Cela n’a pas pu vous échapper, la situation économique est au plus mal. Nous entendons sans cesse parler de pouvoir d’achat, d’augmentation des coûts, de dépréciation de l’euro et des fameux profiteurs de crise. Bien que cela puisse sembler évident, la situation actuelle ne concerne pas que l’Europe ou le monde occidental, mais est bien globale. Le Japon se retrouve particulièrement affecté par la situation économique et doit faire face à un effondrement de la valeur de sa monnaie, ce qui touche de nombreux marchés. Pourtant, malgré l’inflation, aucune hausse de de prix au Japon pour la Playstation 5 n’est prévue pour le moment.
Pour l’instant, la PS5 ne devrait pas baisser de prix
Depuis quelques semaines, la devise japonaise évolue à ses plus bas niveaux depuis près de 24 ans face au dollar américain. Ce dernier est en effet monté actuellement à 131,19 yen.
Bien que certains sont tentés de penser que l’actuelle faiblesse du yen peut représenter un atout pour le Japon car cela peut permettre de grandement augmenter leurs exportations, elle contribue à alimenter l’inflation dans un contexte de flambée des coûts de l’énergie, encourageant ainsi la précarisation des salariés japonais. Et même si la hausse des prix reste mesurée dans l’archipel, la grogne des ménages japonais se fait de plus entendre car aucun secteur n’est épargné par ce phénomène. Aucun, sauf le petit monde du jeu vidéo. C’est par le biais de Bloomberg, qui a pris le temps de contacter directement le constructeur japonais, que nous apprenons que Sony n’a pas l’intention pour le moment d’augmenter le prix de vente de la PlayStation 5, alors que tout le marché des produits high-tech se retrouve pourtant touché par la situation, aggravée par la pénurie de semi-conducteurs. Nous pensons notamment à Apple qui a augmenté tous les prix de ses produits au Japon. L’iPhone 13 est passé de 98 800 yens TTC (699 €) à 117 800 yens (834 €), soit une augmentation colossale de 19 %.
« À propos d’une potentielle hausse de prix de la PS5, il n’y a rien que je peux partager avec vous pour le moment. »
Hiroki Totoki, responsable financier de Sony, en réponse à la question de Bloomberg
PlayStation et la préservation de son trône
Bien qu’il faille toujours souligner et applaudir quand une entreprise prend des décisions avantageuses pour les intérêts de ses clients, nous mettrons toujours un point d’honneur à rappeler que les grands groupes ne font jamais cela par pure bonté d’âme. PlayStation est le leader du marché des consoles de nouvelle génération, mais doit cependant faire face à la concurrence âpre de Nintendo qui, depuis son marché très spécifique, n’hésite pas à grignoter des parts de marché. En plus de cela, le constructeur japonais doit également gérer le beau retour en grâce de la marque Xbox qui, après de longues années de déchéance durant l’ère de la Xbox One, connait de nouveau le succès auprès des consommateurs, y compris au Japon. En effet, les Xbox Series, en à peine deux ans, se sont déjà vendues autant que la Xbox One en presque dix années sur le marché japonais. Une fois cette conjecture ultra concurrentielle en tête, nous comprenons que les trois constructeurs se regardent ainsi en chiens de faïence.
PlayStation se refuse à être le premier acteur de l’histoire du marché vidéoludique à rompre la règle tacite voulant qu’il est impensable d’augmenter le prix de vente d’une machine après sa commercialisation initiale. Alors que si nous prenons le temps de faire des comparatifs financiers, on peut voir que le prix de vente de la Playstation 5 peut être considéré comme étant 100 dollars inférieur au Japon que le tarif pratiqué partout ailleurs. L’entreprise menée par Jim Ryan ne souhaite en aucun cas fragiliser sa position et donner ne serait-ce qu’un petit coup de pouce à ses opposants. Convaincu par la puissance de sa position dominante, PlayStation entend bien maintenir le cap, et se pense prêt à pouvoir compenser les pertes engendrées par les ventes de machines sur le territoire japonais grâce aux revenus dégagés par les ventes de consoles à l’international et celles des jeux. Toutefois, rien ne garantit que l’actuel leader du marché des consoles de salon ne revienne sur sa décision. Comme le révélait le dernier bilan financier trimestriel de Sony, la compagnie japonaise a dû faire face à une baisse notable de la vente des jeux et des revenus générés par ces derniers. Cette nouvelle a eu pour conséquence d’entraîner une chute de 3.2% de la valeur des actions de l’entreprise.
PlayStation face aux profiteurs de la crise
La crise du Covid-19, et les problèmes d’approvisionnement de consoles qui en ont résulté, ont entraîné l’explosion du phénomène des scalpers, même si cela n’est pas nouveau. Cependant, la popularité énorme de la nouvelle console de Sony, ainsi que les discours alarmistes de tous les analystes de l’époque ont attiré les scalpers à s’intéresser au marché des consoles. Dans les premiers mois de commercialisation de la PlayStation 5, tous les sites qui en mettaient en vente étaient assiégés de bots qui faisaient main basse sur l’ensemble des stocks, dans le but de les revendre deux à trois fois leur prix de base. Bien qu’il soit désormais plus simple d’acheter une PlayStation 5, cela demande encore de la patience et il est encore possible de faire un bénéfice en revendant une machine fraichement acquise. Le Japon n’échappe pas à cette réalité, la PlayStation 5 y étant souvent considéré, avec humour, comme un actif financier. Comprenez par là que ce terme désigne quelque chose qu’il est possible d’acheter et de revendre en sortant gagnant de la démarche.
En combinant tous ces éléments, il convient de comprendre que chaque console vendue au Japon devient moins lucrative pour PlayStation. La rareté des composants a entrainé une explosion des coûts de fabrication et d’assemblage des machines qui, étant facturés en dollars, font que le constructeur japonais ressort grandement perdant. Encouragés par la baisse de la valeur du yen, les scalpeurs organisés et autres revendeurs opportunistes ont grandement augmenté leurs activités car ils gagnent désormais plus par console que le fabriquant lui même. Ces vendeurs se rêvant devenir le futur Jordan Belfort s’organisent suffisamment pour pouvoir vendre à l’international les consoles acquises sur le marché japonais. Ces derniers n’hésitent d’ailleurs pas à accumuler des stocks de consoles chez eux en attendant la sortie d’un jeu exclusif suffisamment fort pour pouvoir faire exploser le cours du marché de la revente. Il fait peu de doute que les sorties successives de The Last of Us Part 1 et de God of War Ragnarok ne manqueront pas de donner un sérieux coup de fouet à leurs activités. PlayStation se trouve ainsi potentiellement au bord d’un précipice qui menace de détruire le cercle vertueux entre ventes de matériel et de logiciels car de nombreuses machines sont vendues sans être actives.
Pour le moment, tout semble indiquer que PlayStation maintiendra sa décision de ne pas augmenter le prix de vente de sa console qui connaît un succès commercial stratosphérique partout dans le monde. Toutefois, il convient de faire attention pour le constructeur japonais de ne pas se retrouver dans la position d’un géant aux pieds d’argile. Les difficultés que peuvent rencontrer certains acheteurs potentiels à trouver une machine les orientent parfois à opter pour la console concurrente, en attestent les bonnes ventes de la Xbox Series S au Japon, ou à carrément opter pour l’obtention d’un PC suffisamment puissant pour jouer aux jeux vidéo. Il fait peu de doute que les hommes de Jim Ryan attendront jusqu’au bout qu’un de leurs concurrents fasse le premier pas, à moins que la situation économique ne connaisse un regain de forme inattendu et inespéré. La prudence reste donc de mise, surtout si nous gardons en mémoire que Sony a augmenté en avril le prix de vente de certaines gammes de caméras, d’enceintes stéréo et de lecteurs Blu-Ray.
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