La polémique autour du jeu « Six days in Fallujah » continue. Après l’annonce de la reprise du développement en février, la controverse atteint désormais les éditeurs, dont Sony, qui a été appelé à ne pas publier le jeu.
Dès son annonce, Six days in Fallujah a fait grande polémique. Le jeu est censé permettre aux joueurs de revivre la seconde bataille de Fallujah, du nom d’une ville irakienne qui fut le théâtre d’affrontements entre l’armée américaine et des insurgés irakiens entre novembre et décembre 2004. Considérés aujourd’hui encore comme l’une des plus importantes batailles militaires du XXIᵉ siècle, les combats à Fallujah se sont soldés par une prise de la ville au profit des Américains, qui la décrivent depuis comme leur plus difficile affrontement depuis la bataille de Hue, au Vietnam en 1968.
Vu le résumé fait ci-dessus et le fait que d’importants soupçons de maltraitance et même de torture pèsent sur l’armée américaine concernant Fallujah, vous comprendrez aisément la polémique que l’existence d’un tel jeu a pu provoquer, surtout que le postulat est d’incarner des soldats américains. C’est pourquoi Konami, premier éditeur du jeu, avait annoncé son désistement en avril 2009. Repris par Atomic Studio, son studio de développement au départ, Six days in Fallujah a ensuite été prévu pour 2010, avant que la banqueroute du studio ne remette tout en cause.
Ce qui nous ramène à 2021, et à la reprise du développement par Highwire Games, un studio composé d’anciens de Halo et Destiny. Soutenu par l’éditeur Victura, le jeu doit sortir à la fin de l’année 2021 sur PC, PlayStation et Xbox.
Aujourd’hui, la nouvelle controverse qui nous intéresse vient de l’Oncle Sam. Là-bas, le Conseil des Relations Américano-Islamiques (Council on American-Islamic Relations – CRAI), la plus grande association de défense des droits civiques des musulmans aux États-Unis, a publié un communiqué dans lequel il demande officiellement à PlayStation, Xbox et Valve de ne pas éditer Six days in Fallujah. Décrivant le jeu comme une « simulation de meurtres des Arabes », le CRAI a parlé d’évènements trop douloureux, et d’un jeu qui révèle « l’islamophobie de l’industrie du jeu vidéo, et qui pourrait aider à une plus forte normalisation des violences envers les musulmans en Amérique et dans le monde ».
Toujours dans son communiqué, le CRAI demande à l’industrie d’arrêter de « déshumaniser les musulmans, de glorifier une violence qui a coûté la vie à tant d’Irakiens, grâce à un jeu qui justifie la guerre d’Irak et renforce le sentiment anti-musulman à un moment critique où la xénophobie à l’égard des musulmans est un sujet brûlant. Pour ce fait et le reste », a conclu le CRAI, « nous appelons PlayStation, Xbox et Valve à ne pas éditer le jeu ».
Pour l’instant, ni Sony ni aucun autre éditeur n’ont réagi. Nous vous informerons bien entendu de leur réaction s’ils décident d’en faire une.