Depuis le début du cycle de vie de la PS5, Insomniac Games a été sans conteste le studio le plus productif et prolifique de Sony. Avec Spider-Man : Miles Morales, Ratchet & Clank : Rift apart et désormais Spider-Man 2, Insomniac alimente comme personne le portefeuille d’exclusivités de PlayStation, à une époque où les délais de production des AAA sont au contraire dans une tendance à l’élargissement. À cela, il faut aussi ajouter que Spider-Man 2 semble signer, même si Ratchet et Returnal sont passés par là notamment, la fin de la politique des jeux cross-gen chez Sony. Une double réussite pour un studio hors pair, qui se targuait en 2021 de fonctionner sans crunch.
En 2020, Miles Morales était LE jeu de lancement de la PS5 qui devait montrer toutes les capacités techniques de la nouvelle console, à un niveau tout autre qu’Astro’s Playroom. En 2021, Ratchet & Clank était cette fois promu comme la démonstration parfaite de la puissance du SSD, permettant des transitions quasiment seamless entre les mondes et une fluidité sans pareille dans le gameplay, sans temps de chargement.

Cette année, Spider-Man 2 arrive et avec lui les grands espoirs de PlayStation en termes de vente, alors que le constructeur souhaite écouler le plus de consoles possible pour lancer la nouvelle mouture de la PS5, que nous pouvons appeler Slim. Licence la plus populaire de Sony auprès du grand public, Spider-Man a autant de succès dans le jeu vidéo qu’il n’en a au cinéma. Grâce à Insomniac, qui s’est inscrit dans la lignée des Batman Arkham pour proposer une formule fluide et jouissive, Spider-Man a regagné ses lettres de noblesse, même si les précédents titres, notamment d’Activision, n’ont pas à rougir.
Par sa productivité et sa qualité, Insomniac s’est donc imposé comme un studio incontournable chez PlayStation. Là où Guerrilla et Santa Monica ont pris 4 à 5 ans pour sortir un nouveau jeu, là où Sucker Punch est en silence radio puis 2020, sans parler de Naughty Dog qui a certes publié un jeu (mais un remake) mais semble empêtré dans une galère sans nom avec Factions, Insomniac Games peut publier des jeux de grande qualité à intervalles bien plus réguliers. Rétrospectivement, c’est peut-être ainsi le rachat du studio en 2019 qui a été la meilleure décision de PlayStation ces dernières années.

Et de manière plus surprenante encore, cette grande productivité d’Insomniac est réalisée sans crunch, qui a pendant longtemps été le standard de l’industrie pour les AAA sur leurs derniers mois de développement. Si nous n’avons pas encore d’informations sur celui de Spider-Man 2, la communication étant sûrement verrouillée avant la sortie du jeu, le développement de Ratchet & Clank avait été finalisé sans crunch. Le fonctionnement d’Insomniac est basé, d’après les informations de Game Industry, sur trois piliers : des recensements réguliers du bien-être des équipes, des sessions de discussions entre la hiérarchie et les employés dédiées à ces questions, et le refus de faire travailler les développeurs sur plus d’un projet à la fois, notamment et surtout quand le studio développe plusieurs jeux en parallèle. De même, certaines idées trop ambitieuses sont parfois abandonnées pour éviter le crunch, même si elles paraissent pertinentes sur le papier, à l’image du combat final du premier Spider-Man d’Insomniac, qui en a réduit l’échelle non pas par manque d’ambition mais pour protéger ses employés sur la dernière ligne droite.
Bien entendu, cette culture du travail n’est pas seulement due à la bonne volonté de la direction. Chez Insomniac, un important changement de culture a eu lieu en 2020 après que des allégations de harcèlement et de traitement inégalitaire des femmes ont émergé de la part d’employés.
De même, il faut aussi noter les efforts des employés pour de meilleures conditions de travail. Le mouvement de syndicalisation dans l’industrie du jeu vidéo est positif et à soutenir. En septembre, le syndicat des acteurs d’Hollywood avait voté l’autorisation pour les syndicats des acteurs et interprètes du jeu vidéo de se mettre en grève, et Insomniac faisait partie des entreprises visées, après déjà la grève des doubleurs de 2016, durant laquelle Insomniac avait aussi été concerné.

Ces éléments ainsi écrits, il semble difficilement contestable de dire qu’Insomniac Games est actuellement le meilleur studio de PlayStation, et l’est en effet depuis la sortie du premier Spider-Man en 2018. Et ce n’est pas la qualité de Spider-Man 2 qui nous fera dire le contraire (retrouvez ici notre test), en attendant Wolverine…