Aujourd’hui est un jour spécial pour la firme japonaise et surtout pour les joueurs européens et français, avec l’arrivée du nouveau PlayStation Plus, qui offrirait un rapport qualité-prix inégalé selon le blog officiel. Sans pouvoir offrir les jeux majeurs day one, il est déjà possible de réfuter cette allégation, mais les ramifications économiques et financières derrière cette décision sont bien plus profondes, et même compréhensibles. Malgré tout, il est difficile de voir dans le nouveau PlayStation Plus un rapport qualité-prix réellement « inégalé ». Bienvenue dans ce nouvel édito de PlayStation Inside !
NB : cet édito est l’opinion de son rédacteur Jérémy Valade et ne reflète pas forcément celle de l’ensemble de la rédaction de PlayStation Inside.
Tout commença fin mars, lorsque PlayStation se fendit d’un joli communiqué sur son nouveau service découpé en trois « paliers d’abonnement ». Pour rappel, voici ce à quoi vous aurez le droit selon la formule choisie par vos soins :
- PlayStation Plus Essential : moyennant 8,99€/mois ou 59,99€/an (le tarif actuel du PS+), vous bénéficierez des mêmes « avantages », rien ne bouge. À savoir :
- Deux jeux téléchargeables chaque mois
- Des réductions exclusives
- Le stockage dans le cloud pour les sauvegardes de jeu
- L’accès au multijoueur en ligne
- PlayStation Plus Extra : moyennant 13,99€/mois ou 99,99€/an, vous bénéficierez des « avantages » précédents complétés par un catalogue de 400 des « meilleurs jeux PS4 et PS5 » selon le géant japonais. Concrètement, et à la sortie du service, vous retrouverez des titres PS5 comme Demon’s Souls, Returnal et Marvel’s Spider-Man: Miles Morales et bien d’autres jeux PS4 & PS5 dont des productions d’éditeurs tiers comme Assassin’s Creed Valhalla, Marvel’s Guardians of the Galaxy, NBA 2K22… La liste complète est disponible par ici.
- PlayStation Plus Premium : moyennant 16,99€/mois, 49,99€/trimestre ou 119,99€/an, il y aura :
- Tous les avantages des paliers Essential et Extra
- 340 jeux supplémentaires, dont :
- des jeux PS3 disponibles via le streaming dans le cloud ;
- un catalogue de grands classiques, disponibles en streaming ou en téléchargement parmi les jeux PlayStation, PS2 et PSP.
- L’accès par le biais du streaming dans le cloud aux jeux PlayStation, PS2, PSP et PS4 des paliers Extra et Premium dans les marchés proposant actuellement le service PlayStation Now. Les clients peuvent jouer en streaming sur les consoles PS4 et PS5, ainsi que sur PC.
- Des versions d’essai à durée limitée (généralement deux heures par jeu max) seront également proposées à ce palier, permettant aux joueurs de les tester avant de les acheter.
Une position tarifaire du PlayStation Plus qu’il faut dénoncer
N’y allons pas par quatre chemins : au-delà même de la « qualité », la question du prix se pose immédiatement. Et elle montre une dérive inquiétante du jeu vidéo, que la plupart des constructeurs pratiquent. En effet, Sony continue de pratiquer des tarifs variables selon les modalités de paiement choisies. D’autres le font, il nous suffit d’ailleurs d’examiner le site de Big N pour réaliser que son abonnement « Nintendo Switch Online » passe de 19,99€ l’année en un achat unique à 47,88€ via une formule mensuelle (3,99€/mois). Dans un monde parfait, cette rétention des consommateurs par ce qui s’apparente à des « achats en gros » devrait être mieux régulée.
Concernant PlayStation, la marque demande près de cinquante euros pour un trimestre de PS+ Premium contre cent-vingt pour une année complète, on voit vite quelle option est la plus avantageuse… Ce serait davantage « For The Players » de ne pas augmenter le prix de l’abonnement de 40% lorsque le joueur ne peut payer à l’année ou décide tout simplement d’opter pour un prélèvement mensuel afin de mieux répartir ses dépenses. Mais c’est évidemment sans compter sur la volonté de rétention des consommateurs chez PlayStation, qui dégonfle artificiellement ses prix à l’année pour se garantir des paiements plus longs, plus réguliers, et qui lui sont donc plus profitables. Proposer un plan mensuel, trimestriel ou annuel est une bonne initiative, mais pas dans ces termes. L’offre doit rester équitable en toutes circonstances.
Une offre qui n’a de Premium que le nom
Cette infographie est riche en informations. Depuis le lancement du PlayStation Plus en 2010, le nombre d’abonnements n’a cessé de grimper. 70% des membres sont là d’abord pour pouvoir jouer en ligne ou pour récupérer les jeux du mois. Récemment, nous avons eu le droit à des AAA comme FIFA 22 ou God of War par exemple, mais aussi à des jeux indépendants et des productions en tout genre. On ne pouvait pas vraiment se plaindre du service, complété par des réductions régulières dédiées aux abonnés ainsi que la possibilité de sécuriser ses sauvegardes de jeu dans le cloud. À tout cela, l’arrivée de la PlayStation 5 ajouta sans coût additionnel une belle surprise : la PlayStation Plus Collection.
Finalement, l’offre Essential du nouveau PS+ est largement qualitative, et même suffisante. Nous avions déjà un rapport qualité-prix « inégalé » avec des titres variés à récupérer chaque mois et vingt grands jeux de la PS4 à (re)découvrir dans des conditions optimales sur sa PlayStation 5. En divisant son offre en Essential, Extra et Premium, PlayStation donne d’abord l’impression que l’abonnement au palier le plus bas serait le moins judicieux. Cette description arbitraire et artificielle est déjà à contredire. On peut aller jusqu’à se demander où résident les intérêts de ces deux nouvelles formules « Extra » et « Premium » ? Délivrent-elles un début de réponse au modèle du Xbox Game Pass ? Non, pas vraiment.
Juin 2022, nous y sommes : les services du PlayStation Now sont combinés avec ceux du Plus dans une formule Premium mégamix jonchée de quelques astérisques… Non, vous ne pourrez pas jouer à vos titre PS3 hors-ligne, vous pourrez seulement opter pour du streaming. Par contre vous pourrez télécharger des classiques de la PSP, rassurez-vous. Puis si le cœur vous en dit, il y aura des versions d’essai de deux heures pour les jeux coûtant plus de 33 euros. En fonction de la temporalité de leur diffusion (la version d’essai peut être publiée jusqu’à 3 mois après la sortie du jeu), les démos risqueront de « perdre en saveur » car la plupart des joueurs auront certainement déjà joué aux jeux AAA en question. Sans compter que deux heures pour découvrir un gros titre ne riment pas à grand chose (même si des jeux comme Horizon Forbidden West ont une démo de 5 heures, ce qui est déjà mieux et que nous soutenons).
Le « premium » se logerait donc dans les 340 classiques de l’héritage PlayStation. Sans doute que (re)jouer à Everybody’s Golf premier du nom sur son PC en streaming ou sur sa rutilante PlayStation 5 n’a pas vraiment de prix pour les fans de la première heure. Enfin, si, 120€ par an. En optant pour le paiement annuel… Chez un concurrent sérieux de PlayStation, le service est gratuit (sous réserve d’avoir encore le CD du jeu), mieux développé et il porte même un joli nom : la rétrocompatibilité.
Enfin, laissons à Sony le bénéfice du doute. Après tout, si le catalogue des 400 jeux (accessibles dès la formule Extra) tourne bien, cela pourra faire de ce palier intermédiaire l’abonnement le plus attractif. En l’état, c’est plus que discutable… Les joueurs curieux et/ou multiplateformes ont déjà joué ou ont a disposition beaucoup de titres parmi les 400 proposés au lancement du service. Il va falloir faire mieux ! Mais voici la promesse de Sony sur ce point : « Une mise à jour mensuelle supplémentaire avec de nouveaux jeux aura lieu en milieu de mois pour les plans PlayStation Plus Extra et Premium/Deluxe. Le nombre de jeux ajoutés chaque mois peut varier. » Espérons qu’il varie dans le bon sens, celui de l’originalité vidéoludique et de l’exclusivité.
Je tenais à ce qu’on se quitte avec un peu de sagesse, grâce ces quelques phrases de l’auteur et dessinateur Ugo Bienvenu. Pour être transparent, c’est en lisant la préface de son dernier ouvrage qu’une envie dévorante m’a saisi. Il fallait que je couche par écrit ma déception face à ce rebranding du PlayStation Plus. Rappelons-le, ce papier n’engage que ma personne, et non l’entièreté de la rédaction.
Aujourd’hui, la fiction a pris le pas sur le réel, les banques mondiales génèrent des milliards pour endiguer les répercussions des crises qui se succèdent. Des milliards qui, hier encore, n’existaient pas, comme s’ils venaient de l’extérieur de l’économie. Ce que nous prenions pour un système lié à notre réalité montre chaque jour un peu plus son indépendance. C’est cette dissonance que j’ai cru percevoir il y a cinq ans dans un café jouxtant King’s Cross en descendant avec ma femme d’un train qui nous amenait à Londres. Un homme d’affaires venait de dire ces mots: « This is absolutely the top of everything, this is Premium plus! » Cette qualification de « Premium » m’a taraudé des semaines durant. Que voulait dire ce terme ? Premium est le produit médian se situant entre le produit de luxe et le produit de masse. C’est le produit de l’ère post-industrielle par excellence, le produit moyen. Si le premium est d’ordinaire défini comme « donnant accès à ce qui n’est pas compris dans l’offre gratuite », il constitue une certaine idée du haut de gamme à bas coût, le maximum qu’on peut avoir pour le minimum de dépense, c’est le luxe du pauvre, le privilège de celui qui n’en a pas.
Propos issus de la préface de la bande dessinée « TOTAL » de l’artiste Ugo Bienvenu
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