Hier soir, PlayStation Inside et CinéVerse étaient à l’avant-première française d’Uncharted, au Grand Rex de Paris. Fidèle à l’esprit de la saga vidéoludique tout en sachant être audacieux, Uncharted montre le chemin parcouru dans le milieu de l’adaptation de jeu vidéo au cinéma. Sans être évidemment parfait, le film donne enfin quelques lettres de noblesse à ce genre cinématographique.
NB : la critique est SANS SPOILERS. Elle a été réalisée par notre rédacteur Gounanne, et contient aussi des encarts dans lesquels deux des trois rédacteurs ayant vu le film (Kémy Mbelek et Stottlemeyer) donnent leur avis personnel.
Plus d’une décennie après le début de son développement, Uncharted, réalisé par Ruben Fleischer et avec Tom Holland et Mark Walhberg dans les rôles principaux (respectivement Nathan Drake et Victor Sullivan), sortira sur grand écran le 16 février, sous la nouvelle bannière PlayStation Productions, qui gère, avec Sony Pictures, les adaptations de licences de jeu vidéo de PlayStation au cinéma. Le long-métrage aborde, chose presque inédite, la jeunesse de Nathan Drake et le moment charnière de sa rencontre avec Victor “Sully” Sullivan (d’une manière différente que dans les jeux), qui va l’introduire dans le monde des chasseurs de trésor.
Une adaptation fidèle
La saga Uncharted avait pris un tournant avec la sortie d’Uncharted 4: A Thief’s End en 2016 et Uncharted : Lost Legacy en 2017. Contrairement aux trois premiers jeux, ces deux derniers avaient fait, sous la direction de Neil Druckmann, un pas en avant en termes de profondeur et de maturité d’écriture, que ce soit dans les relations entre les personnages principaux ou dans les motivations des antagonistes.
Le film Uncharted développe ainsi un héritage intéressant par rapport aux jeux, en suivant les pas matures des deux derniers tout en rendant à l’écran toute la magnitude et l’irréalisme assumé de l’action des trois premiers. De ceux-ci, Ruben Fleischer retient surtout le mélange entre humour et moments plus touchants. Sa réussite est celle d’avoir trouvé un équilibre entre l’ensemble de ces notions, alors que la promotion du film pouvait faire penser le contraire.
Ainsi (et dans cette partie se retrouveront plus les fans des jeux que ceux qui verront le film sans y avoir touché), Uncharted reste plutôt fidèle à l’esprit de la franchise de Naughty Dog. Comme dans cette dernière, Uncharted mêle des scènes d’action souvent spectaculaires et parfois même plus impensables qu’un Mission Impossible avec des moments d’exploration et d’autres d’énigmes. Cette recette, éculée dans le jeu vidéo comme au cinéma, ne fait certes pas d’étincelles (rendant parfois le scénario plutôt prévisible) mais reste menée avec efficacité.
De même, la fidélité aux jeux se retrouve aussi dans la manière dont Ruben Fleischer a dirigé ses acteurs. Avec un florilège de “oh crap” propres à Nathan Drake, Tom Holland convainc en aventurier de l’extrême. Comme il l’a dit lui-même, la fidélité de son interprétation n’en est pas moins un gage de totale qualité, car il a parfois pu privilégier l’action et la “pose” au détriment de l’interprétation. De son côté, si Mark Walhberg fait le job en Sully, son personnage souffre de la classification du film – qui se veut accessible à tous les publics – qui l’empêche d’enchaîner les blagues salaces et remarques incongrues pour lesquelles il est connu dans les jeux.
Une distance suffisante pour se construire une identité propre
Au cours de la promotion du film, Ruben Fleischer mettait le doigt sur le problème majeur des adaptations de jeux vidéo au cinéma :
« Une partie du problème est qu’ils (les autres films, ndlr) essaient de recréer les jeux. Parce que les joueurs ont eu une expérience si viscérale, je ne pense pas que vous puissiez rivaliser avec cela. »
Ruben Fleischer
Là était toute la difficulté dans la production et la réalisation d’Uncharted. À ce titre, les équipes se sont permis des libertés pour éviter de tomber dans la redite. Cela est passé par le travail du musicien Ramin Djawadi (Game of Thrones, Westworld), qui a eu carte blanche pour recomposer les musiques les plus connues d’Uncharted (et pour en créer de nouvelles), mais surtout par la décision de filmer un Nathan Drake jeune, chose inédite, et de mélanger dans le scénario des moments iconiques de chacun des 5 jeux, pour en faire un mélange débouchant sur une histoire complètement originale. De ce fait, même si le scénario ne montre rien d’exceptionnel et suit un cahier des charges plutôt attendu pour une œuvre d’action-aventure, il dispose d’un souffle inédit qui emporte malgré tout, et se permet même une certaine réflexion sur la responsabilité de Nathan Drake sur toutes les vies qu’il ôte dans son chemin vers la gloire – un versant moral totalement absent des jeux.
Classique dans sa construction, Uncharted ne se démarquera peut-être pas forcément dans le genre des films d’action hollywoodiens. Son côté unique réside plutôt dans sa qualité de premier film de PlayStation Productions, qui porte donc en lui d’énormes attentes qui, pour le coup, sont satisfaites. Bonne adaptation tout en se trouvant une certaine identité, Uncharted a donc tout du bon premier essai pour PlayStation, qui devra néanmoins hausser le niveau dans ses prochains films. Pourquoi pas dans Jak & Daxter, avec, encore, Ruben Fleischer confirmé à la réalisation ?
J’ai aussi eu la chance de voir ce film en avant première et je confirme que bien qu’il ne renouvelle pas le genre, cette adaptation a trouvé sa propre identité.
Le duo Mark Walhberg ,Tom Holland fonctionne à merveille.
La difficulté était de plaire aux fans gamers et aussi à tous les gens découvrant ces personnages et cet univers, pour moi le pari est plus que réussi.