Nous apprenions hier, via un communiqué, qu’Epic Games venait de réitérer une levée de fonds. Ce qui amène l’entreprise (et surtout ses actions) a être valorisées à hauteur de 28,7 milliards de dollars. Vous nous rétorquerez que c’est très bien mais que finalement, on en a pas grand chose à faire chez PlayStation Inside… Raté, pas cette fois. Car sachez que pour la deuxième fois, Sony a investi quelques centaines de millions. Alors voyons ensemble les raisons de tels choix financiers, et les implications qu’ils peuvent avoir.
Ce tour de table comprend un investissement stratégique supplémentaire de 200 millions de dollars de la part de Sony Group Corporation, qui s’appuie sur la relation déjà étroite entre les deux sociétés et renforce leur mission commune consistant à faire progresser l’état de l’art en matière de technologie, de divertissement et de services en ligne socialement connectés.
Traduit du communiqué officiel, publié par Epic Games.
En préambule, et avant de rentrer dans l’analyse, notez bien que nous parlerons ici de Sony Group Corporation et non de la branche PlayStation. Il semblait important de le rappeler puisque nous avons forcément l’habitude de nous restreindre à l’écosystème PS. Ici, élargissons notre champ de vision afin de déchiffrer cette relation qui est présentée, vous l’avez sans doute noté, comme « étroite » entre les deux entreprises du divertissement.
Sony d’un côté, avec entre autres le jeu vidéo, la musique, le cinéma, des innovations et du beau hardware en lien avec l’ensemble de ces domaines. Epic Games de l’autre, avec une certaine ubiquité dans le monde vidéoludique, assez joliment démontrée d’ailleurs. L’entreprise américaine dirigée et co-fondée par Tim Sweeney brille déjà dans le cœur des joueurs, observateurs et acteurs de notre médium. Depuis 2018, Epic a aussi l’Epic Games Store, une « boutique » de jeux plus généreuse avec les créateurs (avec la fameuse commission arrêtée à 12% face aux 30% de la concurrence) mais aussi avec les joueurs PC/MAC en leur offrant tout simplement un jeu par semaine (si ce n’est plus des fois). Mais déjà, en 2017, Epic avait réalisé un coup de maître avec Fortnite et ses 350 millions de joueurs actifs. À ces récents mouvements, on peut toujours rappeler qu’Epic Games, ce n’est pas que Fortnite, c’est aussi des jeux développés depuis les années 1990 : Unreal Tournament, Gears of War, et nous en passons. Mais surtout, et par-dessus tout, Epic Games, c’est aussi une porte ouverte vers des avancées technologiques de premier ordre et un moteur en constante évolution, l’Unreal Engine :
Ok, vous pouvez le confesser, nous aussi on aime la revoir de temps en temps. Cette démo, c’est la promesse de prouesses graphiques d’abord sur PlayStation 5, ne l’oublions pas. Le titre est limpide et les 15 millions de vues montrent bien que ce genre de vidéos assez technique, donc souvent de niche, a franchi le terrier cette fois. Et cela se résume en un verbe : rêver. Car une grande majorité de joueurs, ne nous le cachons pas, rêvent de parcourir des mondes aussi réalistes, immersifs et organiques. Ceci, nous pensons que Sony l’a largement saisi, et d’ailleurs s’y exerce déjà avec les productions de studios comme Naughty Dog ou Guerrilla Games (entre autres, encore une fois). Reste que onze mois, jour pour jour, après ce retentissement dans le monde de la tech et des moteurs de jeu, on apprend que Sony apporte pour la deuxième fois une somme conséquente dans une levée de fonds d’Epic Games. Hier, c’était 200 millions de dollars. En juillet 2020, après la révélation de l’Unreal Engine 5 sur PS5, c’était 250 millions que Sony investissait dans le capital de l’entreprise américaine. Si ce n’est pas avec ces « quelques deniers » que la firme japonaise va détenir une part importante d’Epic Games, alors pourquoi se démunir de millions de dollars ? On peut aussi se demander, vu comme la machine a démarré : à quand le prochain tour et pour combien ? Les paris sont lancés…
L’amour dure tant qu’il y a de l’argent
Epic continue d’offrir des expériences révolutionnaires grâce à son éventail de technologies de pointe qui soutiennent les créateurs de jeux et l’ensemble de l’industrie du divertissement numérique. Nous sommes ravis de renforcer notre collaboration pour offrir de nouvelles expériences de divertissement aux gens du monde entier. Je crois fermement que cela correspond à notre objectif de remplir le monde d’émotions, grâce au pouvoir de la créativité et de la technologie.
Propos du PDG de Sony Group Corporation, Kenichiro Yoshida, toujours traduit du communiqué officiel publié par Epic Games.
C’est globalement tout ce qu’on peut se mettre sous la dent… Néanmoins, cela en dit déjà long, si l’on passe derrière les contours marketing et le polish de la déclaration du PDG de Sony Corporation. Déjà, le mot collaboration n’est pas innocent. Il est même lourd de sens. Ensuite, Kenichiro Yoshida met immédiatement en avant les technologies de pointe de son confrère de l’entertainment. On repense forcément à l’Unreal Engine et l’on ne peut que se dire que ces millions d’euros investis par Sony chez Epic assure à ce premier un soin tout particulier apporté au moteur graphique sur PS5 notamment. Voici sans doute une première réponse au pourquoi du comment.
Ensuite, n’oublions pas que les points communs sont nombreux entre Epic Games et Sony Group Corporation, comme le rappelle bien le cher PDG de la société japonaise d’ailleurs. Tous deux convergent vers moult médias, et Sony n’a que d’intérêts à s’entourer et collaborer avec les fleurons de l’industrie et de la tech. Cela pourrait lui permettre de faire des prouesses, ici, dans le JV. Comme ailleurs, sur le petit ou le grand écran par exemple. En la matière, cela tombe bien, Epic fait d’ores et déjà des merveilles. Jugez plutôt !
« MetaHumans » peut aussi tenir en un mot : bluffant. Le rendu est bluffant, les possibilités le sont tout autant. Si l’idée de créer des humains numériques avec un réalisme encore inédit a bien évidemment sa place dans le jeu vidéo, cela peut également être utilisé dans le cinéma ou pour n’importe quelle création numérique. Et cette technologie signée Epic ouvre les portes du « métaverse » tant recherché par la société. On peut y voir une première grande et belle tentative dans le concert de l’artiste Travis Scott sur Fortnite. On y était et ce fut quelque chose d’impressionnant. Au passage, devinez où peut bien être signé le rappeur texan : oui, bravo, chez Sony Music Entertainment. Vous commencez à saisir que cette relation Epic Games/Sony Corporation ne s’arrête pas au jeu vidéo, loin de là. Puis tâchons de ne pas oublier que Sony est aussi très innovant, en s’insérant sur le marché des technologies récentes à des coûts plus raisonnés. Prenons par exemple le domaine de la réalité virtuelle avec les cinq millions de casques vendus par Sony dans le monde (ce qui est un beau chiffre au vu d’une technologie encore peu répandue, malgré tous les efforts des constructeurs), on imagine vite qu’un outil comme MetaHumans pourra y être mis à profit sur le prochain PS VR dédié à la PS5.
Toujours dans cette vision de globalisation de leur stratégie, il faut croire que Sony et Epic Games surfent sur les vagues du même océan… Le « Fortnite est un jeu vidéo. Mais reposez-moi la question dans un an. » balancé par Tim Sweeney en décembre 2019 fait drôlement écho à certaines récentes annonces de Sony. Ainsi qu’à une volonté de porter certaines licences de ses PlayStation Studios bien plus loin qu’on aurait pu le fantasmer il y a une dizaine d’années. Car n’oublions pas que si une réelle appréhension plane forcément dans nos esprits lorsque l’on pense à The Last of Us sur le petit écran, on peut se rassurer du point de vue technique pour les adaptations des années à venir. Si l’on prend l’exemple de Star Wars, avec Disney et pas Sony derrière mais l’exemple se tient tout de même, il faut savoir que l’excellente série TV The Mandalorian a clairement bénéficié des outils d’Epic. Sans l’Unreal Engine, les effets visuels et créatures du show n’auraient sans doute pas été aussi impressionnants. D’ailleurs, le moteur graphique a aussi servi de fond vert (plus que premium) aux acteurs de la production, les aidant forcément à developper un acting plus sincère et impactant. Les décors, « fabriqués » sur l’Unreal Engine, étaient projetés sur des écran incurvés. Un régal pour nos acteurs donc, vous imaginez bien.
Avant de vous laisser, on notera qu’Apple annonce que l’Epic Games Store ne sera pas rentable avant 2027. Ce qui peut se révéler vrai tant il semble délicat de lutter face à des géants comme Steam, surtout avec une commission si faible et autant de jeux offerts aux joueurs. Toutefois, n’oublions pas qu’une exclusivité console PlayStation sortira uniquement via Epic sur PC : Kena Bridge of Spirits. Quelques mois plus tôt, Horizon Zero Dawn voyait le jour sur PC, mais via Epic et Steam. Ce ne sera pas le cas pour Kena. Peut-on alors présager d’une relation durable entre les deux firmes ? À vous de nous dire ce que vous pensez de tout cela, en commentaires de cet article ou sur Twitter.
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