce soit hors ligne ou en ligne.
- Carnage : Le mode le plus simpliste où il faudra tout simplement faire le plus de dégâts possibles à vos adversaires dans un temps imparti.
- Autornade : Ça passe ou ça casse. Ici, tous les dégâts infligés aux adversaires rapporteront des pièces stockées dans le véhicule du héros. C’est à vous de décider à quel moment vous foncerez dans l’autornade, ayant pour conséquence de détruire votre véhicule mais validera les pièces engrangées. Si votre bolide est détruit par un adversaire avant que vous n’ayez atteint l’autornade, vous perdez toutes les pièces accumulées et repartez de zéro.
- Épargne : Trois banques se trouvent au sein de l’arène. Détruire les véhicules adverses et récupérer les pièces tombées au sol afin de les épargner dans les différentes banques sera ici votre objectif. L’équipe ayant le plus accumulé de pièces à la fin du temps réglementaire l’emporte.
- Rescapé : Que serait un bon jeu service sans mode Battle royale ? Ici, le joueur a un nombre de vies limité et se fait éliminer une fois ces dernières arrivées à zéro. Attention, en plus des adversaires cherchant à être le dernier survivant, le sol s’effondre au fil de la partie. À la fin il n’en restera qu’un.
Se contenter de quatre modes de jeux pour un lancement est insuffisant, surtout quand ils prennent constamment place dans les mêmes environnements. En effet, en plus d’avoir peu de variété dans les activités proposées, Destruction All Stars fait le minimum syndical en ne proposant que trois arènes pour son lancement : Barcelone, Las Vegas et Tokyo. Même si elles ont chacune quelques spécificités, difficile de les différencier dans le feu de l’action tant elles se ressemblent au niveau des décors. Le mode en ligne est d’ailleurs lui aussi très classique. Il reprend les quatre modes cités et se contente d’ajouter une barre d’expérience augmentant au fil des parties. Cette expérience permet de débloquer de la monnaie virtuelle afin d’acheter certaines skins et célébrations pour les seize héros. On a connu bien plus inspiré.
Dans un jeu en ligne, une autre donnée est très importante : l’interaction avec les joueurs. Il est très facile dans ce titre de créer une party permettant d’inviter ses amis ou de les rejoindre. Rester appuyer sur le pavé tactile de la manette vous amènera directement à votre liste d’amis. Il est dommage que Lucid Games n’ait pas eu le soucis du détail jusqu’au bout, car excepté ce point, il y a des problèmes inexplicables qui auraient pu facilement être évités. Lorsque vous décidez de lancer une partie en ligne, premièrement sachez que le microphone de votre manette est allumé par défaut. Le désactiver ne prend qu’une petite seconde. L’ennui est que certaines personnes ne pensent pas à éteindre leur micro, ce qui vous amène à les entendre durant toute la partie, via les haut-parleurs de la DualSense. Car oui, il n’y a aucune option pour muter les différents joueurs dans Destruction AllStars. Si ces derniers n’ont pas coupé leur micro, la seule solution est de retourner dans les menus de la console pour diminuer le son sortant de la DualSense. Quand un jeu est principalement centré sur le multijoueur, ce type de défaut ergonomique laisse à penser que ce dernier est sorti un peu trop tôt.
Où t’es, solo où t’es…
Hormis les quatre modes présentés ci-dessus, il en existe un dernier intitulé « série de défis » cachant bien des surprises. Effectivement, la partie narrative du titre se trouve être bien dissimulée dans ce fameux mode. Ici, chaque AllStars a une série de challenges lui étant consacrée, permettant d’en apprendre un peu plus sur chacun des héros déjantés. Le choix d’insérer la partie solo est ici pour le moins étrange car cela ne la met pas en valeur. Malheureusement, il y a une explication simple à cette manœuvre : il n’y a pas réellement de partie narrative dans Destruction AllStars. Pour commencer, il faut savoir que seule la série de défis d’Ultimo Barricado est déverrouillée. Pour les autres, il faudra passer à la caisse. Il n’y a aucun moyen de les débloquer avec l’argent virtuel du jeu, vous devrez obligatoirement utiliser de l’argent réel. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule… La narration a beau être présente, elle en reste pour le moins minimaliste. Lucid Games s’est contenté du strict minimum. Vous aurez le droit à une cinématique de moins d’une minute pour la série de challenges dédiée au catcheur mexicain, puis une autre d’une durée équivalente une fois les défis accomplis. Il est dommageable que Destruction AllStars n’ait pas fait plus d’efforts pour développer son casting de personnages ayant pourtant un énorme potentiel. Il y avait mieux à faire, notamment en explorant le background de chaque héros, tant la plupart sont une franche réussite que ce soit dans leur character design que dans leur personnalité.
CONCLUSION
Destruction AllStars
Destruction AllStars a un potentiel indéniable. Manette en main, le plaisir est présent. Les modes de jeu sont intéressants et on enchaine les parties sans même voir le temps passer, du moins au début. Après une dizaine d'heures, une redondance se fait sentir. Le principal problème du titre résidant dans le fait d'être sorti un peu trop tôt, malgré un report initial de plus de deux mois. Être un jeu service ne doit pas être une excuse pour sortir avec un contenu allégé. Beaucoup d'exemples l'ont pourtant déjà démontré ces dernières années (Marvel's Avengers, Anthem...). Lucid Games ne semble pas avoir appris des erreurs de ses homologues. De plus, faire payer la partie narrative du jeu, si tenté que l'on puisse l'appeler ainsi, est une mauvaise décision de la part du studio. Une campagne solo aurait permis aux joueurs de s'investir pleinement dans l'univers proposé. Il ne reste plus qu'à souhaiter qu'une vague de contenus supplémentaires soit disponible dans les semaines à venir, car sans cela le titre prend le risque de se faire oublier à vitesse grand V.
LES PLUS +
- Chara Design des personnages réussi...
- ... de même pour les véhicules
- Deux phases de gameplay qui se mixent à merveille
- Les impacts entre véhicules spectaculaires
- Les mode Autornade et Épargne vraiment funs
LES MOINS -
- Trop peu de contenu...
- ... scénario où es-tu ?
- Très vite redondant
- Aucune option in-game afin de muter les joueurs (pour le moment)
J’apprécie beaucoup le fait que vous fassiez preuve d’autant d’esprit critique dans vos tests. Défaut de pas mal de sites spécialisés sur une marque. Un vrai plaisir.
Merci, ton commentaire fait extrêmement plaisir. C’est la ligne éditoriale que nous nous imposons. Le but n’est pas d’encenser les jeux PlayStation si ces derniers sont moyens ou mauvais. L’équipe sera toujours honnête avec vous. Bonne soirée.