Le Japon est inévitablement un pays d’inspiration pour l’industrie vidéoludique et la culture populaire. Terre de tremplin pour les jeux vidéo et les arts martiaux, les deux dimensions se rejoignent régulièrement sur console. C’est en tout cas ce que nous proposent Sokaikan et PixelHeart dans Okinawa Rush, une aventure mystique et guerrière.
Derrière Okinawa Rush se cache la toute petite équipe de Sokaikan, studio britannique spécialisé dans le jeu vidéo en pixel art inspiré des années 1990. En 2017, ce projet de jeu est financé par Kickstarter, puis accompagné par l’éditeur PixelHeart jusqu’à nos consoles.
Les frères Steven et David Miller, les deux principaux membres du studio outre le troisième luron, Gary Angelone, ont puisé dans leur amour des arts martiaux pour ce jeu. Celui-ci tire à ce titre son nom de l’île japonaise d’Okinawa, où est né le karaté. C’est donc à la fois un voyage dans le temps et dans l’archipel nippon, saupoudré de baston en veux-tu en voilà, que nous propose ici Sokaikan.
Okinawa Rush sortira ce vendredi 19 novembre à partir de 19,90€ sur PC et Switch, mais aussi PlayStation 4, Xbox ONE et leur petite sœur next-gen, la PlayStation 5 et les Xbox Series. Une édition collector à 99,90€ sera également disponible, bénéficiant en plus d’artwork, goodies et d’une clé USB chargée de l’OST. Le jeu pourrait même bénéficier d’une version Dreamcast si le succès est au rendez-vous. Alors, en vaut-il le coup ?
Une histoire de vengeance
Si Okinawa Rush propose un mode arcade fidèle à l’esprit des 90s, le jeu mise surtout sur son aventure scénarisée. Choisissez votre combattant — l’indomptable Hiro, son frère Shin ou la vaillante Meilin — pour défendre Okinawa de l’attaque du clan la Mante noire (« Black Mantis ») et venger la mort des vôtres.
Dans un japon fantastique, vous affronterez des ninjas de toutes sortes, mais aussi des créatures démoniaques. À la manière d’un side-scroller 2D, vous traverserez les cinq niveaux pour défaire vos adversaires et libérer les habitants capturés. Comptez tout au plus deux heures pour arriver au bout du challenge si vous ne rencontrez pas de difficulté majeure. Multipliez ce temps par 6 ou 7 si vous souhaitez en exploiter les moindres recoins !
Bien que le déroulement soit globalement le même, chacun des avatars jouables présente ses propres subtilités scénaristiques. Cela est notamment amplifié grâce aux multiples fin à déverrouiller en fonction du personnage choisi et de la performance de jeu. La rejouabilité est ainsi encouragée, si tant est que l’expérience ne soit pas vécue comme trop répétitive.
Par ailleurs, fait assez rare pour un jeu indé : Okinawa Rush profite d’un doublage plus que correct, de quoi renforcer l’immersion dans cet univers mystique largement inspiré des films de kung-fu, jusque dans ses dialogues.
Bottons du derrière de ninja
Combo no jutsu…
Vous l’aurez compris, le combat est au cœur des mécaniques de jeu. De ce fait, Okinawa Rush jouit d’une variété de combo décuplée par le nombre de personnages jouables, ce qui n’est pas déplaisant. Comme tout bon jeu de plateforme, la verticalité est exploitée jusque dans les affrontements, avec des ennemis volants et même aquatiques.
Okinawa Rush essaie en plus d’enrichir la formule. Le mode « Dojo » est un moyen de s’entraîner tout en fortifiant vos avatars. L’apport est modeste, mais a le mérite d’exister. Que vous vouliez y aller doucement ou vous mettre au défi, comptez enfin sur un large choix dans la difficulté, 14 niveaux, permettant d’adapter le défi selon vos performance. À moins que… cela ne soit en fait l’aveu d’une incapacité à calibrer correctement le challenge proposé aux joueurs ?
…mais-faut-pas-trop-en-demander-non-plus-jutsu
Le fait est que malgré les promesses du titre, Okinawa Rush pâtit lourdement de sa maniabilité. Dès le départ vous risquez d’avoir une sensation étrange de lévitation dans les sauts. Il faut un temps d’adaptation, mais cela ne serait rien si la caméra permettait au moins de visualiser les endroits où atterrir. Or, celle-ci suit uniquement les déplacements de votre avatar, si bien que vous risquez fortement de rater la plateforme (sans doute est-ce pour cela qu’il y a peu de trous mortels ?).
En plus de cela, le jeu subit en même temps une rigidité peu souhaitable dans un beat’em up. Autant le personnage se déplace avec fluidité, autant il peine à donner des coups complexes. Vous viendrez évidemment à bout des boss une fois compris leur pattern, mais pas forcément grâce aux combo que vous vouliez. L’expérience ressort malheureusement affadie d’un système de combat qui manque de finitions.
Okinawa Rush propose en outre un mode de coopération locale. Il paraît toutefois clair dès les premiers instants à deux que le jeu n’a pas été pensé pour. De fait, la caméra ne suit que le joueur principal. Vous comprendrez que dès que l’autre sort du cadre, il doit se démener à l’aveugle pour y revenir. De l’attente d’un bon moment en duo découle finalement une frustration.
Okinawa Rush, ou l’art du pixel
Là où Okinawa Rush parvient à sortir son épingle du jeu, c’est par son identité visuelle. Le soin de la part de Sokaikan dans la réalisation de cet univers tout en pixel art est largement perceptible. Pour notre plus grand plaisir, les décors sont richement détaillés et les sprites finement animés. Les courtes cinématiques témoignent en plus d’une recherche dans le mouvement qui donnent espoir pour les futures productions de Sokaikan.
Cette richesse visuelle participe par ailleurs de l’invitation à l’exploration. Chercher les raccourcis et lieux cachés offre une autre appréciation de l’espace et du jeu. Il est seulement regrettable que l’environnement soit souvent peu lisible. À la profusion de détails s’ajoute ici un manque de contraste entre les éléments du décor et les objets avec lesquels interagir. Qui plus est, l’écran peut vitre être envahi d’ennemis et d’items, sans plus savoir dans quoi taper.
À ce propos, Okinawa Rush regorge d’objets de combat et de soin. La générosité des développeurs n’en est que plus sensible. Néanmoins, elle est contrebalancée là aussi par des manques techniques. Prenez : la navigation dans les menus, soit la porte d’entrée du jeu, est souvent un casse-tête. L’envie d’être beau et de donner beaucoup est à la fois la force d’Okinawa Rush, mais cela se se fait au détriment de qualités fonctionnelles d’autant plus indispensables dans un beat’em up / plateformer.
CONCLUSION
Okinawa Rush
Okinawa Rush est un jeu qui plaira certainement aux nostalgiques et amoureux des beat’em up très nineties. Pour autant, son gameplay mérite des ajustements pour qu’il soit aussi satisfaisant qu’il pourrait l’être et palier ainsi à la répétitivité des niveaux. C’est en somme un titre prometteur non pas en lui-même mais pour ce que Sokaikan pourrait nous servir à l’avenir.
LES PLUS +
- Du pixel art comme on les aime
- La variété des combo et items de combat
- L'ouverture vers l'exploration
- Neuf fins à découvrir
- Une modeste dimension RPG
LES MOINS -
- Des failles techniques qui pèsent sur les combats
- Une répétitivé lassante d'un niveau à l'autre
- Une caméra limitée et limitante
- Un mode coopératif local difficilement jouable
- Une interface utilisateur qui manque de clarté