Lors de l’E3 2019, le monde entier apprenait l’existence d’Elden Ring. Cette future production signée FromSoftware avait créé un enthousiasme et une attente digne des plus gros jeux de l’industrie. Après deux ans et demie de patience, une communication discrète et un report, le jeu est finalement arrivé chez les joueuses et joueurs le 25 février 2022. La communauté derrière les jeux FromSoftware attendait le titre comme le saint Graal, le GOTY 2022. Est-ce qu’Elden Ring est à la hauteur des attentes ? Est-ce que FromSoftware a réussi son pari en changeant la formule ? Le jeu mérite-t-il sa place au sein des plus grands jeux de cette génération ? Après plus 70 heures manette en main, il est grand temps de voir ce que vaut réellement le dernier-né du studio.
Le scénario : quand les Hommes côtoient les dieux
La plupart des jeux FromSoftware offrent des expériences uniques, autant dans la narration que dans le gameplay. Elden Ring ne déroge pas à la règle et va même plus loin. Dès les premières minutes, nous comprenons que l’histoire du jeu est née d’un amour exacerbé pour la Fantasy, et plus précisément la Dark Fantasy. Cela se justifie d’autant plus par la présence de George R. R. Martin qui est venu marquer au fer rouge une nouvelle mythologie dans le monde vidéoludique. Nous sommes alors confrontés à une histoire toujours aussi cryptique et délicate à aborder, mais où le scénario n’est plus aussi avare en informations et en clés de compréhensions. Ce mystère, qui faisait le charme des jeux précédents, a été revisité, amélioré, bien mieux construit. Et ce qui peut être un détail pour les habitués des Souls-like permet une expérience plus plaisante pour les néophytes.
L’histoire se développe au fur et à mesure de notre exploration, de nos découvertes. Chaque personnage, chaque cinématique (très présente) et chaque lieu permettent d’appréhender ce dans quoi nous nous sommes embarqués, mais surtout de comprendre l’enjeu de notre mission. Lorsque Hidetaka Miyazaki admet que le jeu est plus accessible, cela passe aussi par une narration plus claire. D’autant plus qu’Elden Ring est un jeu extrêmement riche dans sa mythologie. Cela permet donc aux habitués de continuer à chercher les petits détails, et aux néophytes de comprendre l’histoire. Mais alors, de quoi parle Elden Ring ?
L’Entre-Terre est un lieu chargé d’événements tragiques. Quelques temps avant le début du jeu, le Cercle d’Elden, source vitale de l’Arbre-Monde, s’est brisé. Dès lors, les descendants de la reine Marika l’Éternelle, des demi-dieux, se font la guerre afin de rassembler le Cercle d’Elden et d’en devenir le Seigneur. Vous êtes un Sans-éclat, ancien membre d’une tribu qui prospérait dans l’Entre-Terre, et qui fut chassée du royaume. Vous venez revendiquer un titre qui vous était jadis promis. Vous devrez donc combattre ces demi-dieux pour devenir à votre tour Seigneur d’Elden.
L’open-world : l’Entre-Terre plus vivante que jamais
Avec Horizon Forbidden West et Dying Light 2, Elden Ring est le troisième jeu de février à nous offrir un Open World. Une chose est sûre, nous avons eu à chaque fois des propositions très intéressantes. Elden Ring se distingue par une construction et une approche inhabituelle des mondes ouverts. Une conception dont nous avions pu voir les prémisses dans The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Ici, vous ne serez pas tenu par la main mais totalement lâché dans la nature. Si vous voulez trouver une activité, un équipement ou un point d’intérêt, vous devrez explorer et être curieux. Et puisque rien ne s’affiche sur la carte au départ, vous devrez construire votre propre chemin dans l’Entre-Terre. Si vous décidez de jouer le jeu de cette manière, vous découvrirez un monde extrêmement riche et dense. Nous pourrions même aller plus loin et dire que ce jeu déborde de vie.
À première vue, des plaines vides, une vue sublime sur l’Arbre-Monde, et des ruines d’un ancien temps. Puis, au fil de l’exploration, nous commençons à voir du mouvement et de la vie. Certains soldats se sont emparés de quelques ruines, d’autres se battent corps et âme contre des monstres passant par là. L’Entre-Terre se montre extrêmement diversifiée dans les interactions avec les ennemis et PNJ. Le bestiaire est absolument titanesque. Chaque région possède des monstruosités inédites et des soldats prêts à se battre. À Nécrolimbe, vous croiserez essentiellement des soldats de Godrick, puisque cette région est sous son emprise. Mais si vous décidez d’aller à l’Académie de Raya Lucaria, les mages deviendront rapidement votre pire cauchemar s’ils sont en grand nombre. Il y a une vraie intelligence et une pertinence dans la disposition des ennemis, ce qui rend le tout extrêmement immersif.
Les activités proposées en dehors de la quête principale sont aussi très intéressantes. Tout en restant dans le cadre de l’exploration, vous aurez l’opportunité de visiter des cavernes, des grottes et des donjons avec des mini-boss comme récompense. Il y a là aussi une très bonne diversité dans la proposition des lieux, avec des énigmes innovantes et prenantes. Cependant, les mini-boss sont souvent très similaires, ce qui empêche une découverte des patterns et une sensation de défi. Cela dit, créer une centaine de mini-boss aurait été un travail beaucoup trop gros pour les équipes. Il faut aussi prendre en compte que jamais avant un jeu FromSoftware n’avait offert une telle diversité des ennemis et des boss.
L’Entre-Terre possède un cycle jour/nuit utile au jeu. Vous pourrez croiser des boss différents en fonction de la couleur du ciel. De plus, ce cycle permet de changer l’ambiance en fonction de l’endroit où vous êtes. Et puisque l’open-world est gigantesque, vous en verrez de toutes les couleurs. Entre le ciel rouge sang de Caelied, le bleu saphir de Liurnia ou encore la capitale dorée de Leyden, la sensation de voyage est des plus frappantes. Et même sur le dos de Torrent, la monture du jeu, vous serez pris d’un vertige face à l’immensité de l’Entre-Terre et de ce qu’elle propose. L’immersion est totale. Pour un premier open-world, FromSoftware s’en est extrêmement bien sorti.
Cependant, malgré une totale maîtrise de l’ambiance, certains petits détails peuvent éventuellement nous rappeler que l’Entre-Terre n’est qu’une fiction. Par exemple, des zones sont faites pour avoir une météo précise. Au nord de Nécrolimbe, le vent souffle très fort. Et malheureusement, la zone est délimitée, ce qui rend la météo peu naturelle par moment, voire totalement artificielle. Autre petit bémol, les ennemis ont beau être très punitifs, ils se démotivent aussi très rapidement. S’éloigner un petit peu suffit à ce qu’ils retournent vaquer à leurs occupations initiales. Enfin, sur la version PS5 du jeu, il faut noter des légères chutes de frame rate. ce n’est pas dérangeant car très rare, mais il faut tout de même le prendre en compte.
La direction artistique : cette douce violence unique à Elden Ring
Ce n’est plus un secret, les jeux FromSoftware possèdent un sens du détail et une direction artistique grandiose. Le petit dernier vient perfectionner cet art que peu de studios possèdent réellement. Comme pour chaque titre, Elden Ring vient nous frapper visuellement par une créativité folle. À travers les panoramas que le jeu nous propose, nous pouvons sentir toute l’inspiration et l’héritage qu’a apporté George R. R. Martin (cf : dossier FromSoftware). Le travail de Hidetaka Miyazaki et ses équipes nous prouve aussi encore une fois tout ce que les Souls-like ont à nous offrir. Et nous pouvons facilement ajouter qu’Elden Ring est sans aucun doute l’un des jeux les plus généreux sur le plan artistique.
Cela commence avant tout par une grosse narration environnementale. Que ça plaise ou non, la direction artistique sert énormément le scénario en permettant une manière inédite de raconter une histoire. Chaque objet, chaque ruine, chaque donjon veut nous dire quelque chose. Mais la direction artistique ne s’arrête pas qu’à ça. Jamais la musique n’avait été aussi bien utilisée dans une production FromSoftware. Elle prend énormément de place dans le jeu et se permet aussi de raconter des choses. Par exemple, Nécrolimbe possède une musique assez douce avec une teinte d’angoisse. Elle nous rappelle le réveil du personnage, le début d’un long voyage. Le thème de Caelid est bien plus angoissant, avec des chuchotements semblables à une manifestation de la douleur du ciel qui saigne pour l’éternité. Enfin, la musique devient plus forte en intensité, plus formelle quand on se rapproche d’un demi-dieu (mention spéciale au thème de l’Esprit Ancestral Royal). Il y a aussi une présence constante des bruits de la nature. Le vent, les scarabées, les monstres, tout ce qui peut faire du bruit manifeste sa présence par ce biais. Cela permet à l’Entre-Terre d’exprimer tout ce dont elle regorge.
La direction artistique propre à FromSoftware prouve encore une fois que les graphismes n’ont pas besoin d’être au centre d’un jeu pour en dégager toute la beauté. Elden Ring n’est certainement pas le jeu le plus beau, mais la direction artistique proposée est telle que la question des graphismes est automatiquement rétrogradée au second plan.
Le gameplay : quand l’exigence devient accueillante
Sans perpétuer le débat autour de la difficulté, Elden Ring est effectivement plus abordable. Il n’est pas plus simple, loin de là. C’est d’ailleurs l’un des FromSoftware les plus difficiles. Le jeu mêle rapidité, dextérité et réflexe. Mais malgré cela, Elden Ring est beaucoup moins frustrant. Les moins habitués du genre peuvent désormais explorer de fond en comble une région pour améliorer le plus possible leurs personnages. Ainsi, les boss pourront être abordés différemment et le joueur pourra bien mieux se préparer. Cela fait d’Elden Ring un titre bien plus accessible pour les débutants. Les combats sont d’ailleurs très intéressants. Face à des ennemis variés, vous vous retrouverez constamment en tension face à l’inconnu. Connaître les patterns de tout le bestiaire sera donc un travail long et fastidieux, mais d’une extrême richesse.
Pour les combats, vous aurez différentes possibilités. Il y a la manière classique des Souls, autrement dit le corps-à-corps, et une partie plus abordable, la magie. Elden Ring vous proposera de nombreuses armes et de nombreux sorts qui vous permettront de combattre de la manière dont vous le décider. Il y encore une fois un effort pour les néophytes puisque les sorts de magie sont bien moins rares que dans les autres jeux. Nous nous retrouvons très rapidement avec plus de sorts que d’armes de corps à corps. Il y a cependant un certain équilibre dans les objets à trouver, ce qui permet aux joueurs de jouer comme ils le souhaitent.
En parlant des objets à ramasser, FromSoftware a renouvelé sa formule. Au revoir les anneaux, dites bonjour aux talismans. Ces derniers vous proposeront certains avantages similaires à ceux des années Dark Souls. Ils sont très intéressants pour exploiter le jeu correctement, que ce soit dans les combats mais aussi durant l’exploration. Vous aurez aussi la possibilité d’invoquer des alliés grâce aux invocations d’esprits. Ils vous seront d’une grande aide lors d’un combat trop difficile. D’ailleurs, si vous choisissez avec stratégie vos invocations, le combat peut être bien plus facile. Là aussi, nous avons une alternative au mode facile dans les jeux FromSoftware. Vous pourrez aussi booster vos armes grâces aux cendres de guerre. Celles-ci auront effet sur les capacités spéciales de vos armes ainsi que leurs dégâts. Enfin, vous aurez la possibilité de ramasser une fiole de salut miraculeux. Grâce à cette fiole, vous pourrez mixer des larmes de cristal pourpre afin de rendre votre personnage plus puissant sur une durée limitée.
Toutes ces possibilités rendent le jeu extrêmement riche et complet manette en main. Il y a constamment des choses à essayer sur votre personnage. Des capacités, des sorts, des armes. Cela va non seulement diversifier l’expérience du jeu, mais aussi agrandir la durée de vie du jeu qui est déjà écrasante si vous vous amusez à tout explorer. Si vous couplez ces fonctionnalités à la forge, vous disposez alors de fonctionnalités infinies dans la construction et la personnalisation de votre personnage. Mention spéciale à la possibilité de changer l’apparence de son personnage, même après le début du jeu. Cette possibilité est des plus appréciables.
CONCLUSION
Elden Ring
Elden Ring est une expérience unique qui se développera dans le temps. Comme chaque titre du studio FromSoftware, c'est un jeu exigeant. Cependant, Elden Ring a le mérite de tenter de nouvelles choses, autant dans son gameplay, dans son accessibilité et dans son open world. La note de 10 se justifie par un jeu totalement maîtrisé. Il y a certes des défauts, mais ils sont très peu marquants et minimes face à l'immensité du jeu et de ses propositions, autant sur le plan artistique que sur le plan technique. FromSoftware vient de créer l'expérience ultime du Souls-like. Son open world est, lui, une première porte d'entrée vers un futur radieux, une reconstruction et une refondation de ce que doit être un monde ouvert. Chez PlayStation Inside, c'est un grand oui.
LES PLUS +
- Un open world immersif qui fonctionne.
- Une grande diversité du bestiaire.
- Une histoire intéressante et prenante.
- L'exploration est grandement récompensée.
- Un gros effort mobilisé pour les débutants.
- Des boss très nombreux.
- Une personnalisation du personnage très riche.
- Visuellement très beau.
LES MOINS -
- Des petites chutes de frame rate.
- Des ennemis un peu flemmards.
- Une météo trop délimitée.
- Des mini-boss qui se ressemblent un peu trop.
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