La semaine dernière, le premier épisode de la nouvelle série HBO The Last of US sortait. Nous vous proposions une première critique ici. Maintenant que l’ambiance est posée, que les personnages sont présentés, nous allons voir si le deuxième épisode est aussi constant dans sa qualité que l’épisode pilote.
Critique sans spoilers
L’épisode 2 continue de nous donner quelques informations quant au point de départ de la pandémie, mais aussi sur la manière dont le cordyceps se propage chez les humains. Nous verrons cela plus en détail dans la partie spoiler, mais nous pouvons souligner un effort dans l’écriture de la série pour nous plonger dans un monde qui se rapproche terriblement du nôtre. Toutes les raisons de la propagation du virus sont assez réalistes et presque plausibles dans notre réalité. Passé cette scène d’introduction similaire à celle de la semaine dernière, nous retrouvons Tess, Joel et Ellie. Encore une fois, le jeu d’acteur est saisissant. Nous retrouvons une ambiance à la fois amicale et méfiante, nous pouvons sentir que les personnages apprennent à se connaître et découvrent des choses inhabituelles avec Ellie. Nous aimons beaucoup cette ambivalence entre le fait de prendre soin d’Ellie, tout en la mettant à distance du groupe. Et toute la mise en scène du début de l’épisode appuie ce propos, comme nous pouvons le voir sur l’image ci-dessous :
La lumière nous offre une division au sein du groupe. C’est avant tout Tess et Joel contre Ellie. Et cette distance se maintiendra aussi dans le comportement et dans les interactions avec son environnement. Ellie se comporte comme une adulte, mais verra ce petit voyage avec des yeux d’enfant. Tess et Joel prennent bien plus de recul et de précaution, ils sont très réactifs. Bella Ramsey, celle qui joue Ellie, est d’ailleurs saisissante dans son rôle tant nous pouvons revivre avec elle les petits moments drôles du jeu et les questionnements d’une enfant. Nous avions déjà eu la confirmation avec le premier épisode, mais oui, Bella Ramsey est une Ellie remarquable. Et le reste du casting est tout autant réussi.
Les décors sont également excellents. La série arrive à nous donner de beaux paysages chaotiques, et la patte artistique de Neil Druckmann (qui réalise l’épisode) se fait énormément ressentir. On peut sentir l’ambiance pesante de la ville, le poids des bâtiments qui pourraient tomber à n’importe quel instant. Les plans rapprochés et les plans larges permettent à la fois de ressentir le vide qu’a laissé la propagation du cordyceps, et à quel point les personnages sont petits face à cette ville détruite. Tess, Joel et Ellie sont minuscules par rapport au reste du monde, et la série nous le rappelle constamment. Mais tout se passe aussi dans le détail. Lorsque nos personnages rentrent dans un bâtiment, nous sentons une ambiance encore plus pesante, comme si les claqueurs savaient déjà que les personnages étaient là. Les couloirs, accompagnés de salles remplies d’eau et d’une ambiance sombre et brumeuse, nous rappellent STALKER de Tarkovski.
Enfin, impossible de ne pas parler de l’ambiance sonore. À la fois discrète et omniprésente, elle permet de s’immerger totalement dans l’univers de The Last of Us. Elle rajoute quelque chose d’effrayant, de palpable. C’est une ambiance presque malsaine qui nous est présentée, qui nous dégoûte et nous intrigue. Le travail de Gustavo Santaolalla est excellent, et les spectatrices et spectateurs qui découvrent ses compositions avec la série peuvent en profiter pleinement grâce au montage et à la mise en scène.
Pour conclure cette partie sans spoilers, il est clair que la série The Last of Us d’HBO prend le bon chemin. Nous sommes conquis par cette adaptation qui n’a de cesse de nous surprendre. La fidélité et l’émancipation manifestées dans l’épisode pilote continuent de s’affirmer aujourd’hui. Que ce soit dans le détail des décors, ou plus généralement dans l’ambiance de la série, nous retrouvons les personnages que nous aimons et nos anciennes peurs. La série The Last of Us permet réellement de s’impliquer dans cet univers d’une nouvelle manière, ce qui permet d’ouvrir les portes de cette licence aux habitués et aux néophytes. N’ayez pas peur de franchir le pas, cette nouvelle production HBO est, pour le moment, une véritable réussite. On notera cependant quelques choix d’adaptation qui méritent plus de développement avant de ne plus faire grincer des dents les fans de la licence (comme la contagion que nous verrons dans la partie spoiler). Enfin, et comme pour le premier épisode, Neil Druckmann manque lui aussi d’innovation dans la mise en scène, qui se contente encore d’adopter les mêmes plans que le jeu.
L’avis d’Aurélie, rédactrice en chef chez Naughty Dog Mag :
« Neil Druckmann revêt ici sa casquette de réalisateur TV pour la première fois, avec une aisance qui laisse coi. Sous sa direction, la dynamique entre notre trio de personnages est encore plus proche de celle du jeu. La fidélité se renforce, notamment avec des clins d’œil aux dialogues facultatifs et aux mécaniques de gameplay très appréciables. Bien sûr, les nouveautés sont aussi au rendez-vous. Mais si la façon dont a été repensée la contagion se précise, il s’en dégage une étrangeté qui ne respire pas The Last of Us. Pour qui est familier de la licence, certains choix laisseront dubitatif. Mis à part cela, la tension monte d’un cran et l’horreur s’installe dans un deuxième épisode qui prend le temps qu’il faut pour laisser place à un danger bien réel. Difficile de ne pas être touché en plein cœur par une conclusion qui surprendra, portée par les notes de musique graciles de Gustavo Santaolalla. »
Critique avec spoilers
Par rapport à la semaine dernière, l’histoire nous offre de nombreux éléments pour comprendre un peu plus l’univers dans lequel nous sommes plongés. L’épisode débute à Jakarta, qui fait résonner ce qu’entendait Sarah à la radio avant le début du carnage. Nous comprenons ainsi d’où viennent les premiers cas humains victimes du cordyceps. Mais surtout, et c’est un détail qui n’est pas négligeable, le cordyceps se trouve aussi dans la farine. Rappelez-vous dans l’épisode 1, Joel est trop en retard pour manger son petit-déjeuner fait à base de farine. Aussi, la voisine des Miller propose à Sarah de préparer des cookies aux raisins. Sarah les prépare mais ne les mange pas (qui mange des cookies aux raisins ?). Peu de temps après, la grand-mère est contaminée et s’en prend à sa famille. Nous comprenons ainsi pourquoi Joel et Sarah ne sont pas contaminés, puisqu’ils évitent, par chance, de manger ce qui contient de la farine.
Autre détail important, il y a une opposition entre la scène d’introduction qui se termine sur la scientifique indonésienne qui affirme qu’il n’y a aucun remède ni vaccin, et le véritable début de l’épisode avec Ellie, qui est théoriquement l’antidote miracle de cette pandémie. Encore une fois, The Last of Us nous surprend par son souci du détail. Mais venons-en maintenant au moment le plus attendu du second épisode : l’apparition des claqueurs.
C’est un moment plus que mémorable. Les claqueurs sont terrifiants, ils représentent une vraie menace et ils sont dégoûtants. Et c’est encore plus horrible quand on nous explique la manière dont le cordyceps fonctionne et comment les claqueurs nous repèrent. À la différence du jeu, le bruit n’est pas le seul moyen de se faire avoir par ces monstres. Le cordyceps fonctionne aussi par vibration, comme une ruche. Marcher sur une racine du champignon, c’est réveiller une troupe d’infectés quelque part. La menace se fait d’autant plus pesante en sachant ça. Les petites lianes du cordyceps sont aussi un excellent moyen de contrer les spores du jeu. Dans la série, le champignon n’est plus un virus, c’est un véritable parasite qui s’invite dans le corps pour en prendre le contrôle. Nous le voyons surtout avec Tess : se faire mordre laisse du temps à la victime, mais en transmettant directement le parasite par la bouche, il ne faut que quelques secondes pour que le cordyceps prenne le contrôle du corps. Sa mort devient, par ce biais, beaucoup plus tragique que dans le jeu vidéo, et suscite plus de stress au moment de l’explosion du Capitole.
Cet épisode 2 était aussi convaincant que le premier. Il contient de nombreux moments forts et donne un exemple de ce qu’est une bonne adaptation : un équilibre parfait entre une émancipation et une fidélité du matériau de base. Chez PlayStation Inside, nous avons hâte de découvrir l’épisode 3. Nous vous donnons rendez-vous lundi prochain, pour la critique du nouvel épisode.
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