Pour commencer ce billet d’opinion, voici une question simple : de mémoire, de quand date la dernière bonne décision de PlayStation en terme de communication ? Si vous avez du mal à vous en souvenir, c’est normal. Ces derniers mois, si ses chiffres sont au beau fixe, le constructeur japonais enchaîne en revanche les ratés marketing. Rien qu’en cette fin de mois d’août, cela a été le cas par deux fois, avec l’annonce du PlayStation Portal le 23 août et celle de l’augmentation des prix de l’abonnement annuel au PlayStation Plus hier, soit le 30 août. Décryptons cela ensemble.
NB : cet édito est l’opinion de son rédacteur Yacine Ouali et ne reflète pas forcément celles de l’ensemble de la rédaction de PlayStation Inside.
L’augmentation des prix du PlayStation Plus : un geste injustifié
Dans le contexte d’inflation que nous vivons depuis la pandémie de Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’ensemble des prix augmente dans le monde et dans tous les domaines. Bien évidemment, l’industrie du jeu vidéo n’est pas épargnée. Les deux constructeurs majeurs, PlayStation et Xbox, ont déjà augmenté le prix de leurs consoles et le public l’a assez vite compris et intégré, malgré quelques éparses contestations.
Mais si certaines hausses de prix peuvent être justifiées, ou du moins compréhensibles, d’autres passent moins. Quand Microsoft a augmenté les tarifs du Game Pass en juin, la pilule est un peu mieux passée grâce à l’argument massue de cet excellent service, à savoir la présence sans surcoût des exclusivités le jour de leur sortie, à l’image de Starfield qui sera disponible le 6 septembre pour les abonnés. Mais quand Sony a annoncé, en catimini à la fin d’un post de blog, l’augmentation des prix du PlayStation Plus, c’est avant tout l’incompréhension qui a régné, et à juste titre.
Contrairement au Game Pass, le PlayStation Plus n’offre pas les exclusivités Sony day-one et sans surcoût. Sur ce point, l’explication du constructeur japonais se tient, tout simplement car, vu le gonflement des budgets de productions des jeux, cette pratique ne serait pas rentable. Mais de l’autre côté, cela ne signifie pas que Sony n’aurait pas pu, et ce dès l’année dernière, offrir un meilleur service. Alors qu’une myriade de jeux, dont plusieurs jeux rétro, étaient disponibles sur le PlayStation Now, ces derniers ont été retirés du nouveau PlayStation Plus pour être remis au compte goutte sur le palier le plus cher, le Premium, dans le but de créer de la rétention. Notons également que ce même palier Premium, censé être le plus attirant des services, n’offre pas encore de cloud gaming pour les jeux PS5. Heureusement, tout de même, que l’offre de grands jeux datant de 6 mois ou plus était conséquente.
Mais sans gros jeux day-one ni cloud gaming pour les jeux PS5, comment justifier une telle hausse de prix pour le PlayStation Plus ? Voyez plutôt par vous-mêmes : pour l’abonnement 12 mois, le PS+ passe de 60 à 72€ par an sur le palier Essential, de 100 à 126€ par an pour l’Extra, et de 120 à 152€ par an pour le Premium. Soit des augmentations de 12, 26 et 32 euros sur les trois paliers. Face à ces hausses qui feront clairement mal aux portefeuilles à partir du 6 septembre, on aurait pu être en droit d’attendre de belles contreparties. Mais il n’en a rien été. Non seulement l’annonce a été faite à la fin d’un post de blog sans la moindre fanfare, mais elle ne vient avec aucune offre pour contrebalancer le tout.
Ici, vous avez donc tout ce qui fait du marketing de PlayStation un quasi désastre depuis plusieurs mois : des annonces décevantes dans la forme comme dans le fond, alors que tout semble là pour bien faire. Qui empêche aujourd’hui PlayStation, écrasant leader du marché face à Xbox, de reprendre les conférences physiques qui ont fait sa renommée et sa légende au lieu d’enchaîner les tristes showcases vidéo ? Personne. Qui empêche PlayStation, pour au moins faire passer la pilule de l’augmentation des tarifs du PS+, d’offrir en contrepartie une batterie de jeux gratuits ou de blinder le catalogue des jeux classiques du palier Premium ? Personne.
Voilà donc le problème : alors que TOUT invite PlayStation à prendre les bonnes décisions, les équipes de Jim Ryan semblent décider systématiquement l’inverse contre toute bonne intelligence. Et si vous croyiez être arrivés à la fin de cet édito, détrompez-vous…
L’annonce du PlayStation Portal : un travail bâclé
Malgré son échec, la PlayStation Vita reste un bijou de technologie et probablement l’une des meilleures consoles portables jamais imaginées. À l’époque de l’ultra domination de la Nintendo Switch, qui a su allier jeu nomade et de salon, personne n’en a réellement voulu à Sony de délaisser ce marché pour se concentrer sur celui des consoles de salon et de la réalité virtuelle. Mais à l’annonce du PlayStation Portal, tous les espoirs étaient permis. Allait-on enfin avoir une nouvelle console Sony jouable en nomade, avec laquelle nous aurions accès, si ce n’est à des jeux en local, au moins à du jeu en cloud gaming grâce au catalogue du PlayStation Plus ?
Une fois de plus, comme nous nous en étions doutés dès les premières rumeurs du mois d’avril, il n’en a pas été le cas. Le PlayStation Portal ne sera qu’un périphérique permettant le remote play. Nous ne pourrons ainsi que jouer à des jeux en wifi, avec une PS5 obligatoirement connectée à internet (allumée ou en veille donc) qui streamera le titre sur le PS Portal, qui plus est sur un écran LCD et non OLED. Pas de jeu en local donc, pas de cloud gaming, rien. Si l’on comprend que Sony, comme ses dirigeants l’ont eux-mêmes dit, n’est pas encore totalement prêt pour le cloud gaming, pourquoi annoncer le périphérique maintenant au lieu d’attendre ? Pourquoi le faire une fois de plus sans aucune fanfare, sans écran OLED, et surtout au prix affolant de 220€ alors que le remote play est déjà disponible sur les ordinateurs, les tablettes et les smartphones de manière « gratuite », car nous possédons déjà ces appareils pour d’autres raisons ?
Difficile de trouver une réponse satisfaisante…
Voici donc où en est, de mon opinion, la situation de PlayStation. But contre son camp après but contre son camp, le constructeur japonais ne cesse de se tirer des balles dans les pieds, d’autant plus que l’argent n’est pas spécialement un besoin pressant vu sa bonne santé financière et la sortie prochaine de Spider-Man 2 qui sera assurément un carton. Si aujourd’hui la position de leader de PlayStation ne semble pas en danger, cela pourrait petit à petit changer à force de se reposer sur ses lauriers, surtout face à une concurrence qui peut acheter Activision sans sourciller. Face à cette éventualité, il serait peut-être pertinent de comprendre les réactions des joueurs et de complètement revoir les méthodes de communication et de marketing…