Final Fantasy XVI est enfin sorti et fait face à une forte attente de la part des fans, mais pas seulement. Square Enix compte plus que jamais sur les performances de sa licence phare afin de sortir d’une période très compliquée. Dans cette analyse, nous allons nous attarder sur la situation actuelle de l’entreprise afin de mettre en avant l’obligation pour ses licences emblématiques d’obtenir de bonnes performances commerciales, cette année plus que jamais.
Square Enix a les reins solides…
Ces dernières années, Square Enix a connu des très hauts et des très bas. S’il est naturel, et même bénéfique pour toute entreprise de ne pas côtoyer que le succès, la firme japonaise transmet tout de même une impression d’instabilité tant les productions connaissent des développements et réceptions très disparates. Dans sa liste de grandes réussites, Square Enix a pu compter sur Kingdom Hearts 3, Final Fantasy VII Remake, Dragon Quest XI ou encore le retour de NieR à travers NieR : Automata, soit quatre licences emblématiques qui ont su séduire les joueurs du monde entier par leur qualité et leur fidélité à « l’esprit de saga ». Ces jeux ont également permis à Square Enix de réaliser des ventes impressionnantes, avec plus de 5 millions d’exemplaires pour KH 3 mais également pour FF VII Remake après seulement quelques mois de commercialisation, plus de 6,5 millions pour DQ XI et plus de 7 millions pour NieR : Automata. Ces chiffres témoignent de la popularité et de la rentabilité des franchises historiques de Square, qui continuent de faire rêver les fans de la première heure comme les nouveaux venus.

En parallèle, de nouvelles licences à succès ont aussi vu le jour comme Triangle Strategy ou la série Octopath Traveler, deux RPG en tour par tour qui profitent de la nouvelle esthétique « HD-2D », promue par SE.
Square Enix n’est pas seulement un acteur majeur du marché des jeux PC et consoles, mais aussi un leader dans le domaine des jeux mobiles. Parmi les succès de l’éditeur japonais sur mobile, Dragon Quest Walk, un jeu en réalité augmentée, a attiré une dizaine de millions de joueurs uniquement au Japon. On peut aussi encore compter sur Final Fantasy Brave Exvius, un spin-off de la célèbre saga qui rassemble, quant à lui, plus de 45 millions d’utilisateurs. Ces jeux permettent de renflouer les caisses à travers des revenus récurrents, une source financière privilégiée de nos jours, sur la tranche de marché partagée par la plupart des éditeurs majeurs.
… mais peine à se renouveler !
Au rayon des échecs, la liste est longue mais surtout représentative de la stratégie de diversification de Square Enix. Le tournant des jeux-service n’a pas échappé à l’entreprise japonaise qui a tablé sur une marque extrêmement forte et populaire en proposant Marvel’s Avengers en août 2020, largement critiqué pour son manque de contenu, ses bugs et son modèle économique. Le jeu a subit un échec cuisant et a provoqué, selon un analyste, une perte de 200 millions d’euros l’année de sa sortie. Très récemment, nous avons appris que le studio Crystal Dynamics mettra fin à tout support officiel dès la fin du mois de septembre 2023, en dépit de nombreuses tentatives de relance…
De nouvelles propriétés intellectuelles ont également subi ce sort en décevant une grande partie du public comme Balan Wonderworld ou très récemment Forspoken, une exclusivité PS5 pourtant très attendue. L’échec de Forspoken à d’ailleurs été tel, qu’il a mis à mal le très récent studio Luminous Productions au point que l’entreprise décide de le fermer et de réintégrer ses ressources au sein de la maison mère.
Square Enix s’est également engouffré, comme la plupart des éditeurs majeurs, dans l’univers sombre des NFTs avec l’utilisation de la blockchain ou du metaverse. S’il est encore trop tôt pour qualifier cette stratégie d’échec, elle n’a pour le moment eu qu’un effet négatif aux yeux du grand public, ces technologies étant assimilées à de l’escroquerie. Pour autant, la machine est lancée et voit sa première production sortir la tête de l’eau avec le jeu Symbiogenesis basé sur de la vente de NFTs et des mécaniques de jeu obscures…

Il est bon de noter que ces axes stratégiques ont été l’apanage de Yosuke Matsuda, PDG de Square Enix jusqu’en mars 2023. Il est encore trop tôt pour connaitre la position du nouveau PDG, Takashi Kiryu, sur cette question.
Final Fantasy, sauveur de Square Enix ?
Ces mauvais choix stratégiques ont eu des conséquences majeures pour l’entreprise. La plus importante a été le rachat de la branche occidentale par Embracer. Marvel’s Avengers a donc été fatal pour Crystal Dynamics qui fait partie des studios rejoignant le groupe suédois, en plus de la vente de propriétés intellectuelles de premier plan telles que Tomb Raider ou Deus Ex. Suite à ces différents échecs, les bénéfices de l’entreprise ont chuté (une première depuis 2018) lors du dernier exercice fiscal, entraînant le départ de Yosuke Matsuda. Les résultats sont heureusement maintenus à un niveau assez élevé grâce aux bonnes performances des licences emblématiques que l’on a cité plus haut, au MMORPG Final Fantasy XIV ainsi qu’au segment mobile, première source de revenus pour Square Enix.

Sur le prochain exercice, SE peut et doit pouvoir compter sur sa licence emblématique Final Fantasy. La sortie et la réception de FF XVI paru le jeudi 22 juin auront un impact majeur sur la santé financière de l’entreprise, et pas uniquement en termes de vente, mais aussi en termes de rayonnement. En effet, comme à la suite de la sortie de Final Fantasy VII Remake, nous aurons certainement droit à des titres dérivés sur mobile qui permettront d’engranger des recettes récurrentes. Pour cela, le public visé se doit d’être plus large que la « hardcore fanbase » et c’est ce que le titre semble avoir l’intention de faire.
Enfin, il est nécessaire de rappeler que Final Fantasy VII Rebirth devrait sortir sur le même exercice fiscal et bénéficier à son tour de la puissante machine de production qui permettra d’exploiter la licence à travers différentes plateformes. La santé financière de Square Enix repose donc plus que jamais sur les performances de sa licence emblématique, en particulier lors de l’exercice fiscal 2023-2024.