Discret depuis son départ de PlayStation en septembre 2019, Shawn Layden commence depuis quelques semaines à réapparaître dans l’actualité de l’industrie. En juillet, il accordait une interview à Game Industry dans laquelle il émettait des doutes sur le modèle du Game Pass de Microsoft, et sur la viabilité du système en général, poussé vers une augmentation exponentielle des coûts. Cette fois, c’est à Bloomberg qu’il a dit quelques mots, pour expliquer les raisons derrière la fin de son aventure chez PlayStation, ainsi que pour faire une nouvelle fois une analyse de l’état du monde du jeu vidéo.
Dirigeant historique de PlayStation, Shawn Layden a supervisé les lancements et les vies de 6 consoles. Il a notamment influencé le succès de la PlayStation 4, tant au niveau de la communication que du développement des PlayStation Studios, qui sont aujourd’hui une marque dans la marque. Alors qu’il semblait éternel, son départ a été annoncé en septembre 2019 à la surprise générale, avec Jim Ryan pour remplaçant.
Sur ce point, Shawn Layden a tenu à éclairer les raisons derrière la surprise :
C’est un travail de jeune. J’ai senti que c’était le bon moment pour partir et laisser un bel héritage. Après avoir supervisé le développement de jeux tels qu’Horizon Zero Dawn et God of War, ainsi que d’avoir géré la vie de la PS4, le moment semblait parfait pour laisser la place à une autre génération, qui se chargerait du lancement de la PlayStation 5.
Shawn Layden pour Bloomberg
Interrogé sur sa relation avec Jim Ryan, dont la rumeur dit qu’ils s’appréciaient peu et que son départ pouvait y être lié, Shawn Layden a quelque peu botté en touche :
Je pense que je suis parti au moment où c’était le plus pertinent. Et je ne pourrais être plus heureux aujourd’hui !
Shawn Layden pour Bloomberg
L’état de l’industrie
Outre sa situation personnelle, Layden a aussi abordé avec Bloomberg, après ses déclarations de juillet, sa vision de l’industrie à travers son travail chez Streamline Media Group. Pour lui, l’avenir du jeu vidéo se situe dans la notion de « métaverse », c’est-à-dire dans l’intersection avec les autres médias (comme le fait par exemple PlayStation Productions).
Cependant, sa plus grande inquiétude est celle de la soutenabilité du jeu vidéo, qui s’engage dans une course à l’augmentation des coûts qui pourra un jour devenir une bulle économique, au risque de se transformer en crise.
Si on ne peut stopper cette course budgétaire, on peut au moins essayer d’en atténuer les risques. Le problème avec cette course est qu’elle pousse à privilégier sans cesse les suites. Je pense que les exclusivités de la PS5 coûteront 200 millions de dollars en production dans les années à venir.
Shawn Layden
Dans ce sens, le fait de privilégier ce qui marche pousse forcément à donner de l’importance aux trois ou quatre genres qui « rapportent », en « laissant toute variété de côté ». Pour éviter cela, Layden pointe notamment vers les PlayStation Studios, qui sous sa direction et aujourd’hui, continuent de produire des titres variés et avec du gameplay diversifié.
Ainsi, les propos de Layden trouvent-ils un écho dans l’industrie de nos jours, où il n’est pas le seul à alerter sur les dangers de l’uniformisation. Êtes-vous d’accord avec lui, ou pensez-vous au contraire que l’industrie va dans le bon sens ?