Initialement annoncé en 2020 lors de la présentation de la PS5, Forspoken débarque enfin sur PS5 après de multiples reports et une démo peu convaincante. Développé par Luminous Productions, le jeu est un monde ouvert nous mettant dans la peau de Frey Holland, une jeune new-yorkaise propulsée dans une autre dimension nommée Athia. Par son statut de nouvelle licence, le « projet Athia » est donc particulièrement important pour Square Enix et les équipes de ce jeune studio regroupant d’anciens responsables du développement de Final Fantasy XV. Alors qu’en est-il finalement ? Parviennent ils à dépasser les bonnes intentions qu’affichait leur précédent titre ?
Une entrée en matière ratée
Forspoken est un jeu bancal et son introduction en est l’illustration parfaite. Le jeu débute à New York par la comparution de Frey devant un juge pour tentative de vol. Elle nous est donc présentée comme une jeune orpheline de 21 ans ayant appris à se débrouiller par elle-même en commettant divers larcins. Rattrapée par son passé, celle-ci sera finalement propulsée dans le monde d’Athia au côté de Krav, un bracelet fixé à son bras qui l’accompagnera durant toute l’aventure. Une bonne idée afin de présenter l’univers fictif imaginé par les développeurs aux joueurs. Cette séquence, au premier abord efficace pour introduire son propos, est malheureusement ratée.
Le premier élément qui saute aux yeux est le retard technique du jeu par rapport à la concurrence alors même qu’il ne sort que sur nouvelle génération. Certes, certains lieux sont esthétiquement jolis, Frey est bien modélisée et la distance d’affichage est impressionnante. Malheureusement, en mode performance, le titre peine à tourner à 60 images par seconde de manière constante, avec de grosses chutes de résolution ayant pour conséquence de placer le joueur face à des bouillies de pixels. Enfin, le titre est très inégal sur de nombreux aspects, à l’image de la modélisation des personnages qui sont, mis à part Frey et quelques exceptions, mal développés. Finalement, l’esthétique globale du titre déçoit malgré quelques très jolis panoramas et ce ne sont pas les trois modes graphiques (résolution, fluidité et ray-tracing) proposés qui changent cela.
Le second point qui ne manquera pas d’agacer les joueurs est que le titre retire à de trop nombreuses occasions le contrôle de l’action au joueur de manière très abrupte, au profit de cinématiques et divers tutoriels. Bien que présent durant toute l’aventure, ce problème est particulièrement important durant son introduction puisque Forspoken ne cesse de couper le joueur dans son élan. Certes, cela lui permet de présenter l’univers, les enjeux et les personnages du jeu, mais cela affecte grandement le rythme et le plaisir de jeu.
Action-RPG en monde ouvert, le combo perdant
Au-delà de son introduction ratée, Forspoken est un action-RPG en monde ouvert particulièrement générique et classique dans sa structure et sa progression. La carte est divisée en quatre grandes zones avec en son centre Cipal, une cité que nous défendrons durant l’aventure.
Bien loin de la philosophie d’un Breath of the Wild qui place l’exploration au cœur de son design, le jeu indique sur la carte l’ensemble des points d’intérêt. Cela a pour conséquence de retirer tout intérêt à l’exploration puisque nous connaissons de fait l’ensemble des localisations utiles aux joueurs. De plus, ces points d’intérêts sont dupliqués à travers toute la carte ce qui rend le monde assez peu vraisemblable. Enfin, vous retrouverez l’ensemble des mécaniques vues et revues des mondes ouverts que ce soit les tours d’observation ou les zones à nettoyer en échange d’une récompense. Au global, la boucle de gameplay est donc très répétitive et vous enchainerez les mêmes actions durant toute l’aventure.
Concernant le système de progression, celui-ci est classique mais fonctionne bien. Quatre écoles de magie seront débloquées au fur et à mesure de l’aventure, ce qui renouvellera de manière régulière les combats à travers l’apprentissage de nouvelles capacités. De plus, l’obtention de ces nouvelles aptitudes magiques permettra également d’enrichir les déplacements, une des grandes réussites du jeu. Ce parkour particulièrement satisfaisant vous permettra d’explorer Athia de manière très plaisante. Dommage que le contenu de la carte ne soit pas plus intéressant.
Grande réussite de ce Forspoken, le système de combat du jeu révèle une profondeur surprenante. Assez difficiles à prendre en main tant la quantité de sorts et capacités devient vite importante, les combats se révèlent être particulièrement plaisant lorsque nous parvenons à maitriser le tout. Le potentiel de chorégraphies lié au parkour et aux capacités est remarquable pour peu que vous vous investissiez pleinement dans les combats du titre. Ainsi, les points d’intérêt génériques qui structurent le monde deviennent plaisants à enchaîner pour peu que l’on prenne goût au système de combat de ce Forspoken.
Si loin des références du milieu …
Jadis gouverné par les Tanta, Athia se révèle rapidement être en proie à « la brume ». Ce fléau décime le monde et transforme tous les humains de la région en morts-vivants. Ainsi, Frey se retrouve, malgré elle, à devoir se battre pour sauver les habitants de ce monde dont le dernier bastion est la belle cité de Cipal. Malheureusement, l’intrigue peine à décoller malgré des idées et twists intéressants. Aucune séquence ne restera gravée dans votre mémoire alors que le potentiel épique du récit est bien présent. Pour autant, l’univers développé est intéressant, particulièrement ce qui est relatif aux Tanta.
A la manière des jeux narratifs récents qui proposent des compagnons aux joueurs, Frey sera accompagnée par Krav durant toute l’aventure. Une idée pertinente pour présenter Athia à Frey et aux joueurs par la même occasion. Personnage atypique dont le sarcasme semble être une seconde nature, Krav est également un outil ludique qui vous indiquera votre route en permanence. Véritable fléau des jeux à gros budgets récents, Forspoken n’échappe pas non plus à cet écueil. Heureusement, ces interventions peuvent être atténuées afin de rendre l’expérience du joueur un peu plus agréable.
Enfin, la structure narrative du jeu est à l’image de sa structure ludique : très classique. Sans rien spoiler, sachez seulement que vous serez amenez à revenir régulièrement à Cipal avant de repartir vers une nouvelle destination qui vous fera progresser l’intrigue. Malheureusement, le jeu peine à captiver sur la fin de l’aventure. Le dernier segment du jeu manque de rythme. Ainsi, le jeu ne profite pas d’un emballement final permettant de conclure l’histoire de manière satisfaisante.
CONCLUSION
De part son classicisme et son caractère bancal, Forspoken peine à convaincre. Donnant parfois l’impression d’être entièrement conçu pour mettre en valeur son système de combat, la dernière production de Luminous déçoit, tant cette nouvelle licence avait du potentiel. Certes le titre a des qualités notables. Malheureusement, entre une technique en deçà des standards actuels et un scénario souvent inintéressant, Forspoken échoue à s’imposer comme une nouvelle licence forte de Square Enix.
LES PLUS +
- Un système de combat proposant une réelle profondeur
- Des déplacements dans le monde très satisfaisants
- Un univers intéressant …
LES MOINS -
- … plombé par une structure narrative casant le rythme
- Scénario manquant de consistance
- Technique en deçà des standards actuels
- Structure du monde ouvert générique et datée
- Une fin décevante
- Bande originale peu mise en valeur
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