Vos réseaux sociaux sont remplis d’authentiques chats amusés par une boule de poils virtuelle qui a fait ses débuts le 19 juillet sur PS5, PS4 et PC ? C’est normal, ne vous laissez pas happer par le pouvoir de ces félins… Enfin si, cédez à la tentation avec nous en vous abonnant au compte Twitter @CatsWatchStray qui rassemble toutes les vidéos de chats réagissant devant Stray. Une fois cela fait, découvrez sans plus attendre notre test. Le jeu du studio montpelliérain BlueTwelve Studio est-il à la hauteur de ses griffes ?
En 24h, Stray a brisé les records de son éditeur, Annapurna Interactive, réputé pour couver des propositions de jeux se démarquant par leur originalité et leur concept (12 Minutes, The Artful Escape, Outer Wilds pour n’en prendre que trois des plus récents). Sur PC, le jeu a dépassé la barre symbolique des 50 000 joueurs simultanés ! Cela en fait d’office un très beau succès indépendant puisque le record était tenu par 12 Minutes avec 8 021 joueurs en simultané sur PC. Le point commun entre 12 Minutes et Stray : tous deux sont sortis en day one sur des plateformes de jeux par abonnement. Si le premier s’était lancé dans le grand bain du Game Pass de la firme de Redmond, Stray est parti chez la concurrence, chez PlayStation. On peut sans mal lui accorder le statut de jeu d’amorce, de fer de lance des nouvelles formules du PlayStation Plus : Extra et Premium. Si vous êtes abonné à l’un de ces « plans », vous avez peut-être démarré votre périple félin. Si ce n’est pas encore le cas, nous vous conseillons de lancer le téléchargement. Avec un peu de chance, votre jeu sera fin prêt d’ici la fin de ce test…
« Vivre le monde » à travers les yeux d’un félin
La proposition de Stray réside dans cette phrase comprenant une promesse : devenir chat, le temps d’un jeu. Depuis son annonce en juin 2020, c’est cette promesse qui a cristallisé de nombreux espoirs, dont les nôtres.
Comme il est bon de revoir ces premières images de Stray après l’avoir réalisé de bout en bout, puisque pour le coup, on ne nous a pas menti ou floué. Tout y était déjà dit : la ville dense animée par les néons, les perspectives félines, les rencontres avec ces drôles de robots et la verticalité, véritable pilier de gameplay du jeu. Puisque nous évoquons ce dernier, autant tout vous dire : les contrôles et leur apprentissage sont réussis. On peut globalement s’exprimer (grâce à un redoutable ensemble sonore de « miaou »), poser nos griffes à tout va et sauter de conduits en canapés en préservant la grâce de ces quadrupèdes. Cerise sur la truffe, l’apprentissage est efficace. Un jeu comme Stray d’une durée de vie de 5 à 7 heures aurait souffert d’un tutoriel mal incorporé, forcé. Là, ce n’est pas du tout le cas. On apprend à devenir un chat, pas à pas, plutôt subtilement.
Les débuts sont assez magiques, soyons sincères. A fortiori pour celles et ceux qui apprécient déjà l’animal. C’est presque le genre de jeu qui pourrait nous faire chuter, nous porter directement vers la SPA du coin. Si nous avons pu découvrir notre héros seul, noyé dans la dangerosité d’un monde urbain hyper-robotisé, c’est pourtant accompagné et même en bande que tout a commencé. Monsieur se trémoussait avec ses copains, quant soudainement, crac. Il a fallu quelques secondes pour se remettre de cette chute. Et quelle chute ! Désormais, l’objectif est simple (mais double) : comprendre le monde qui nous entoure et retrouver la lumière, l’extérieur.
Une ville à sauver
Verdure et bonne compagnie to cyberpunk city, voilà le mot d’ordre. Très vite, on comprend que c’est nous, du haut de nos trente centimètres, qui allons sauver les habitants des taudis du faux ciel étoilé et des plantes artificielles. On peut reprocher au jeu la simplicité de ces missions, qui consistent à se balader d’une personne à l’autre en leur donnant souvent des items qui vont débloquer au fur et à mesure la progression de notre félin et de son assistant. Oui, vous avez bien lu. Puisque contrôler un chat a ses limites (en termes d’aptitudes à pirater des systèmes par exemple), l’équipe de BlueTwelve Studio a décidé de l’épauler. C’est là que B-12 fait son apparition ! Par la suite, ce dernier nous aidera à décimer les Zurks. Ennemis principaux du jeu, ces derniers sont des sortes de rats sangsues prêts à tout pour se nicher dans vos poils. Ils deviennent vite collants lorsqu’ils déboulent en groupe sur notre compagnon de route. L’effet « rat + meute » n’est pas sans rappeler les feelings rencontrés sur un autre titre français : A Plague Tale : Innocence (Asobo Studio, 2019). Celles et ceux ayant eu la chance de jouer à ce dernier comprendront immédiatement ce qu’on entend par là…
Le contexte est posé, vous en dire plus gâcherait quelques belles surprises, et ce serait regrettable pour un titre assez court comme celui-ci. D’ailleurs relevons que le prix de vente de 30€ (hors abonnement PS+ Extra/Premium) est tout à fait honnête. Nous en voyons déjà certains râler… Nous leur répondrons que le jeu a bien des qualités, et que celles-ci n’ont pas été développées en un claquement de doigts. Ne serait-ce que sur le plan de la direction artistique, on a du mal à imaginer la quantité de travail… Développé sous Unreal Engine 4, le jeu est beau. Vraiment beau ! Sur PS5, la technique est parfaitement au point, nous n’avons rencontré aucun bug. Nous avons juste profité d’un univers fouillé, qui fourmille de détails dévoilant l’histoire du monde avec beaucoup d’élégance.
Une immersion volontairement totale
Au rayon des « défauts », on peut mentionner le manque d’aides visuelles ou d’indication. L’interface très épurée fait sens et fait plaisir (face à beaucoup de jeux envahissants à ce niveau) mais il faut reconnaître qu’il est parfois difficile de retrouver la maison d’un personnage dans les taudis. Le level design est intéressant mais assez labyrinthique avec notre perspective féline. Bon, ceci dit, l’aventure n’en sera que plus intense et agréable si elle est vécue en deux ou trois sessions rapprochées ! Le mot défauts était bien entouré de guillemets car après tout, c’est un choix assumé du studio. Et il renforce l’immersion. Selon votre mémoire et votre sens de l’orientation, vous risquez de tourner un peu en rond avant de vous souvenir où était la maison du PNJ en question. Mais qui sait, peut-être que l’on touche à une des problématiques au cœur de la vie de nos compagnons trognons ?
L’OST du jeu est signée Yann van der Cruyssen. Un compositeur spécialiste du chiptune, loin d’être étranger aux mondes vidéoludiques. Avant de s’occuper des aventures de notre félin, il a pu créer 44 titres pour le jeu Seasons after Fall (Swing Swing Submarine, 2016). Avec Stray, il a accompli sa mission musicale avec brio ! Le monde est habité par ses sonorités atmosphériques. Finalement, musiques et images nous en disent long sur le monde que l’on arpente. Et à chaque situation, de stress, d’espoir ou de découverte, une nouvelle musique se déclenche. Les notes ne cessent de rythmer et donner du corps à notre cheminement. Brillant ! Pour parfaire le sentiment d’immersion qui naît de tout cela, la DualSense joue très bien son rôle. Ni trop ni trop peu pourrait-on dire… Elle vient compléter, détailler des actions. On peut prendre l’exemple de l’ascenseur : on sent le mécanisme, la montée au creux de nos mains. Quelle fascinante technologie ! On se délecte de son intégration à chaque nouveau titre qui la prend en charge.
CONCLUSION
L'heure du bilan a sonné. Une armée de chats se bousculent au portillon ! Le verdict est tombé : ce ne sera qu'un 8/10, avec hésitation entre le 8 et le 7. Les premiers instants m'ont fait espérer plus que le jeu pouvait me donner, plus qu'un félin pouvait me donner. Fatalement, les aptitudes de ces quadrupèdes ont leur limite. C'est aussi ce qui limite cette belle expérience dans la peau d'un chat. Si l'on se contente de "miaouter" et de sauter avec agilité quelques heures, l'ennui commence tout doucement à pointer le bout de sa truffe en fin de parcours. Les quelques ajouts ludiques (extermination des zurks aux UV & furtivité sur la dernière heure et demie) amenés sur le tard n'ont pas suffit à combler tous nos espoirs en termes de gameplay. Mais cette "déception" est amplement rattrapée par une bonne histoire, une DA et un univers à tomber, sans oublier le simple fait d'incarner un chat. Ah bah oui, quand même... !
LES PLUS +
- (Enfin) incarner un félin
- L'immense travail artistique accompli sur cet univers cyberpunk
- L'ambiance musicale et sonore de grande qualité
- La durée de vie : 5 à 7 heures en étant assez méticuleux, et c'est suffisant !
- Le récit efficace
LES MOINS -
- Le gameplay montre assez rapidement ses limites...
- ...peut-être comme le félin ?
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