S’il y a bien une chose qui restera dans les annales avec la PlayStation 5, c’est que la console a fait d’un remake son porte-étendard lors de son lancement dans le monde entier. Quand une nouvelle console sort, on s’attend tous à avoir de la nouveauté, de l’innovation, ou à la limite une grosse suite d’une licence bien connue. Mais avec la PS5, c’est bel et bien le remake de Demon’s Souls qui remplit le rôle, au moins sur le plan symbolique, du jeu faisant majoritairement acheter la console. Et si ce que vous venez de lire peut faire penser qu’avoir un remake, aussi bon soit-il, comme fer de lance d’une nouvelle console est une mauvaise chose, sachez qu’il n’en est rien. À l’heure des jeux services en tous genres dans le jeu vidéo et du nombre de sorties toujours en augmentation d’année en année, on en vient parfois même à ne plus avoir le temps de penser au passé, au patrimoine vidéoludique. Ce dossier est l’occasion parfaite de s’attarder sur ce sujet et de faire le bilan du travail de préservation de ce patrimoine du côté de chez Sony, avant de se projeter dans l’avenir.
Le premier cas de figure
Tout d’abord, il faut répondre à une question toute simple : quel est le premier remaster/remake ayant vu le jour du côté de PlayStation? Qui a commencé à se dire qu’il fallait remettre au goût du jour un jeu du passé ? Mais avant de répondre à cette question, prenons le temps de poser ici une définition de ce qu’est un remaster et un remake dans le cadre du jeu vidéo, tel que l’on pourrait l’avoir en ouvrant un dictionnaire.
Remaster : Version améliorée d’un jeu vidéo, réalisée dans le but de le rendre conforme aux normes technologiques actuelles.
Remake : Version modifiée d’un jeu vidéo, réalisée dans le but de le rendre conforme aux normes technologiques actuelles.
Un simple mot pour différence, mais une différence qui change beaucoup de choses. Mais au fond, voyez la différence entre le remake et le remaster comme une différence de méthode afin d’arriver à un but commun : rendre le produit culturel conforme aux normes technologiques actuelles. Notez qu’il existe aussi les portages, que l’on qualifiait de conversions du temps où l’arcade était dans sa belle époque, mais c’est un domaine annexe qui n’a fondamentalement pas le même but qu’un remaster/remake. Un portage/conversion ne consiste qu’à sortir un jeu tel quel sur une autre plateforme. Les différences entre les deux versions du jeu ne sont que la conséquence de ce portage. En somme, l’intention de départ n’est pas du tout la même.
Maintenant que tout ceci est établi, revenons désormais à notre question initiale : quel est le premier remaster/remake réalisé par PlayStation ?
Et bien il s’agit de MediEvil Resurrection sur PSP, sorti le 1er septembre 2005. C’est un remake du premier opus sorti en 1998 sur PS1. Ce dernier est développé par SCE Cambridge Studio et édité par SCE. Si vous voulez en savoir plus de cet ancien studio Sony, on ne peut que vous inviter à consulter la page sur l’histoire de Guerrilla Games. Sachez aussi que MediEvil a reçu en 2019 un autre remake (MediEvil) à destination de la PlayStation 4, ce qui fait tout de même de ce jeu le seul ayant été remaké deux fois dans l’histoire de PlayStation.
Quelques années plus tard, en 2008, c’est au tour du remake PSP de Star Ocean: The Second Story, intitulé Star Ocean: The Second Evolution, de voir le jour. Il s’agit du premier jeu du genre à ne pas impliquer les équipes de PlayStation, que ce soit dans le développement ou l’édition du jeu.
La même année sort Siren: Blood Curse sur PS3, qui est un cas un peu à part. C’est un jeu qui reprend en fait la base du premier épisode sorti sur PS2 en 2003, mais qui change énormément de choses au niveau de sa structure et de son contenu, ce qui en fait un jeu très différent du Siren original de la PS2, sur lequel est basé Blood Curse. C’est une forme de remake qui n’est pas très éloignée d’un jeu que l’on abordera vers la fin de ce dossier.
Nous arrivons ensuite en 2009, pour voir arriver une nouvelle entrée dans la longue liste des remaster/remake made in Sony. Il s’agit de la God of War Collection, qui regroupe God of War et God of War II, deux jeux PS2 ayant vu respectivement le jour en 2005 et en 2007. La collection sort précisément le 17 novembre 2009 aux États-Unis et le 30 avril 2010 chez nous, et a pour but d’introduire le public à la série en prévision de God of War III, qui sort le 16 mars 2010.
Un autre fait notable de cette collection est que sa sortie sur le PSN le 2 novembre 2010 en fait la première collection de remaster à voir le jour sur le PSN, mais surtout, fait de God of War et God of War 2 les premiers jeux originaires de la PS2 à arriver sur le PSN.
C’est donc fin 2005 que tout a commencé chez Sony. Le célèbre remake Gamecube du premier Resident Evil réalisé par Capcom étant sorti le 22 mars 2002 au Japon, Sony est donc loin d’être la première entreprise de l’industrie à avoir réalisé un remaster/remake. Quoi qu’il en soit, la longue et belle collaboration entre Sony et Bluepoint commence en 2009.
C’est aussi à ce moment-là que tout se structure avec le lancement du label « Classics HD » à la suite de cette God of War Collection. En effet, suite au succès de cette dernière, Sony continue dans la lancée du remaster en créant ce label dont le nom sera d’ailleurs exclusif à l’Europe, puisque l’on parle plutôt de « Remastered in High Definition » ou de « HD Collection » dans le reste du monde. Une autre raison de la création de ce label est le fait que les CD PS2 ne sont plus compatibles avec la PS3 à partir des modèles sortis après août 2007.
2011 comme véritable point de départ
La première série à ressortir sous la bannière « Classics HD » est The Sly Trilogy avec une publication le 8 novembre 2010. Contrairement à la God of War Collection, c’est le studio Sanzaru Games qui s’occupe de cette nouvelle compilation.
Si l’on revient un peu en arrière, il est bon de noter que la première licence provenant d’un éditeur tiers à voir son remaster sortir sur une console de salon PlayStation est Prince of Persia, avec sa version Classic, qui sort sur le PSN de la PS3 le 13 juin 2007. Quelques années plus tard, c’est au tour de la série des Tomb Raider de rejoindre les rangs des remasters provenant d’éditeurs tiers dans l’écosystème PlayStation. Concrètement, ce sont les jeux de la deuxième époque de la licence (Tomb Raider: Legends/Anniversary/Underworld) qui sont regroupés dans une collection intitulée The Tomb Raider Trilogy pour une sortie le 22 mars 2011.
2011 marque aussi l’arrivée des premiers remaster de jeux PSP sur PS3 avec Monster Hunter Portable 3rd (uniquement au Japon) et God of War: Origins Collection intitulé God of War Collection volume 2 chez nous. Cependant, même si cette nouvelle collection God of War fait exception à la règle, SCE Japan annoncera bel et bien que les gammes des remaster de jeux PSP n’auront pas le support des trophées.
2011 est de même l’année où deux autres gros projets de remasterisation arrivent sous le label « Classics HD » chez nous : The Ico & Shadow of the Colossus Collection et la Metal gear Solid HD Collection, qui comprend Metal Gear Solid 2: Sons of Liberty, Metal Gear Solid 3: Snake Eater et Metal Gear Solid: Peace Walker. C’est le studio Bluepoint Games qui chapeaute la quasi-intégralité de ces deux collections (à l’exception de Peace Walker). Tout l’aspect technique des jeux est revu à la hausse et bien qu’il fut tentant d’étoffer la proposition de Shadow of the Colossus en rajoutant des Colosses inédits, il n’en sera rien, et l’étape du remake ne sera donc jamais franchie par PlayStation durant la vie de la PlayStation 3.
Mais pour autant, la PlayStation 3 propose en fin de vie encore quantité de remasters concernant des licences PlayStation, à commencer par la Jak and Daxter Collection qui sort sur PS3 le 7 février 2012 et sur PS VITA le 18 juin 2013. Vient après la Silent Hill HD Collection le 20 mars 2012, qui reprend l’épisode 2 et 3 de la série.
L’année 2013 marque ensuite, en fin de vie de la PlayStation 3, l’arrivée de Square Enix dans la course au remaster. La série Final Fantasy va notamment voir son dixième épisode ainsi que sa suite arriver sur PS3 le 26 décembre 2013 au Japon. Intitulés Final Fantasy X/X-2 HD Remaster, les deux jeux sont proposés dans leur version internationale, ce qui permet d’avoir pour la première fois accès à du contenu inédit en dehors du Japon, comme Last Mission pour Final Fantasy X-2. Les musiques sont aussi en grande partie réorchestrées et les jeux passent bien évidemment en HD et en 16/9. Mais au delà de Final Fantasy, il y a une autre série que Square Enix va longuement remettre au goût du jour, et surtout, enfin centraliser sur une seule et même console.
Le cas Kingdom Hearts
Square Enix emballe la machine à remasters avec Kingdom Hearts HD 1.5 ReMIX et Kingdom Hearts HD 2.5 ReMIX. Il s’agit de deux compilations de 3 jeux, chacune représentant un arc chronologique de la série. Cette compilation est aussi le point de départ de cette volonté de rassembler tous les jeux de la série sur une même plateforme, à savoir la PlayStation 3. Il est vrai qu’aujourd’hui, il est franchement inconcevable de devoir posséder jusqu’à cinq appareils différents pour pouvoir jouer à tous les jeux d’une même série. Kingdom Hearts HD 1.5 Remix est annoncé le 20 septembre 2012 au Tokyo Game Show et sort le 10 septembre 2013 aux États-Unis. Kingdom Hearts HD 2.5 Remix est quant à lui annoncé le 14 octobre 2013 au D23 Expo et sort le 2 octobre 2014 au Japon.
La première compilation atteint quasiment les 2 millions d’exemplaires vendus, tandis que la deuxième finit vers les 1,25 millions de ventes. À une époque où les remasters sont encore loin d’être légion, les chiffres sont très bons, et on voit très clairement qu’il y a une demande pour un dépoussiérage massif des « vieux jeux » sortis avant l’ère de la HD et du 16/9. Pour l’anecdote, les deux premiers Kingdom Hearts sortis sur PS2 était donc encore en 4/3 (une image carrée). Pour passer les jeux en 16/9 (image rectangulaire), il faut recréer la matière manquante, ce qui a par exemple demandé de refaire intégralement les menus des jeux, malgré le fait qu’ils étaient déjà en HD. Tout ça pour dire que cela prend vite beaucoup de temps de remasteriser un jeu qui n’a pourtant qu’une dizaine d’années.
Il y a maintenant un fait intéressant de ces deux compilations sur lequel il faut s’attarder, car nous sommes sur un cas de figure unique dans l’industrie qui pose beaucoup de questions. Si vous n’y connaissez rien à Kingdom Hearts, la suite va être difficile à comprendre, mais allons-y malgré tout. Dans chacune des deux compilations, un des trois jeux a reçu un traitement très spécial qui est le suivant : la transformation d’un jeu vidéo classique en un film.
Voilà ce que sont devenus Kingdom Hearts 358/2 Days dans Kingdom Hearts HD 1.5 ReMIX et Kingdom Hearts Re:Coded dans Kingdom Hearts HD 2.5 ReMIX. Concrètement, les deux titres sont à la base des jeux Nintendo DS classiques, mais au moment d’en faire des remakes complets pour la PS3, la charge de travail était trop grosse et aurait repoussé d’un an chaque compilation.
Tetsuya Nomura, le créateur de la franchise, a par conséquent choisi de transformer les deux jeux en film ; un cas de figure totalement inédit, et qui pose la question de ce qui fait le sel d’un jeu vidéo. Est-ce son histoire, ou son gameplay ? Son aspect vidéo, ou son aspect ludique ? Il n’y pas de voie unique à suivre lorsque l’on veut faire un remake. D’ailleurs, comme les deux jeux ne sont plus des jeux dans leur version PS3, on parle du coup plutôt de remasters dans le sens cinématographique du terme. Souvenez-vous de la définition du remake que l’on a posé en début de ce dossier :
Remake : Version modifiée d’un jeu vidéo, réalisée dans le but de le rendre conforme aux normes technologiques actuelles.
Mais si le jeu n’en est plus un à l’arrivée, quand bien même sa modification est actée, peut-on encore parler de remake ? La réponse est oui. Il est toujours complexe de traiter de Kingdom Hearts, mais c’est cela qui rend cette série l’une des plus passionnantes de l’histoire du jeu vidéo, et dans le cadre de ce dossier, elle pose de vraies questions sur les possibilités et la définition d’un remaster ou d’un remake dans le jeu vidéo.
Deux jeux transformés en films lors de leur passage de la Nintendo DS à la PlayStation 3
Histoire de finir ce volet consacré à Kingdom Hearts, passons directement à la PlayStation 4 avec la dernière compilation de la série : Kingdom Hearts HD 2.8 Final Chapter Prologue. Cette dernière est annoncée le 15 septembre 2015 lors de la conférence pré-TGS de Sony. Cette fois encore, la compilation comporte trois entités : un jeu inédit, un remaster d’un jeu 3DS, et un film, ce dernier étant cette fois créé à partir de rien. Le tout sort le 12 janvier 2017 au Japon et finit son exploitation sous la barre du million d’exemplaires, même si l’on ne connait pas les ventes numériques.
Enfin, comme un signe que la PlayStation 4 est véritablement la console qui a lancé pour de bon la machine des remasters, Kingdom Hearts 1.5 + 2.5 HD ReMIX, une compilation des deux premières compilations de la série, est annoncé sur PlayStation 4, le 27 octobre 2016 durant la Paris Games Week. Si cela peut faire sourire d’avoir une compilation de compilations, elle fait néanmoins tout passer en 1080p et en 60 FPS, le tout avec des temps de chargement ridiculement petits. Cette ultime compilation sort le 9 mars 2017 au Japon et finit sa carrière à 1,2 millions d’exemplaires physiques vendus.
La PlayStation 4 emballe la machine à remaster
Maintenant que le chapitre Kingdom Hearts est fini, revenons au début de la PlayStation 4 pour voir comment tout s’est accéléré au niveau des remasters (le cas des remakes étant traité dans un second temps). On peut distinguer trois catégories de jeux ayant été remasterisés sur PS4 :
- ceux dont l’original ET le remaster sont des exclusivités PlayStation
- ceux dont l’original OU le remaster sont des exclusivités PlayStation
- ceux dont NI l’original NI le remaster ne sont des exclusivités PlayStation
La dernière catégorie ne nous concerne pas pour ce dossier, mais à titre d’exemple, le remaster de Dark Souls sorti le 24 mai 2018 ou encore Nier Replicant ver.1.22474487139 sorti le 23 avril 2021 rentrent dans cette catégorie, puisque ni les jeux d’origines ni leur remaster n’ont de liens avec l’écosystème PlayStation (même si la version 360 de NieR est introuvable depuis des années, faisant de la version PS3 une exclusivité indirecte).
Vient maintenant la deuxième catégorie, et là, un beau monde se bouscule. Pour ces jeux là, une liste simple et chronologique dans l’ordre de sortie des jeux en Europe fera l’affaire. Le côté exclusif à l’écosystème PlayStation (qui ne tiendra pas compte des versions PC) de cette liste sera précisé, puisque cet aspect change très souvent dans cette catégorie :
- Final Fantasy X/X-2 HD Remaster – 15 mai 2015 – exclusif 47 mois
- Odin Sphere Leifthrasir – 24 juin 2016 – exclusif indéfiniment
- KINGDOM HEARTS HD 2.8 Final Chapter Prologue – 24 janvier 2017 – exclusif 37 mois
- Kingdom Hearts 1.5 + 2.5 HD ReMIX – 31 mars 2017 – exclusif 35 mois
- Final Fantasy XII: The Zodiac Age – 18 juillet 2017 – exclusif 21 mois
- Yakuza Kiwami – 29 août 2017 – exclusif 32 mois
- Ōkami HD – 12 décembre 2017 – exclusif dans sa version d’origine
- Secret of Mana – 15 février 2018 – exclusif indéfiniment
- Yakuza Kiwami 2 – 28 août 2018 – exclusif 23 mois
- Onimusha : Warlords – 15 janvier 2019 – exclusif dans sa version d’origine
- Final Fantasy VIII Remastered – 3 septembre 2019 – exclusif dans sa version d’origine
- Yakuza Remastered Collection – 11 février 2020 – exclusif 12 mois
- Oddworld: Soulstorm – 6 avril 2021 – exclusif dans sa version d’origine
- Saga Frontier – 15 avril 2021 – exclusif dans sa version d’origine
- Shin Megami Tensei III: Nocturne HD – 25 mai 2021 – exclusif dans sa version d’origine
- Legend of Mana – 24 juin 2021 – exclusif dans sa version d’origine
Nous avons finalement les jeux de la première catégorie sur lesquels nous allons nous attarder un peu plus. En interne chez Sony, tout commence en 2014 avec The Last of Us Remastered. Le jeu est annoncé le 9 avril 2014 pour une sortie le 29 juillet de la même année aux États-Unis. Le titre comprend le DLC Left behind et de nombreuses améliorations, que ce soit sur le plan technique (60 FPS/1080P) ou sur le plan ludique avec la DualShock 4 qui apporte son lot de fonctionnalités (comme la light bar qui indique la vie de notre personnage). Le remaster est un succès total à la hauteur de l’original et reste aujourd’hui le 4ème jeu le mieux noté de la PS4 sur Metacritic.
Puis vient l’année 2015 où tout s’accélère, puisque nous avons droit cette année à trois nouveaux projets de remasterisation. C’est God of War III Remastered qui ouvre la marche le 14 juillet 2015 en célébration des 10 ans de la série. Le jeu comprend les DLC et dispose du duo 1080P 60 FPS en jeu. Le 7 octobre 2015, c’est au tour d’ Uncharted The Nathan Drake Collection de voir le jour. Il s’agit d’une compilation des 3 premiers Uncharted réalisée par Bluepoint Games. Les multijoueur d’Uncharted 2 et 3 ne sont pas inclus et les trois jeux sont désormais en 1080P 60 FPS. Bluepoint Games enchaîne rapidement avec l’arrivée le 19 décembre 2015 au Japon de Gravity Rush Remastered. Le remaster inclut les DLC et a pour but de proposer Gravity Rush à un public bien plus large que celui de la PS VITA, même si on sait que la série n’a jamais décollé plus que ça en terme de ventes.
La deuxième salve de remasters made in Sony arrive en 2017 avec des projets plus confidentiels, puisque cela ne concerne que des jeux de plus petite envergure. On commence tout de même avec le premier jeu PS1 à revoir le jour sur nos consoles modernes, à savoir PaRappa the Rapper, dont le remaster sort le 4 avril 2017. Viennent ensuite LocoRoco Remastered le 9 mai 2017 et Patapon Remastered le 1 août 2017. Il s’agit de deux jeux indépendants provenant de la PSP ayant reçu des critiques positives. L’année 2017 se termine avec The Jak and Daxter Collection qui comprend tous les jeux Jak and Daxter de la PlayStation 2.
Rien en 2018, puis vient 2019 avec le deuxième remake de MediEvil. Le jeu ne fait pas beaucoup de bruit, tout comme le dernier remaster réalisé par Sony sur PS4, à savoir Patapon 2 Remastered, qui sort le 30 janvier 2020. En interne, Sony aura tout de même eu pas moins de dix projets de remasters tout au long de la PlayStation 4.
La cap du remake est franchi
Si le remake de Resident Evil (appelé Rebirth chez nous à cause de Joypad) sorti en 2002 sur Gamecube est un cas extrêmement isolé, la vraie machine à remake ne va prendre que petit à petit à partir de 2015, avec des projets internes chez Sony tout comme des projets d’éditeurs tiers. Dans les deux cas, les projets sont de plus en plus ambitieux et nous allons d’abord nous attarder sur les projets de Sony.
Tout commence en douceur avec Tearaway Unfolded, un remake de Tearaway sur PS VITA des équipes de Media Molecule. Ce qui différencie ce projet du remaster de Gravity Rush est qu’au-delà de l’adaptation du jeu pour la PS4 et sa DualShock 4, beaucoup d’éléments de gameplay ainsi que certains contenus ont été rajoutés au jeu, là où il n’y a eu aucun ajout du côté de Gravity Rush. L’expérience est donc bien différente sur cette version, et Unfolded est bien un remake. Le jeu sort le 9 septembre 2015 et amorce doucement une belle épopée de remakes sur la PlayStation 4.
Le deuxième Remake arrive le 12 avril 2016 avec Ratchet and Clank. La notion du remake est cette fois renforcée puisque le jeu n’a franchement plus grand-chose à voir avec sa version d’origine parue le 4 novembre 2002 sur PlayStation 2. Visuellement, le jeu est transcendé même si nous ne sommes pas encore en 60 FPS sur PS4 (c’est le cas sur PS5), mais surtout, le jeu n’a plus du tout le même contenu et le scénario change lui aussi. Certaines planètes sont tout simplement retirées tandis que d’autres font leur apparition. Le jeu est globalement plus court que sa version PS2 et propose tout simplement une expérience différente. Certains parlent d’ailleurs d’un reboot de la série, mais le fond du jeu reste strictement identique à l’original, seule la forme a changé, et Rift Apart s’inscrit lui aussi comme un Ratchet classique de l’ère PS2. Au final, la série Ratchet n’a jamais changé sa proposition d’un point de vue ludique depuis le remake PS4. Quoi qu’il en soit, Ratchet and Clank version 2016 se vend à plus de 5 millions d’exemplaires, ce qui en fait un énorme succès.
Deux ans plus tard, le plus gros projet de remake chapeauté en interne par Sony voit le jour. Après une annonce tonitruante durant l’E3 2017, le remake de Shadow of the Colossus débarque le 6 février 2018 sur PlayStation 4. Le jeu permet de voir très clairement la différence sur le plan technique entre un remaster (la version PS3 de 2011) et un remake. Cette fois-ci, fini le lifting graphique, on refait tout depuis le début. Tous les assets sont refaits, et l’équipe se base intégralement sur la version PS2 vieille de plus de 12 ans pour ce qui est du code et de la direction artistique. En plus d’une refonte graphique totale, Bluepoint Games, à l’origine du remake, ajoute également un nouveau mode de contrôles afin de rendre le jeu plus moderne sur sa prise en main. Enfin, ils ajoutent également du contenu non présent dans le jeu d’origine, et cela se traduit par l’ajout de 79 pièces à collecter dans le vaste monde du jeu afin d’obtenir l’épée de Dormin, inédite dans ce remake.
Même si l’on n’a pas les chiffres de ventes pour ce magnifique remake de Shadow of the Colossus, les 3 remakes réalisés chez Sony sont de très bonne facture et ne font que monter en gamme durant toute la vie de la PlayStation 4. Mais avant de passer à la PlayStation 5, il reste à voir ce que les éditeurs tiers ont réalisé comme remakes à destination plus ou moins exclusive de la PS4. Comme il y en a beaucoup moins que les remasters, on a va aller plus loin qu’une simple liste.
Le duo Crash/Spyro
C’est un cas particulier, puisque les deux licences sont nées dans des studio internes à Sony, mais se sont retrouvées dans le catalogue d’Activision depuis 2008. Les deux gros remakes qui vont suivre viennent donc d’un éditeur tiers.
On commence avec Crash Bandicoot: N. Sane Trilogy, qui regroupe les 3 premiers Crash Bandicoot de la PS1. Le jeu sort sur PlayStation 4 le 30 juin 2017 et restera une exclusivité jusqu’à sa sortie sur tous les autres supports le 29 juin 2018, soit un an plus tard. Les trois remakes réalisés par le studio Vicarious Visions sont intégraux, puisque l’on passe tout de même d’un point de vue technique de la PS1 à la PS4. Les jeux sont superbement refaits et remettent sur le devant de la scène une série qui n’avait plus reçu de nouveaux jeux depuis Crash Bandicoot Nitro Kart 2 sur iOS le 26 mai 2010. En février 2019, la N. Sane Trilogy passe le cap des 10 millions d’exemplaires vendus, ce qui est tout de même colossal.
Pour ce qui de Spyro, on prend les mêmes et on recommence, sauf que c’est cette fois le studio Toys for Bob qui s’occupe de réaliser le remake intégral des trois Spyro de la PS1. Cela donne Spyro Reignited Trilogy qui sort le 13 novembre 2018 sur PS4 et sur Xbox One. Le jeu n’a donc jamais été une exclusivité, mais les remakes de Spyro refont aussi émerger une série qui n’avait plus rien eu depuis 2008, soit 10 ans. Au niveau des ventes, on sait juste que le jeu a atteint le million durant sa première semaine de commercialisation, mais on se doute qu’il n’atteindra pas les chiffres de la N. Sane Trilogy.
Pour en finir avec ces deux licences, Crash a été un peu plus gâté que Spyro, puisque CTR (Crash Team Racing) s’est vu lui aussi doté d’un remake sous-titré Nitro Fueled le 21 juin 2019 sur tous les supports. Cette ancienne exclusivité de la PlayStation a été intégralement refaite par le studio Beenox, et sur le plan technique, le jeu est forcément transcendé par la puissance de la PS4 et se voit aussi doté de beaucoup de contenus inédits, notamment en termes de personnages jouables. Cependant, le jeu intégrera une politique de microtransactions qui aura beaucoup de mal à passer. Côté ventes, certaines estimations tablent sur plus de 6 millions d’unités vendues toutes plateformes confondues, mais tout cela n’est pas officiel.
Avant de passer à notre dernier cas de remake sur PlayStation 4, faisons rapidement la mention des Remakes de Resident Evil 2 et de Resident Evil 3. Ces deux anciennes exclusivités PlayStation on reçu coup sur coup leur remake, à commencer par celui de Resident Evil 2 qui sort le 25 janvier 2019, suivi un peu plus d’un an plus tard de celui de Resident Evil 3 avec une sortie le 3 avril 2020. De la même façon que pour Crash et Spyro, on passe de la PS1 à la PS4, ce qui en fait des remakes intégraux qui sont très différents de leur version d’origine. Cela impacte même cette fois le gameplay, puisque les deux jeux passent à une vue à la troisième personne. Ils se vendent respectivement à 8,1 et 3,6 millions d’exemplaires. Mine de rien, tous les remakes abordés dans ce dossier sont des réussites qui prouvent que préserver le patrimoine vidéoludique a du bon.
Place maintenant à un jeu qui s’inscrit dans une logique similaire à Siren Blood Curse, que l’on a vu au début de ce dossier.
Quand la notion de remake devient floue
Bon, on touche ici à un sacré sujet, mais à la manière du cas Kingdom Hearts, Tetsuya Nomura ne fait véritablement jamais les choses comme les autres. Tout le monde vous dira que Final Fantasy VII Remake est un remake, comme indiqué sur la jaquette. Sauf qu’il y a de grandes chances que ce soit plus nuancé que cela. Ce qui va suivre n’est pas officiel, mais grâce à l’expertise de ceux connaissant parfaitement l’univers de Final Fantasy VII et le visionnage de certaines cinématiques du remake, il est fort probable que le jeu dépasse ce cadre.
Concrètement, c’est la présence des fileurs, sortes de fantômes inexistants dans le jeu d’origine, qui sème le doute. À chaque fois que le scénario du remake diverge de l’original, ces fantômes débarquent pour remettre les choses dans le droit chemin. Si dans la première partie du remake, le scénario d’origine est maintenu, le résultat du boss de fin du jeu laisse penser qu’il n’en sera pas de même pour la partie 2. En plus de cela, certains personnages semblent clairement conscients des évènements futurs. Résultats, certains joueurs pensent que l’on est dans une réalité alternative, tandis que d’autres diront que ce remake est en fait la suite du jeu d’origine. Nous n’aurons pas la réponse avant un bon moment, mais il faut reconnaître que le remake de Final Fantasy VII n’est pas comme les autres.
Comme si cela ne suffisait pas, il existera bientôt des jeux qui auront la problématique inverse de Final Fantasy VII Remake. Là où ce dernier se fait passer pour un remake alors qu’il n’en est peut être pas un, d’autres se font passer pour de nouvelles licences alors que ce sont des remakes. Comme ces jeux ne concernent pas PlayStation, on ne va pas s’attarder dessus, mais quand on voit Back 4 Blood ou encore Bomb Rush Cyberfunk, difficile de ne pas y voir un Left 4 Dead 3 ou encore un nouveau Jet Set Radio. Reste à voir si d’autres jeux de ce genre vont fleurir dans les années à venir.
L’avenir des remakes
Partons désormais sur la PlayStation 5 pour finir ce dossier. Comme dit en introduction, la PS5 s’est vue dotée d’un remake de Demon’s Souls de grande ampleur afin de fêter la naissance de la neuvième génération de console. Le jeu est annoncé le 11 juin 2020 durant l’évènement ayant levé le voile sur la PlayStation 5, et les images montrées faisaient déjà état du monstre technique qu’a été ce remake. On sent qu’on est passé sur PS5 lorsque l’on se promène dans le monde dévasté de Boletaria, tant tout le jeu a été refait tout en préservant le feeling de la version PS3. Pour rentrer dans le détail du travail de remake de Bluepoint, voici ce qui a été intégralement retravaillé :
- Tous les assets, c’est la base d’un remake.
- La musique auparavant digitale est cette fois intégralement orchestrale et réarrangée.
- Tout les dialogues ont été redoublés.
- Les animations en motion capture ont intégralement été refaites.
En plus de tout cela, Bluepoint rajoute plus de contenus inédits que ce qui avait été fait sur le remake de Shadow of the Colossus. C’est du contenu annexe, mais ceux voulant s’attarder dessus en auront pour plus que quelques heures de jeu supplémentaires. Côté technique, le jeu utilise toutes les fonctionnalités de la DualSense et peut se jouer en 4K 60 FPS avec des temps de chargement présents à titre symbolique.
En plus de ce remake de Demon’s Souls, Insomniac Games a travaillé pour sortir en parallèle Marvel’s Spider-Man Remastered, qui comme son nom l’indique, vient grandement élever le niveau technique de l’opus PS4 de l’homme-araignée. Une particularité de ce remaster est tout de même d’avoir modifié complément le visage de Peter Parker, ce qui techniquement, est plus de l’apanage d’un remake. Encore un cas de figure particulier.
Voilà donc où nous en sommes aujourd’hui. La grosse question qui se pose est notamment celle concernant le prochain projet de Bluepoint Games. On ne va pas faire de prédiction ici sur ce projet mystère ni sur le rachat ou non du studio par PlayStation. Ce qui est cependant sûr avec la PlayStation 5, c’est qu’elle accueillera de beaux projets de remake/remaster, à la différence que la proportion de remake devrait cette fois être plus importante par rapport à ce qui s’est fait sur la PlayStation 4.
Vous l’aurez normalement compris à la lecture de ce dossier, il y a une nette évolution au niveau de la quantité et de l’ambition des remaster/remake depuis les débuts assez calmes de la PlayStation 3. Il ne faut bien évidemment pas que ça, mais la préservation et surtout la restauration de tous ces gameplay et concepts ludiques qui ont largement leur place dans notre décennie est un travail important. N’hésitez pas d’ailleurs à nous dire sur notre Discord ce que vous souhaitez voir arriver comme remake ou remaster durant cette génération de console. Et puis qui sait, peut être que Silent Hill reviendra bien un jour…
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