Hier soir, Sony a transmis un communiqué de Jim Ryan à Game Industry pour répondre aux déclarations de Phil Spencer relatives au maintien de Call of Duty sur PlayStation. Vous pouvez retrouver le résumé des informations sur ce papier. Dans cet édito, nous nous attacherons à montrer que, quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur ce dossier Call of Duty, une chose reste sûre : il était temps que Jim Ryan prenne enfin position publiquement sur le sujet, en particulier face à un Phil Spencer qui ne cesse, à juste titre, d’incarner la marque Xbox. Voici notre édito sur le sujet, qui ne reflète que l’opinion de son auteur et pas forcément celle de l’ensemble de la rédaction.
Un problème de communication depuis longtemps critiqué
Depuis le lancement de la PS5, PlayStation est critiqué pour une communication erratique. Si ses grosses conférences (les PlayStation Showcase) sont réussies, le reste de la communication laisse à désirer, avec quelques State of Play sans saveur et quelques grosses annonces, qui auraient justement mérité des State of Play, partagées à travers de simples et frustrants posts de blog.
De l’autre côté, la touche personnelle de Jim Ryan a été tout autant remise en question. Après des dirigeants comme Andrew House et Shawn Layden, passer à la présence effacée de Jim Ryan a été un gros changement. Alors que l’on était habitués à voir les anciens dirigeants de PlayStation plusieurs fois par an dans diverses interventions, Jim Ryan est quasiment invisible, et ne parle publiquement que dans de rares communiqués, sans jamais donner son avis ou prendre réellement position.
Un imbroglio sur Call of Duty qui demandait une clarification
Depuis l’annonce du rachat d’Activision par Microsoft pour une somme astronomique, l’industrie est agitée par des débats sans fin sur l’impact qu’aurait le passage de Call of Duty en exclusivité Xbox. Plusieurs fois, Microsoft a assuré que garder Call of Duty sur PlayStation était une meilleure idée pour ses finances que de faire passer la saga en exclusivité. Vendredi dernier, le 2 septembre, on apprenait que Phil Spencer avait écrit à Jim Ryan en janvier pour l’assurer que Call of Duty resterait disponible sur PlayStation pour « plusieurs années encore » au-delà du contrat que Sony a avec Activision. Un accord a ainsi été signé entre les deux constructeurs.
À côté de ces déclarations régulières de Phil Spencer, Jim Ryan est longtemps resté silencieux. Depuis janvier 2022, PlayStation ne s’est finalement exprimé sur le sujet qu’auprès du régulateur brésilien. Vu la tournure que prennent les évènements, et le fait que la validation par les diverses autorités de concurrence dans le monde du rachat d’Activision par Microsoft devient moins évidente, le moment pour que PlayStation prenne la parole était parfait. Et Jim Ryan l’a enfin fait.
Jim Ryan agit enfin comme un chef
En étant parfaitement cyniques, ou du moins en réfléchissant comme le fait une entreprise, c’est-à-dire avant tout de manière financière, les réactions de PlayStation sur le rachat d’Activision sont compréhensibles, même si les japonais ne sont pas les derniers lorsqu’il s’agit de priver la concurrence de jeux à coups de deals d’exclusivités et de rachats de studios.
À ce titre, il est normal pour PlayStation d’avancer, comme le pense l’autorité britannique de la concurrence, que rendre Call of Duty exclusif à Xbox serait un coup porté à la concurrence plus fort que toutes les exclusivités que Sony a pu signer ces dernières années. Call of Duty, c’est le mastodonte ultime, comparable seulement à FIFA, GTA ou Fortnite. Face au risque de voir cette franchise quitter PlayStation, il était nécessaire que PlayStation ait une position claire. Et nous ne pouvons que saluer les déclarations de Jim Ryan, qui met la firme bleue en ordre de marche.
En dévoilant le fait que le contrat proposé par Phil Spencer ne dure « que » 3 ans, donc normalement jusque 2027, Jim Ryan remet d’abord les choses au clair. Non, le contrat liant Call of Duty aux consoles PlayStation ne durera pas « plusieurs années encore », mais seulement 3 ans, ce qui dans le jeu vidéo n’est rien. Ensuite, en décrivant l’offre de Phil Spencer comme « inadéquate », Jim Ryan rassure les joueurs sur le fait que PlayStation fera tout pour conserver la licence d’Activision sur ses consoles. Enfin, le fait que Ryan s’en prenne directement à Spencer en disant parler publiquement parce que son homologue l’a fait en premier est révélateur : après des mois d’atermoiements, PlayStation montre les muscles et avertit l’industrie qu’ils ne se laisseront pas faire et sont prêts à porter la question sur le plan médiatique, et plus seulement sur celui, plus confidentiel et feutré, des audiences de régulateurs.
Ainsi, quoiqu’on pense de la question, il est bon, en tant que joueurs PlayStation, de voir Jim Ryan prendre les devants et donner enfin une direction claire à la marque. Bien sûr, cela ne résout pas les problèmes de communication cités ci-dessus, et cet essai devra être confirmé pour être réellement efficace. En attendant, il faudra voir si les déclarations de Jim Ryan et de PlayStation en général réussiront à vraiment faire capoter le rachat d’Activision par Microsoft. Et même si cela paraît peu probable, le fait que PlayStation prenne position à travers son dirigeant est, au moins, rassurant.
Totalement d’accord avec ce qui est dit dans ce très bon édito.