Vous l’attendiez pour 2021, puis pour 2022, et finalement vous avez du prendre votre mal en patience. L’attente fut longue avant d’accéder au monde magique d’Hogwarts Legacy, nécessairement plus que pour une nouvelle licence, sortie du chapeau d’un studio…prêt à conquérir le marché avec ses idées. L’univers étendu d’Harry Potter n’a pas besoin de faire ce travail. Plus de 500 millions de ventes pour les livres de l’autrice controversée JK Rowling, et des millards de dollars de recettes au box-office. Hogwarts, ou Poudlard (puisque la VO n’est pas proposée dans les paramètres), est une des licences britanniques les plus aimées des français. Sept millions ont fait le déplacement en salles pour le prisonnier d’Azkaban, autant pour sa suite, la coupe de feu. Si notre préférence se porte vers l’adoption du troisième tome de cette saga, là n’est pas le propos. Nous voulions surtout attirer votre attention sur la myriade d’attentes que tout joueur avait pu fantasmer depuis une vingtaine d’années, à dire vrai… Après les nombreuses adaptations des années 2000 signées Electronic Arts et l’incursion dans le monde des briques, que pouvions-nous attendre d’un Action-RPG de l’envergure d’Hogwarts Legacy ? Beaucoup… Mais justement, répond-il à nos rêves les plus fous ?
Derrière Hogwarts Legacy, un premier grand nom : Warner Bros Games. Déjà éditeur des jeux Lego Harry Potter : Années 1 à 4 et Lego Harry Potter : Années 5 à 7, la filiale vidéoludique de la société américaine a décidé de réitérer en éditant ce cher Hogwarts Legacy via leur label « potterhead » du nom de Portkey Games. Côté développement, nous pouvons compter sur Avalanche Software qui n’en est pas à son coup d’essai en matière de licences « massues » transposées sur nos machines de jeu. Cars, Disney Infinity et surtout une de leurs plus grandes réussites : Toy Story 3 paru notamment sur PS3 et PSP. Une fois cela posé, nous avions de quoi espérer. Un tel studio a au moins prouvé une chose par le passé, sa capacité à aspirer tous les codes d’un univers imaginaire pour en tirer le meilleur et proposer des jeux plus ou moins originaux, mais souvent respectueux du matériau originel. C’est déjà un bon point, tout à fait rassurant.
Après une bonne dizaine d’heures de jeu, nous avons déjà tant à dire, que ce soit en matière d’exploration, de combat, d’open world, de simulation de vie (de sorcier). Cela vous donne un aperçu des sujets que nous allons aborder tout au long de ce papier. Veuillez noter que vous pourrez bientôt découvrir un autre avis de la rédaction via notre test vidéo disponible prochainement sur la chaîne YouTube de PlayStation Inside.
Comme à la maison
Sortez vos chaussons, tout baigne, vous voici enfin face à votre ultime désir (ou presque). Après le chahutage introductif, aussi efficace que loquace, nous voilà parti pour vivre une belle aventure. Puisque d’emblée, il est question de créer sa sorcière ou son sorcier. N’imaginez pas la création de votre double magique comme une fin en soi, mais plutôt un point d’entrée. De cheveux, vous pourrez vite changer (une chance… !) puis de tenues et d’accessoires en tous genres, vous profiterez. Bref, concentrez-vous plutôt sur le choix de la maison, car celui-ci ne pourra pas être modifié ultérieurement. Alors, quelle salle commune déciderez-vous d’arpenter entre celle de Gryffondord, Serpentard, Serdaigle ou Poufsouffle ?
Aucun consensus n’a été trouvé au sein de notre équipe mais sachez que les premières heures de jeu pourront plus ou moins vous plaire, vous immerger dans l’univers des choixpeau et baguettes magiques. Tout sera question de temps et d’habitudes de jeu, ce point est donc particulièrement subjectif. Mais tout de même, permettons-nous de soulever quelques traits du titre, qui pourront être perçus comme des défauts, de prime abord. Commençons avec les dialogues, qui sont parfois trop nombreux sans aller jusqu’à dire que ces derniers sont mal écrits. Mais certaines lignes sont clairement facultatives… Nous entendons les cris de celles et ceux qui présenteront cet aspect du jeu comme essentiel, comme un véritable un facteur d’immersion et de crédibilité. Pour autant, tout le monde n’est pas aussi réceptif ou demandeur de conversations régulières et parfois, répétons-le, réellement futiles. Mais pardonnons cette faute de goût (et cela reste discutable), car peu de jeux de rôle et même de AAA ne flirtent pas avec cet « écueil ». Dans le cas d’Hogwarts Legacy, ce n’est qu’un défaut parmi une ribambelle de qualités.
Rappelez-vous, c’était en septembre 2020. Ces premières images en mouvement du titre d’Avalanche Software nous vendaient quelque peu du rêve… Énormément de points restaient cependant à éclaircir, d’où le « quelque peu ». Parmi eux, les phases de combat restèrent nébuleuses. Il est bien vrai que le State of Play, diffusé il y a une dizaine de mois, avait pu lever pas mal de mystères. Les combats semblaient dynamiques, mais la question persistait dans de nombreux esprits…manette en mains, la magie opérera-t-elle ? Nous devons dire que, dans l’ensemble, le jeu nous a concocté une bien bonne surprise. Protection, esquive, contrôle et agressivité sont les composantes réunies afin de façonner la pierre angulaire (ou philosophale) d’un sytème de combat pour le moins efficace et assez complexe pour évoluer au fil de heures de jeu. À ce stade, difficile d’évaluer toute son ampleur, mais il ne pourra que s’améliorer, se développer en même temps que notre style de jeu. Certains préfèreront maîtriser une palette réduite de sorts quand d’autres rôderont plusieurs sets, maîtrisant du bout des doigts leur « platine de combat ».
En revanche, nous devons vous avertir sur les commandes et menus du jeu, sur lesquels nous avons beaucoup à redire. Les premières sont trop nombreuses et pas assez intuitives, voire ergonomiques. Cela se ressent particulièrement en combat où il vous faudra développer toute une gymnastique, entre R2/triangle, rond, R2/croix, triangle maintenu et arrêtons-nous là. La caméra, personnalisable, n’est pas non plus toujours aussi fluide que l’on aimerait. C’est à la marge, mais profitons-en tout de même pour le signaler. Quant aux menus, c’est un sujet à nuancer. D’une part, on sent bien qu’un certain nombre de réflexions ont permis de les harmoniser, de limiter leur complexification inutile. D’autre part, nous ne comprenons pas pourquoi l’accès aux cartes du jeu est si lourd, ni pourquoi le jeu nous dirige aussi régulièrement vers le menu. Peut-être aurait-il été possible d’ajouter des menus annexes plus légers, notamment pour les quêtes et tâches en cours. On pense aux petites fenêtres contextuelles que l’on retrouve parfois dissimulées sur l’interface du joueur, déployables d’un simple clic. C’est un détail, sans doute nous diriez-vous. Et bien justement, sur une production de cette taille, le diable est à son aise dans les détails.
Avant les combats vient l’exploration. Et que dire… ! Soyez serein car ce n’est sûrement pas là où le jeu pèche. Les attentes des joueurs étaient grandes, c’est un doux euphémisme, le menu servi l’est tout autant.
Mais en menant la vie de château
Nous sommes sur le genre de repas qui pourrait être présenté dans la Grande Salle, avec un Dumbledore rayonnant sur l’estrade, prêt à livrer son plus beau discours de rentrée. Amusons-nous deux secondes à comparer cette pièce iconique.
À gauche, vous avez celle de Harry Potter et l’Ordre du Phénix (PS2, 2007) et à droite, nous vous laissons deviner… Plus de 15 ans séparent ces deux titres. Trois générations de consoles plus tard, voici ce que la talent d’une équipe couplé aux technologies actuelles nous donne le droit de voir et d’arpenter.
Mais là où Hogwarts Legacy surprend, dans le sens positif du terme, c’est qu’il ne se contente pas de nous placer dans une posture de spectateur. Sollicitant le joueur en permanence via les devoirs quotidiens, les rencontres opportunes, les hiboux express (vous verrez…) et l’animation du château, nous sommes systématiquement actifs, plongés dans la découverte de et l’appropriation de cet incroyable « dortoir » aux mille secrets et merveilles. Et ce, sans jamais éprouver un sentiment d’ennui ou de répétition (du moins, pas pour l’heure). Reste tout de même au joueur de construire son aventure, en instaurant des moments de vadrouille, de déambulation, hors des quêtes instiguées par les PNJ. C’est aussi dans ces moments-là que la beauté opère, au creux d’une lumière traversant la salle commune de votre maison…ou devrait-on dire, de votre château.
S’il fourmille de détails et de générosité dans ses décors, le Poudlard du XIXe siècle n’a rien à envier à ses extérieurs. La surprise fut des plus agréables à ce niveau, pour changer. Évidemment, les joueurs (votre serviteur le premier) ont les yeux braqués sur le château mais aussi sur le petit village biscornu de Pré-au-Lard. Sachez que les deux ont déjà de quoi faire rêver plus d’un potterhead, mais ce n’est rien, à notre humble avis, face au monde ouvert d’Hogwarts Legacy. Car bon dieu, c’est bien d’un open world dont il est question ! Quelques heures de cours de potions et de forces du mal vous séparent du plus important, le cours de vol.
Debout, j’ai dit debout… La scène du premier film est de retour, on retrouve même certains plans quasiment tournés à l’identique. C’est d’ailleurs un des reproches que l’on peut faire au titre, de planer entre l’hommage appuyé et le plagiat pur et simple de certaines scènes si célèbres dans la saga du sorcier incarnée à l’écran par Daniel Radcliffe, entre autres acteurs-stars. Cela étant dit, une fois la cinématique terminée, libre au joueur d’acheter son premier balai et parcourir les étendues de Poudlard comme bon lui semble.
Certes, le sentiment de liberté n’est pas celui vécu dans Elden Ring, mais c’est bien normal pour un Action-RPG aussi balisé et accessible. Enfin, réjouissons-nous déjà des possibilités offertes par le titre. Il suffit d’enfourcher le balai et de partir explorer les environs pour découvrir la richesse, encore plus grande, d’Hogwarts Legacy. Il y a des heures de combats, de rencontres et de surprises en vue. Déciderez-vous de voler sans vous arrêter ou descendrez-vous du manche à chaque point d’intérêt aperçu sur la mini-map ? Là encore, vous et vous seul, pourrez façonner votre destinée de sorcier. Bon, rappelons quand même que la trame scénaristique pensée et écrite par les équipes d’Avalanche contribuera aussi énormément à votre avenir dans l’univers étendu de JK Rowling. En tout cas, n’oubliez pas qu’à l’instar de n’importe quel autre RPG, vous aurez la possibilité de définir votre rythme de jeu. Loin des couloirs de l’ère PS1-PS3, Hogwarts Legacy ouvre enfin les vannes du grand monde magique !
Quelques ombres au tableau…
Quelques défauts ont été disséminés çà et là, mais un des plus agaçant n’a toujours pas pointé le bout de son nez. Devenu monnaie courante dans les AAA et mondes ouverts actuels (mais aussi plus anciens), la « vision d’aigle », en référence à une certaine « maison » du jeu vidéo, est aussi de la partie dans Hogwarts Legacy. Moins intrusif et déplacé que le focus d’Horizon Forbidden West, nous aurions pu nous passer du sortilège « Revelio » que vous n’êtes pas prêt d’oublier… Un nouvel espace, un environnement inédit : Revelio ! Bien sûr que c’est au joueur de décider, d’opérer, mais n’oublions pas que les développeurs ont pensé chaque mécanique d’un titre sur le marché. Et bien que nous comprenions les avantages d’un tel choix, qui permet de toucher un public de joueurs très large, nous ne cautionnons pas pour autant cette « facilité » qui peut nuire à votre expérience de joueur de par son caractère addictif. Qui n’a pas envie de marteler la flèche gauche de son pad ? Nous félicitons celles et ceux qui ont le courage de préserver le sentiment de découverte que l’on peut éprouver à la rencontre d’un coffre ou d’un mécanisme caché, habituellement mis en surbrillance « d’un simple coup de manette ». Soyez forts et n’utilisez donc pas trop souvent ce « sort-focus » que l’on veut voir disparaître du monde vidéoludique. Oui, tant que ça…allez, ouste, tu as fait ton temps !
Il faut bien le confesser, Hogwarts Legacy, développe au fil de l’aventure des mécaniques propres aux jeux de simulation de vie, tels que les célèbres Sims et Animal Crossing (entre autres licences…). Rien de déplaisant dans le fond, bien au contraire. Volontairement, nous décidons de ne pas vous spoiler certains éléments débloqués après quelques heures de jeu, mais sachez que vous serez gâtés si vous appréciez la personnalisation. Malheureusement, la direction artistique un peu trop terne sur les bords, n’est pas vraiment relevée par cet aspect ludique intéressant et attendu du titre. C’est curieux, surtout que l’on est souvent invité à (re)personnaliser notre personnage via un ensemble de capes, chapeaux et accessoires assez hauts en couleur. Là où le bât blesse, c’est que notre avatar est l’unique élève déguisé du château… Cela donne donc lieu à des cinématiques assez ubuesques, où notre petit sorcier est grimé en chevalier alors que tous ses autres camarades ont encore la robe de leur premier jour à Poudlard, triste et déjà vue. Heureusement, Peeves est de la partie !
Vous l’avez compris, ces premières heures sur Hogwarts Legacy laissent présager le meilleur. Que vous y passiez une trentaine de minutes ou quatre heures, le jeu saura toujours vous proposer des activités à minima plaisantes, amusantes et parfois captivantes. Puis la meilleure nouvelle que nous pouvons d’ores et déjà vous annoncer, c’est que l’immersion prend de l’ampleur au fil des heures et on a envie de voir notre personnage évoluer. Et forcément, de vivre, au sens premier du terme, dans cet univers connu et fantasmé de « tous ».
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