Le feuilleton marquant de l’année 2022 atteint actuellement des sommets d’intensité. Il ne s’agit ni de House of the Dragon, ni de Rings of Power, mais bel et bien du rachat d’Activision Blizzard par Microsoft. La guerre des consoles semblait être jusqu’à présent une illusion, ou un délire entretenu par les adorateurs les plus extrêmes de chaque constructeur. Depuis quelques semaines, il semble que l’opposition entre PlayStation et Xbox soit plus farouche que jamais. Les bons sentiments ont laissé leur place à des prises de parole incisives. Cette fois, c’est au tour de Jim Ryan, le président de Sony Interactive Entertainment, de sortir du bois.
Les promesses de Phil Spencer
En janvier 2022, Microsoft lançait une bombe sur l’ensemble de l’industrie vidéoludique en annonçant le rachat du groupe Activision Blizzard King pour 68,7 milliards de dollars. Ce mouvement permettait à la firme américaine de mettre la main des studios de renommée mondiale et sur des franchises prestigieuses telles que Call of Duty, World of Warcraft ou Diablo. La nouvelle n’a pas été bien accueillie par les partisans de la marque japonaise, mais l’entreprise n’a que très peu réagi dans les premiers mois qui ont suivi cette annonce de rachat. Ce n’est que récemment que la parole de PlayStation s’est réellement faite entendre. Sans surprise, c’est l’acquisition potentielle de Call of Duty qui fait grincer des dents du côté du leader japonais. Sony voit d’un très mauvais œil que la firme de Redmond puisse s’accaparer d’une licence très populaire sur les consoles PlayStation, et qui permet de générer des revenus colossaux par les ventes de jeux et les micro-transactions qui composent l’expérience en ligne des différents opus.
La première escarmouche a éclaté début août. Nous apprenions, par le biais des rapports publics du conseil administratif de défense économique du Brésil, que PlayStation s’opposait farouchement à ce rachat, car il représentait un danger manifeste pour l’avenir de leur modèle économique. Cette opposition provoqua une réaction inhabituelle chez Microsoft qui décida de répondre avec force, tout en essayant de pointer du doigt l’hypocrisie des discours de son concurrent. La situation s’est un peu plus tendue récemment avec les nombreuses craintes soulevées par la CMA, l’autorité britannique de la concurrence et des marchés. Phil Spencer, le président de Xbox, avait alors décidé de répondre via un communiqué publié sur le blog de Microsoft.
Nous avons entendu dire que cet accord pourrait retirer des franchises comme Call of Duty des plateformes où de nombreux joueurs y jouent actuellement. C’est pourquoi, comme nous l’avons déjà dit, nous nous engageons à rendre la même version de chaque futur opus de Call of Duty disponible sur PlayStation, et à la sortir sur tous les supports le même jour. Nous continuerons à permettre aux joueurs de jouer les uns avec les autres sur toutes les plateformes et tous les appareils.
Phil Spencer
Cette prise de parole était alors bienvenue, et permettait à Phil Spencer d’apparaitre comme étant un homme raisonnable et animé par de bonnes intentions. Malgré tout, comme indiqué par les autorités britanniques, un doute subsiste. Suite au rachat de Bethesda, Microsoft a montré que certaines productions de l’éditeur seraient exclusives à l’écosystème Microsoft. Rien n’indique que les mêmes décisions ne peuvent être prises avec les licences d’Activision dans le futur. Au début du mois de septembre, Phil Spencer se voulait néanmoins rassurant lors d’un entretien accordé à The Verge.
En janvier, nous avons fourni à Sony un accord signé garantissant Call of Duty sur PlayStation, avec une parité de fonctionnalités et de contenu, pour au moins plusieurs années supplémentaires au-delà du contrat Sony actuel, une offre qui va bien au-delà des accords habituels de l’industrie du jeu vidéo.
Phil Spencer
Tout semblait donc aller pour le mieux pour l’avenir de la licence Call of Duty sur PlayStation, malgré un flou entretenu sur le très long terme. La trêve publique entre les deux entreprises n’aura pas duré, comme en atteste la déclaration publique de Jim Ryan.
Une offre « inadéquate »
D’habitude très discret, et souvent considéré comme trop policé dans ses prises de parole, Jim Ryan a surpris tout le monde hier en sortant de sa candeur habituelle. Dans une déclaration publiée par GamesIndustry.biz, Ryan a déclaré que l’offre était inadéquate à plusieurs niveaux. Il lève ainsi le voile sur l’avenir de la célèbre licence militaire sur PlayStation. Nous savons désormais que Microsoft a promis de garder Call of Duty sur PlayStation pendant trois ans au-delà de l’accord actuel entre Activision et Sony. Pour information, le contrat actuel entre les deux entreprises concerne les 3 prochains jeux Call of Duty selon Bloomberg, donc Modern Warfare 2 cette année et probablement les deux prochains jeux d’ici 2024.
Les nombreux entretiens accordés par Microsoft à différents organes de presse, dont le dernier au cours duquel Spencer dévoile avoir fourni une promesse signée quant à la présence de Call of Duty sur les consoles PlayStation pour plusieurs années, ont motivé le leader de PlayStation à faire face.
Je n’avais pas l’intention de commenter ce que j’ai compris comme une conversation d’affaire privée, mais je ressens le besoin de remettre les pendules à l’heure parce que Phil Spencer a partagé le contenu de nos discussions. Microsoft a seulement proposé que Call of Duty reste sur nos consoles trois ans de plus après la fin de l’accord actuel entre Activision et Sony. Après presque 20 ans de Call of Duty sur PlayStation, leur proposition était insuffisante à plusieurs niveaux et ne tenait pas compte de l’impact sur nos joueurs. Nous voulons garantir aux joueurs PlayStation qu’ils continuent de bénéficier d’une expérience Call of Duty de la plus haute qualité, et la proposition de Microsoft sape ce principe.
Jim Ryan
Cette prise de parole est effectuée avec un timing parfait, qui permet à PlayStation de mettre une pression véritable sur l’aboutissement du rachat de l’éditeur américain par Microsoft. Jim Ryan contre-attaque et il ne plaisante pas. Phil Spencer et ses équipes doivent être en mesure de répondre de manière satisfaisante à toutes les inquiétudes soulevées par les autorités britanniques, sous peine de subir une enquête approfondie qui pourrait mettre à mal leur volonté de rachat.
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