Il y a maintenant une semaine, Gran Turismo 7, le dernier bébé de Polyphony Digital, rencontrait une indisponibilité de plus de 24 heures. Depuis ce jour, la dernière production issue des PlayStation Studios rencontre de nombreux problèmes, qui pour la plupart auraient été, et auraient dû, être évitables. Retour sur ces errances de Gran Turismo 7 dans cet édito, qui reflète l’opinion de son auteur et pas forcément celle de l’ensemble de la rédaction de PlayStation Inside.
Rappel des faits
À la suite de la mise à jour 1.07, Gran Turismo 7 devenait indisponible pendant de nombreuses heures sans aucune prise de parole de la part du studio. Au-delà d’une errance de communication très surprenante, l’ensemble du contenu d’un titre vendu au prix fort devenait donc inaccessible pour l’ensemble des joueurs alors que… la majorité du titre pourrait se jouer sans connexion internet ! La première question que nous pouvons nous poser est donc la suivante : pourquoi un tel choix de la part des équipes de développement ?
Cette réponse est liée selon moi au second problème du jeu : son modèle économique. En effet, le système de récompenses de Gran Turismo 7 est élaboré de manière à pousser les joueurs à accélérer leur progression en achetant des crédits. Ces crédits, qui permettent ensuite d’acheter des voitures par exemple, demanderaient un nombre d’heures de jeu trop conséquent pour les obtenir en comparaison à leur achat direct, ce que Polyphony Digital n’a pas manqué d’accentuer. De même, la déclaration de Kazunori Yamauchi, le père de Gran Turismo, de vouloir lier le prix des voitures in-game au plus près possible des prix dans la réalité est une proposition tout simplement inacceptable. Après avoir payé pour certains 80 euros pour avoir le jeu, combien d’argent devra-t-on dépenser en plus pour réellement en profiter ?
Ainsi, comme dans n’importe quel jeu nécessitant de farmer, les joueurs cherchent donc des solutions « alternatives » (un peu de triche) pour accélérer leur progression avec certaines courses buggées. Par conséquent, il est très profitable financièrement pour Polyphony Digital de pouvoir identifier ces courses en récoltant les données des joueurs grâce à la connexion obligatoire. Ainsi, les récompenses pourraient être réajustées afin de frustrer le joueur et le pousser à dépenser son argent.
Devinez maintenant ce qu’il s’est passé lors du déploiement de la mise à jour 1.08 … Oui, Polyphony Digital a réduit les récompenses liées à certaines courses (élément sur lequel ils ont vite rétropédalé, voir cet article d’hier), alors même qu’il était déjà très long d’obtenir des crédits. Les questions que j’aimerais poser sont donc les suivantes : est-ce réellement profitable et pertinent d’imposer une connexion internet pour profiter du jeu alors même que des millions de joueurs n’ont toujours pas accès à internet à travers le monde ? Est-ce réellement utile de priver des millions de joueurs d’accéder à Gran Turismo 7 alors qu’un faible échantillon de joueurs suffirait pour obtenir ces informations avec un modèle statistique ?
L’erreur de Polyphony avec Gran Turismo 7
De mon point de vue, la réponse est clairement non. Au-delà d’une perte sèche immédiate, l’image du studio et du jeu a fortement souffert de ces décisions : Gran Turismo 7 est, à ce jour, le jeu de Sony le moins bien noté par les joueurs sur Metacritic à cause du review bombing. Finalement, cette mobilisation a même entraîné le rétropédalage de Polyphony Digital sur de nombreux aspects du titre et notamment sur le système de progression comme nous vous en parlions hier. Preuve en est que les joueurs ont un réel pouvoir dans la direction empruntée par l’industrie lorsque nous nous mobilisons pour contester les pratiques inacceptables. Quel serait d’ailleurs le visage de l’industrie si nous n’avions jamais accepté ces pratiques ?
Enfin, il est important de remarquer que PlayStation est aujourd’hui en totale opposition avec son positionnement de 2013. Le même positionnement qui faisait son succès et a participé à son image « For The Players » : l’absence de connexion obligatoire. En effet, vu la démocratisation du jeu vidéo dans le monde, il semble de loin préférable que les jeux qui ne sont pas des titres multijoueurs dans leur essence puissent être joués sans accès constant à internet. Cet accès, de par le monde, est très différencié, et si l’on enlève l’Europe, l’Amérique du Nord, la Chine, le Japon et l’Océanie, il peut même être quasiment inexistant. Comment justifier alors que ces populations ne puissent pas jouir du même accès à Gran Turismo que nous Français par exemple ?
Rajoutons à cela que ce n’est pas la première fois depuis la sortie de la PS5 que Sony prend de mauvaises décisions, comme l’a montré la polémique avec l’upgrade PS5 d’Horizon Forbidden West. C’est pourquoi PlayStation doit totalement revoir sa communication et ces choix commerciaux en replaçant le joueur au centre de l’équation. Assisterons nous à un début de changement avec l’annonce du projet Spartacus ?
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