Il est attendu comme le messie. 5 ans après le premier jeu, et 3 ans après le standalone Miles Morales, Marvel’s Spider-Man 2 sortira enfin ce vendredi 20 octobre 2023, en exclusivité sur PS5. Nous avons eu la chance chez PlayStation Inside de recevoir un code du jeu en avance, et nous remercions PlayStation France pour cela. Nous avons ainsi pu jouer à Spider-Man 2 trois semaines à l’avance, le finir à 100% et obtenir le platine. Voici notre test COMPLET, où nous aborderons tous les sujets, dont les forces et les faiblesses du titre, le tout sans AUCUN spoil, qu’il soit narratif ou visuel. Bonne lecture !

Une suite à la hauteur des attentes…
Commençons par écarter tout suspense : oui, nous avons aimé Spider-Man 2. Le jeu est une suite réussie, une amélioration sur quasiment tous les plans par rapport à l’original, et sera assurément une belle vitrine pour la PlayStation 5, que ce soit en termes purement technique mais aussi sur le plan réputationnel. Après des suites marquantes comme Horizon Forbidden West et God of War Ragnarok, Sony confirme la capacité de ses PlayStation Studios à assurer une belle continuité pour ses licences phares tout en offrant suffisamment de renouvellement pour ne pas tomber dans la redite.
Au niveau de la narration, l’heure de la maturité pour Insomniac Games
En lançant le jeu sur PlayStation 5, nous nous attendions à être époustouflés par la qualité graphisme et le gameplay, qui étaient les deux forces majeures du premier titre et du standalone Miles Morales. Et si c’est évidemment le cas, comme d’habitude avec Insomniac Games, c’est surtout la narration qui nous a surpris par sa maturité dans Spider-Man 2.
Au niveau de l’histoire principale, il faut d’abord saluer le choix payant du studio, qui ose prendre son temps et ne pas livrer un scénario où l’action prendrait toute la place au détriment de l’émotion ou de la subtilité. Au contraire, Spider-Man 2 surprend par le nombre de missions principales où l’action est quasiment absente, au profit d’un approfondissement des relations interpersonnelles des personnages. Entre les divers flashbacks, les déambulations dans New-York et les discussions où l’on se permet d’aller au fond des choses, Spider-Man 2 s’autorise la lenteur, la langueur même parfois. On y voit Peter et Harry renforcer leur amitié, Peter et Mary Jane raffermir leur amour, Miles Morales et sa mère se rapprocher encore plus qu’avant. On voit aussi les amitiés et les amours des personnages être mis à rude épreuve, en particulier à cause du symbiote de Venom qui, s’il ne contaminera bien entendu pas tout le monde, aura néanmoins un effet sur l’ensemble des personnages.

Très solide, le scénario principal de Spider-Man 2 l’est encore plus lorsqu’il traite de ses antagonistes, en particulier de Kraven. Chaque apparition de ce personnage est l’occasion pour Insomniac de donner lieu à des scènes mémorables. Rarement avons-nous eu un méchant aussi charismatique depuis le premier jeu de 2018, que ce soit au niveau de sa personnalité, mais aussi de la manière dont il nous il fait ressentir un vrai danger pour nos deux Spider-Man. Et ceci est assez rare pour être souligné, dans un milieu où les blockbusters jouent régulièrement la sécurité dans leurs histoires principales, n’osant pas mettre leurs personnages principaux dans un danger de mort.
En ce qui concerne Venom, notre avis sera un peu plus mitigé. D’un côté, l’irruption du symbiote dans l’histoire et l’effet qu’il a sur la vie de Peter, Harry, MJ et Miles est remarquablement amené. Encore une fois, Insomniac prend le temps de faire une réelle étude de personnage, en montrant la manière dont le symbiote prend possession de l’esprit des gens pour leur faire dire et faire des choses inimaginables. Au-delà du danger qu’il représente en lui-même pour New York, Venom est encore plus dangereux lorsqu’il s’immisce dans la vie des personnages principaux pour gâcher leurs relations, ou au moins les mettre face à leurs démons, leurs défauts et leurs erreurs. Sur ce point, le pari est réussi pour Insomniac, qui ne cède pas à l’envie de montrer directement Venom dans sa toute-puissance. Le revers de la médaille de ce choix est que nous avons trouvé l’apparition de Venom trop tardive, et donc le personnage sous-exploité. Sachez tout d’abord, et soyez-en rassurés, que la première apparition du Venom 100% formé est réellement iconique. Sa puissance est très bien retranscrite à l’écran, et la scène qui lui sert « d’introduction » est peut-être le meilleur moment de toute la saga, tant il est bien amené et bien filmé, et tant il représente un tournant dans l’histoire. Mais malheureusement, cette apparition arrive trop tard dans le jeu, et les missions consacrées à la lutte contre Venom n’ont pas été assez nombreuses, de notre avis, pour l’élever au rang de meilleur méchant des jeux. À notre grande surprise, nous avons préféré Kraven, qui lui est tout aussi bien écrit mais dont le temps d’écran lui permet de bien mieux nous terrifier.


Outre l’écriture des deux antagonistes principaux, qui est très qualitative malgré l’apparition tardive de Venom, un autre défi pour Insomniac était de ne pas se perdre entre deux méchants, et donc d’écrire un scénario où le lien entre les deux était plus factice qu’autre chose. Sur ce point aussi, nous avons été agréablement surpris. Sans trop en dire, sachez simplement que les destins des deux antagonistes se lient de manière étonnante mais in fine justifiée, et que l’apparition de l’un ne paraît pas artificielle par rapport à l’arc narratif de l’autre.
Un univers organique dans lequel tout arrive pour une bonne raison
Très bien écrit donc, Spider-Man 2 se termine aussi de manière satisfaisante, en apportant à tous les personnages une conclusion méritée, tout en laissant assez d’ouverture pour déjà teaser une suite. Sans rien spoiler encore une fois, sachez que nous aurons très probablement droit à un Marvel’s Spider-Man 3. Et quand on ressort du 2 avec une sensation aussi positive, ce ne peut qu’être une bonne nouvelle ! De même, au vu des différentes missions annexes que nous ne spoilerons pas, nous sommes déjà quasi convaincus qu’à l’image du premier jeu, Spider-Man 2 aura droit à un DLC.
Au-delà du seul scénario principal, nous parlons de maturité pour Insomniac Games dans le sens où, contrairement aux deux premiers épisodes où certains arcs paraissaient n’avoir aucun lien entre eux, ceux de Spider-Man 2 sont tous reliés, qu’ils soient principaux ou annexes. Vous serez ainsi heureux d’apprendre que vous ne devriez ressentir aucune frustration à effectuer les quêtes annexes où à récolter les divers collectibles. Nonobstant leur qualité, dont nous parlerons un peu plus bas, ces missions existent toutes pour une raison, qui fluidifie la narration et lui donne une consistance que la seule histoire principale n’aurait pu atteindre.
À mesure que nous explorions New York, nous avons maintes fois ressenti cette sensation d’une imbrication parfaite entre tous les éléments de la narration. Comme dans le premier jeu, celle-ci est analysée par le titre lui-même avec les podcasts de J. Jonah Jameson et Danika Hart, qui chacun à leur manière rappellent au joueur les évènements en les décrivant de manière positive ou négative. Sans jamais en faire trop, ces podcasts apportent une touche bienvenue à l’histoire. Ils permettent de ne jamais se sentir perdu dans la narration si l’on prend un peu trop de temps à flâner entre deux missions, et s’imbriquent naturellement dans l’expérience de jeu. On se prend, avec les podcasts mais aussi avec les divers dialogues secondaires du titre, à se sentir réellement Spider-Man, et à évoluer dans un monde organique et tangible.
Un vrai sens de la communauté qui fait de Spider-Man 2 un jeu éminemment actuel
À vrai dire et en connaissant Insomniac, nous étions confiants pour Spider-Man 2 à propos de l’ensemble des éléments cités plus haut. Mais s’il y a un élément qui nous a pris de court, notamment par sa rareté dans le jeu vidéo, c’est bien le message passé par le studio, qui est le fruit de son époque et d’une Amérique déchirée et ultra polarisée. S’il était prévisible que le jeu allait nous immerger dans l’expérience de l’araignée sympa du quartier, nous ne nous attendions pas à une telle modernité dans le propos. Maintes fois, nous avons été profondément émus par certaines scènes, dans lesquelles l’un ou l’autre Spider-Man s’implique dans la vie de ses concitoyens pour essayer de la rendre meilleure.

Il ressort ainsi de Spider-Man 2 un vrai sens de la communauté, un sentiment d’appartenance qui fait sincèrement chaud au cœur, notamment dans une industrie du AAA où nous sommes plus habitués à ce que les univers des jeux s’adaptent aux actions parfois incohérentes des personnages principaux, plutôt que l’inverse où c’est l’état des lieux de l’univers en question qui a un impact sur le moral et la vision du monde du héros. C’est le cas dans Spider-Man 2. Avec Peter Parker, nous avons ainsi pu assister à plusieurs scènes dans lesquelles, qu’il soit en costume ou non, et avec Harry ou pas, le personnage s’implique dans des tâches d’apparence simples, et surtout peu ludiques, mais qui finissent par avoir un résultat tangible pour la communauté, et donc pour nous. Mais c’est surtout avec Miles Morales que nous avons ressenti cela. Noir de peau et donc fruit de la difficile histoire du racisme et de la ségrégation aux États-Unis, Miles est un personnage qui n’oublie pas ses racines. Insomniac le montre notamment dans une quête où, au-delà d’attraper le criminel du moment, il s’agit surtout pour Miles d’afficher sa fierté d’être Noir, et d’appartenir à une communauté dont les ancêtres sont aussi illustres que Miles Davis, Rosa Parks ou Martin Luther King.
Dans la quête en question, Insomniac Games se permet de faire une ode à la culture afro-américaine, et de célébrer cette communauté à un moment où les actes racistes envers elle n’ont jamais été aussi importants, en témoigne l’importance reprise par le mouvement Black Lives Matter depuis le meurtre de George Floyd en 2020. On ressort ainsi de Spider-Man touchés par le message du studio, qui cherche à transmettre un discours d’inclusion et de paix dont nous avons besoin plus que jamais.
La mise en scène, digne des plus grands blockbusters
On pourra critiquer Insomniac Games autant que l’on veut, mais s’il y a bien un domaine où le studio fait l’unanimité, c’est celui de la mise en scène. Et dans Spider-Man 2, ce sens du spectaculaire est porté à son paroxysme. Dès l’introduction, qui sert en même temps de tutoriel, la mise en scène est plus spectaculaire qu’aucun autre moment dans Spider-Man 1 et Miles Morales. Le ton est ainsi vite donné, au service d’une grandiloquence assumée et jouissive.
Par la suite, et si vous avez pris peur lorsque nous abordions plus haut la lenteur bienvenue du scénario, soyez une fois de plus rassurés. À ces scènes, que nous avons apprécié, Insomniac alterne avec des moments de bravoure et de grandeur qui justifient son prix et le fait que le jeu soit exclusif à la PS5. Il aurait en effet été impossible pour le studio d’aller au bout de ses ambitions sur PS4, tant les curseurs de la puissance du SSD ont été poussés au maximum pour offrir des moments inoubliables, avec Kraven mais surtout avec Venom. Nous avons ainsi en tête plusieurs missions principales monstrueuses, durant lesquelles l’action ne s’arrête pas et surtout est variée, que ce soit dans les combats offerts ou les enjeux présentés.

Ainsi, nous pourrions facilement citer une dizaine de missions principales, et même certaines quêtes annexes, durant lesquelles nous n’arrivions pas à quitter l’écran des yeux tant le spectacle était grandiose. De Venom à Kraven, de Peter à Miles et à leur collaboration souvent jouissive, les moments de plaisir n’en finissent pas, sans jamais se faire au détriment du gameplay. Les combats de boss sont de ce fait quasiment tous mémorables. Même hors des missions principales, lorsque nous ne faisons que combattre le crime ou poursuivre des histoires annexes, la mise en scène est au rendez-vous. Elle est notamment magnifiée par le fait que nous croisons régulièrement l’autre Spider-Man dans nos actions, que ce soit pour combattre côte à côte ou pour effectuer des combos plaisants à voir, et suffisamment différents pour ne pas être répétitifs.
Un gameplay parfaitement équilibré, et à la formule renouvelée
L’une des craintes que nous avions pour ce Spider-Man 2 était le renouvellement du gameplay. Déjà très appréciable dans les deux premières aventures de Peter et Miles, le gameplay semblait déjà être au presque parfait. Et si les bases sont les mêmes pour Spider-Man 2, Insomniac y a fait une myriade de petits ajouts qui justifient l’expérience et lui permettent de ne pas être redondante.
Tout dans le gameplay y est en fait amélioré, du combat qui est plus fluide aux déplacements qui procurent encore plus de plaisir. À cela, il faut aussi ajouter plusieurs nouveautés qui font le sel de l’épisode. L’une d’elles est évidemment l’ajout du wingsuit, qui révolutionne en réalité la manière de se déplacer dans New York. On y alterne ainsi entre toiles classiques, wingsuit et utilisation des couloirs de vent, pour des déplacements encore plus jouissifs manette en main. L’autre ajout que nous souhaitions mentionner ici est celui des filins de toile. Souvenez-vous dans Spider-Man 1 à quel point les missions où nous devions éliminer des ennemis en hauteur, tout droit héritées de Batman Arkham, pouvait être redondantes. Ce n’est plus le cas dans Spider-Man 2, car Insomniac nous donne la possibilité d’utiliser les parois classiques mais aussi de tisser un nombre infini de toiles entre les murs, ce qui ajoute un nombre incalculable d’options de déplacement, et donc d’éliminations, différentes.
Au-delà de l’amélioration générale du gameplay, ce sont ainsi ces petits ajouts qui font toute la différence, faisant de Spider-Man un titre à la jouabilité fluide, plaisante et franchement jouissive.

La meilleure vitrine technique pour la PlayStation 5
Serez-vous surpris si l’on vous dit que Marvel’s Spider-Man est un jeu incroyablement beau et superbement optimisé ? Bien sûr que non. Même s’il ne propose pas du 4K 60fps, le titre donne la possibilité de jouer en 4K 30fps, en 40fps, et enfin en performance avec 60fps. Tout est évidemment pris en charge (HDR, VRR, 120Hz…). Mais outre ces considérations presque mathématiques, la vraie qualité technique de ce Spider-Man 2 est dans la modélisation de New York. Ville tentaculaire, New York est un univers très difficile à développer du fait de la densité exceptionnelle de son architecture, son urbanisme et sa population. Mais c’est peu dire que le pari est relevé haut la main par Insomniac, tant la ville paraît vivante, et les graphismes du jeu sont immensément beaux.
Ce n’est pas mentir ici de dire que Spider-Man 2 est le jeu qui pour l’instant exploite le plus la puissance de la PS5 et de son SSD, avec par exemple des déplacements rapides sans chargement et à la belle mise en scène, même si le changement de personnage hors déplacement rapide n’est malheureusement pas aussi soigné, n’offrant en réalité qu’un écran noir d’une seconde pour opérer l’alternance. La DualSense est aussi utilisée au maximum de ses capacités et ses vibrations haptiques changent réellement l’expérience de jeu, en la rendant bien plus immersive qu’auparavant. C’est un point à souligner, car si la DualSense est sans aucun doute la meilleure manette sur le marché, ses capacités n’ont que rarement été bien utilisées. C’est tout le contraire dans Spider-Man 2, où vous ressentirez un grand plaisir avec les vibrations et les gâchettes adaptatives dans tous les aspects du jeu, que ce soit au niveau des combats mais surtout des déplacements, dont les vibrations offrent un élément de plaisir supplémentaire.
Faisons ensuite une mention spéciale aux éclairages, qui sont la plus grande force technique du titre. Subtils et sublimes, les éclairages donnent une véritable patte à New York selon les moments de la journée. Ils sont aussi magnifiés par le ray-tracing, qui est un véritable « game changer« , en particulier lorsqu’il s’agit des reflets ou des éclairages en milieu sombre.

De même, la physique des personnages est perfectionnée par rapport aux premiers jeux. La meilleure preuve en est la modélisation de Kraven, qui dégage une vraie puissance et fait ressentir une crainte non feinte, mais surtout celle de Venom, qui est impressionnant de terreur et majestueux de grandeur. On se prend à avoir peur de sa présence, et les cinématiques le mettant en scène comptent parmi les meilleures du jeu, car Insomniac a vraiment réussi à le rendre imposant. Mais étrangement, cette modélisation des personnages n’est pas parfaite sur tous les points. On est ainsi surpris de voir que les animations faciales, à quelques rares exceptions (Miles et Kraven) laissent à désirer. Les visages de Peter, Harry et MJ sont par exemple peu expressifs, et souffrent de la comparaison, cela est fou à dire, avec les animations d’Uncharted 4, ou plus récemment avec celles de Red Dead Redemption 2 ou de The Last of Us Part II.
… mais qui ne révolutionne rien pour autant
Comme nous l’écrivons depuis le début, Marvel’s Spider-Man 2 est une excellente suite, et une magnifique vitrine à la PlayStation 5. Cela ne veut pas dire pour autant que le jeu n’a pas ses faiblesses. Celles que nous allons décrire ci-dessous sont les raisons pour lesquelles nous ne qualifierons pas le jeu de chef-d’œuvre, même si nous pensons qu’il finira dans la liste des prétendants au GOTY 2023.
Un monde ouvert sous-exploité
En ce qui concerne le monde ouvert de Spider-Man 2, il y a deux manières de voir les choses. D’une part, et c’est la volonté d’Insomniac, le monde ouvert n’est pas organique en soi, mais se retrouve plutôt au service de la narration. L’idée est de faire en sorte que jamais le joueur ne se sente perdu et ne s’éloigne trop du fil directeur du jeu. C’est un choix de game design à respecter, car il permet à Insomniac de construire un titre où tout mène vers le même objectif, au service de la narration et non l’inverse.
Mais d’autre part, nous pourrons regretter que le monde ouvert de Spider-Man 2, malgré l’ajout de quartiers de New York, n’apporte rien en soi si ce n’est d’être le terrain de jeu des Spider-Man. L’exploration y est ainsi quasi inexistante, si ce n’est les évènements aléatoires ou les quêtes qui se trouvent sur la carte. Si le jeu n’est pas tant dirigiste que cela et que l’écran n’est pas spécialement surchargé, on n’a que peu d’intérêt à explorer New York, car cette curiosité n’est jamais récompensée. Le monde ouvert ne sert ainsi au joueur qu’à faire ce que le studio veut que nous fassions. Il n’existe qu’au service de la narration et n’a aucune indépendance, aucune utilité en soi si ce n’est le plaisir de se déplacer. Ceci est peut-être le reproche majeur que nous pouvons faire à Insomniac. Sans aller à l’extrême d’un Elden Ring, le PlayStation Studio aurait pu faire de New York autre chose qu’un bac à sable où la fin des quêtes signe la fin de son utilité.

La progression, artificielle et donc frustrante
Un autre élément regrettable de Spider-Man 2 est l’aspect artificiel de sa progression. Comme tous les AAA depuis quelques années, on doit se coltiner un arbre de compétences et une progression par niveaux. Cela n’apporte toutefois pas grand chose à l’expérience, et les niveaux s’atteignent très vite. Il est parfaitement possible de s’en sortir dans la plupart des situations sans cet arbre de compétences, qui ne donne donc pas de sentiment d’évolution. Étonnamment, c’est plutôt du côté des gadgets que l’on pourra trouver de l’intérêt à la progression des Spider-Man, car eux se révèlent de leur côté très fun à utiliser.
Ne pas révolutionner l’industrie, est-ce vraiment un problème ?
Si nous reprochons à Insomniac le fait de ne pas perfectionner l’expérience sur tous les plans par rapport aux deux premiers jeux, en particulier par rapport au game design du monde ouvert, nous sommes aussi conscients qu’il n’était jamais dans le cahier des charges du studio de changer la face de l’industrie avec Spider-Man 2. Ce dernier n’est ni Elden Ring ni Zelda Breath of the Wild, mais une suite très satisfaisante à un titre qui a déjà tant apporté au jeu vidéo en terme de gameplay et de plaisir de jeu. C’est pourquoi les quelques faiblesses structurantes de Spider-Man 2 ne sont pas pour nous débilitantes, car telle n’était tout simplement la volonté d’Insomniac que de faire autre chose qu’une suite, et non pas une réinterprétation totale de l’expérience originale.
Conclusion
Ne nous y trompons donc pas : Spider-Man 2 est bel et bien l’expérience premium PS5 promise et tant attendue. Meilleur que ses prédécesseurs sur quasiment tous les plans, le jeu offre une narration plus solide et mature, un gameplay encore plus fluide, une technique à l’optimisation au presque parfait et à la mise en scène grandiose.
Rappelons aussi ce qui est pour nous le meilleur aspect du titre, à savoir sa manière d’immerger le joueur dans un univers où l’on se sent réellement important et utile, et sa façon de délivrer un message qui donne un véritable sentiment d’appartenance et de communauté. Plus encore que toutes ses qualités ludiques, c’est cela que nous retiendrons en premier de Marvel’s Spider-Man 2, tant il est moderne dans son approche, inclusif dans son propos et ainsi gratifiant dans sa présentation.
Et bien sûr, en plus de tout cela, la fin du jeu, quoique classique sous certains aspects, donne aussi un sentiment poétique, presque élégiaque. C’est une manière de dire la beauté des choses éphémères de la vie, d’accepter le temps qui passe, et de se tourner vers l’avenir non sans regretter le passé, mais en y faisant face pour avancer en l’assumant.
Spider-Man 2 est donc, en définitive, une célébration de l’amour et de l’amitié dans ce qu’ils ont de plus beau et parfois, assumons-le, de joliment naïf. Un message qui peut contraster, dans la dure réalité cette fois, avec la situation réelle des employés de l’industrie du jeu vidéo, qui se font licencier par milliers, et aussi de Disney, qui sont pour la plupart mal traités et dont plusieurs sont en grève dans diverses branches, tels les salariés de Disneyland Paris en juin, les scénaristes américains jusqu’à il y a peu, les acteurs qui le sont toujours, de même que les artistes des effets spéciaux chez Marvel qui se sont enfin constitués un syndicat pour enfin se battre pour de meilleures conditions de travail.
Ainsi, quand vous jouerez à Spider-Man 2, ayez une pensée pour ces personnes qui, chez Disney, Marvel et plus largement Hollywood, se battent pour de meilleures et de plus justes conditions. Pensez à ces gens, ne les oubliez pas, soutenez-les dans leur combat…
Au fond, prenez du plaisir sans mauvaise conscience, mais faites de ce plaisir un sentiment en toutes circonstances lucide. C’est la condition pour, clin d’œil clin d’œil… guérir le monde.


CONCLUSION
En améliorant tous les aspects du premier jeu, Insomniac Games livre assurément un GRAND titre avec Marvel's Spider-Man 2. Le jeu n'est évidemment pas sans faiblesses, avec un monde ouvert sous-utilisé, des animations faciales inégales et une progression quelque peu factice. Mais tout cela s'efface vite derrière le plaisir inouï que procure le jeu manette en main, que ce soit au niveau du gameplay, de la narration ou des graphismes. Une grande réussite pour Insomniac et PlayStation donc, qui livrent là un fort prétendant au GOTY 2023, et l'un des meilleurs jeux de la PS5.
LES PLUS +
- Un jeu à la narration solide et mature, qui ose prendre son temps
- La qualité technique, exceptionnelle
- Un univers organique, qui fait la part belle à l'appartenance à la communauté
- La mise en scène, toujours aussi grandiose
- Un gameplay parfaitement équilibré et renouvelé
- Les éclairages, le ray tracing et le SSD : trois aspects qui magnifient le jeu
LES MOINS -
- Un monde ouvert sous-exploité
- Une progression artificielle
- La bande originale, en retrait
- Des animations faciales très inégales