Test de God of War Ragnarök Valhalla : le genre qu’il manquait à la licence ?

Un peu plus d’un an après God of War Ragnarök, Santa Monica Studio a sorti le 12 décembre, à la surprise de toutes et tous, une petite extension gratuite pour compléter et conclure l’expérience du soft reboot de la licence débutée en 2018. Et si cette extension, nommée Valhalla, ajoute de nombreuses surprises scénaristiques, c’est surtout par sa forme qu’elle vient rendre l’expérience God of War sur PlayStation 5 encore meilleure. Après une vingtaine d’heures de jeu sur le rogue-lite God of War (oui oui), retrouvez notre avis complet sur ce nouveau mode de jeu et sur le point final des aventures (nordiques ?) de Kratos. Le test est garanti sans spoil. Bonne lecture !

Un nouveau genre vidéoludique dans une licence phare ?

God of War Ragnarok : Valhalla est, au-delà d’une nouvelle zone, un mode entier qui vient changer le gameplay habituel que nous connaissons depuis l’opus de 2018. Ce qui vient faire son originalité, c’est de se servir d’un genre vidéoludique très connu de base, à savoir le rogue-like, pour en offrir une version plus allégée : le rogue-lite. Nous pouvons sentir que Santa Monica Studio a longuement réfléchi à cette extension puisque la justification de l’implantation d’un nouveau genre vidéoludique, à l’intérieur d’un jeu qui est avant tout narratif, se trouve dans l’univers de celui-ci. En effet, c’est sous l’influence du Valhalla, où nous devons faire nos preuves et nous maîtriser, que se trouve un lieu où la mort ne compte plus, et où les épreuves se répètent à l’infini. Autrement dit, ce n’est pas simplement un mode qui permet de jouer à God of War d’une nouvelle manière, c’est tout un pan de la licence qui se dévoile à travers un gameplay différent, et qui se montre d’une manière intelligente et intra-diégétique. 

Lorsque nous débutons l’extension, nous pouvons choisir la difficulté qui impactera notre pourcentage de récompense. Et sur ce point-là, Santa Monica Studio a toujours su gérer l’équilibrage. Si le scénario (parce que oui, il y en a un) est ce qui vous intéresse le plus, vous pouvez jouer dans la difficulté la plus faible. Vous récupérerez un peu moins de récompenses mais cela vous permettra, malgré tout, de finir l’extension. En revanche, si vous souhaitez jouer de la manière dont le studio a pensé Valhalla, les deux plus grosses difficultés sont celles sur lesquelles il faut vous pencher. Le défi est bien plus corsé, mais les récompenses sont aussi plus grandes, et l’évolution de Kratos se fait tout autant ressentir. Ce nouveau mode est l’équivalent d’un die and retry : plus vous jouez, plus vous devenez fort. Par conséquent, nous vous conseillons fortement de tenter le défi, la satisfaction n’en sera que plus grande, et la sensation de répétition amoindrie. 

Le genre convient parfaitement à la licence God of War et étonnamment, le gameplay normalement lourd de Kratos est ici bien adapté à la rapidité, la dextérité et les réflexes nécessaires pour jouer à un rogue-lite. Les salles aléatoires sont assez riches et nous font voyager à travers les différents royaumes (et plus encore), les avantages tirés des coffres permettent un gameplay différent pour chaque run, et les améliorations permanentes sont ajoutées de sorte à en tirer une grande satisfaction. Kratos évolue de manière équilibrée, et la courbe de progression rend la globalité du gameplay, à savoir les runs et les moments transitoires, très satisfaisants. 

Et le scénario dans tout ça ?

Pour ce qui est du scénario, cette extension nous offre de très nombreuses surprises, allant jusqu’à servir de conclusion au soft reboot de 2018. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a un grand respect, à la fois pour le matériau d’origine, et donc les jeux qui précèdent celui de 2018, et une continuité logique pour ce qu’il se passe après Ragnarök. La plupart des personnages qui apparaissent sont décortiqués et approfondis. Chaque mot apporte son lot d’importance à tous les événements passés, et à ceux qui ne sont pas encore arrivés. Kratos, qui connaissait déjà un développement fabuleux dans les 2 derniers jeux, se retrouve dans une situation où il doit chasser les fantômes du passé, faire la paix avec lui-même, et changer d’opinion sur lui et le monde qui l’entoure. Son évolution ne concerne plus son rapport aux autres, au destin et la violence, mais plutôt à la manière dont il se perçoit, lui, dans un environnement donné. Et pour cela, Valhalla est une extension très riche. Nous vous laissons découvrir ce petit morceau d’histoire qui, en plus d’être de qualité, est offert gratuitement par Santa Monica Studio. Un geste très apprécié par la communauté et par les membres de PlayStation Inside. 

Nous notons malgré tout un léger sentiment d’incompréhension derrière la motivation de cette extension et cette envie d’étendre le scénario. La conclusion de Ragnarök était assez ouverte et permettait de se projeter dans de multiples possibilités, sans pour autant mettre fin à l’histoire de Kratos et Atreus. Chez certains membres de l’équipe, un sentiment de répétition, de redite a été ressenti, et l’utilité de compléter le scénario remise en question. Il reste malgré tout un bonus appréciable pour toutes les joueuses et tous les joueurs frustrés par la fin de Ragnarök, ou pour tous ceux qui désiraient un peu plus de Kratos et de Mimir pour les fêtes de fin d’année. 

De la musique et des améliorations…

Comme à son habitude, Bear McCreary revient, mais cette fois-ci accompagné de Sparks & Shadows, pour nous proposer ses compositions toujours plus épiques. Dans sa narration, God of War a toujours utilisé la musique de sorte à rendre des scènes mythiques, grandioses, ou pour appuyer la monstruosité et le gigantisme de ce qui se passe à l’écran. Valhalla a aussi eu le droit à ce traitement, en ajoutant une touche de nostalgie. La musique reste donc, encore une fois, très précieuse, autant dans la narration que dans ce qu’elle apporte comme émotion au joueur in-game.

Une dernière chose, et pas des moindres, puisque cela relève du miracle chez PlayStation : l’assistance incessante de nos compagnons est enfin écartée dans cette extension. Peut-être parce que le mode de jeu ne permet pas cette mécanique, mais c’est appréciable d’enfin pouvoir jouer dans le silence et de réfléchir par soi-même. Quand Mimir parle, c’est pour approfondir son personnage ou celui de Kratos et non plus pour nous aider. Nous apprécions l’effort et espérons que cela continuera dans les prochaines productions de Santa Monica Studio.

Conclusion

Santa Monica Studio frappe juste la plupart du temps. Et Valhalla joue le rôle important de conclure le soft reboot de la licence. Proposer l’extension comme une surprise, voire un cadeau de Noël, c’est super. Mais nous ne savons pas sur quel pied danser quant à l’importance réelle du scénario dans l’histoire de Kratos. Valhalla est parfois léger, parfois rétrospectif. Il approfondit à merveille les personnages, jusqu’à changer leur nature, mais en le faisant comme si tout ça n’était pas si important. Et cela laisse un sentiment de frustration. Peut-être aurait-il fallu développer un peu plus l’extension, quitte à enlever la gratuité, afin d’en faire une vraie fin, à la fois importante et inévitable pour les personnages que nous redécouvrons à chaque instant depuis 2018.

Malgré tout, dans ce qu’il apporte de nouveau dans son gameplay, Valhalla reste une expérience riche et merveilleuse, aussi surprenante que jouissive, avec son lot de surprises et de décors tous plus fous les uns que les autres. Et pour cela, nous ne pouvons que nous incliner face aux aventures que nous venons de vivre, que ce soit à travers Ragnarök, ou à travers ce nouveau mode de jeu, qui colle parfaitement à la licence. Peut-être faudrait-il envisager un mélange du genre narratif et du genre rogue-lite pour un prochain jeu ?