Avec l’avalanche de titres majeurs qui nous attend cette année, nous aurions presque tendance à oublier que le père du jeu de tir moderne à la troisième personne revient dans une version entièrement retravaillée ce 24 mars 2023. Pour bien se rendre compte de l’importance des aventures de Leon Scott Kennedy en Espagne sur l’industrie, il faut savoir que, sans elles, des licences telles que Gears of War, Uncharted ou Dead Space n’auraient certainement jamais existé sous la forme que nous connaissons tous. Cliff Bleszinski, père de la trilogie des Gears, avoue lui-même que Resident Evil 4 est le jeu qui a tout changé pour lui. Dans la foulée de sa conférence Capcom Spotlight, et à quelques jours de la sortie du titre, l’éditeur japonais nous fait le plaisir de publier une démo de Resident Evil 4 Remake accessible à tous, sans limite de temps et d’essai. Une seule question en suspens : ce remake est-il à la hauteur de son héritage ?
Présentation générale
Resident Evil 4 est sorti le 11 janvier 2005, en exclusivité sur Nintendo GameCube, avant de sortir plus tard dans une version enrichie sur PlayStation 2. S’il n’a pas inventé le jeu de tir à la troisième personne, il est le titre qui a démocratisé la majorité des codes qui structurent les jeux d’action-aventure actuels, dont la fameuse visée à l’épaule. Lorsque vous lancez un jeu d’action sorti après lui, vous pouvez être sûr qu’il a été pris comme modèle. Son arrivée a été salvatrice pour la licence Resident Evil qui était en perte de vitesse. La création de Shinji Mikami assumait pleinement le virage action de la saga qui avait déjà été amorcé avec les opus précédents. Les curseurs étaient poussés au maximum, et l’aspect horrifique laissait place à une action frénétique où les enchaînements de tirs à la tête et coup de pied sautés étaient nos meilleurs alliés. Le contexte narratif de ce remake est identique à celui du jeu d’origine. L’action se passe 6 ans après les terribles événements de Raccoon City traversés dans Resident Evil 2 et 3. Après avoir survécu à cet enfer, alors qu’il n’était qu’une jeune recrue de la police locale, Leon a intégré un programme spécial du gouvernement américain afin de devenir un agent d’élite. Il est envoyé seul en Espagne, pour retrouver la trace de la jeune fille du président des États-Unis d’Amérique, récemment kidnappée. Les derniers renseignements indiquent qu’elle aurait été aperçue dans un petit village. Leon comprend rapidement qu’il n’est pas le bienvenu dans ce hameau à l’allure faussement paisible, où le diable semble avoir pris possession de ses habitants.
Bienvenue en enfer
Le RE Engine faisait déjà des merveilles sur les épisodes 7 et 8, mais ce que Capcom arrive à faire sur ce remake est sans commune mesure. Rien qu’avec cette démo, nous pouvons déjà dire qu’il s’agit d’un des plus beaux jeux sortis depuis le début de cette nouvelle génération de consoles. Leon et les infectés sont plus réalistes que jamais. Les cheveux et les visages sont plus vrais que nature, et la gestion des éclairages est tout simplement époustouflante. Le gore est évidemment présent, et nous pouvons voir que les développeurs ont dû prendre un malin plaisir à modéliser les corps ensanglantés et massacrés qui jonchent le sol. La découverte du corps lacéré d’un cerf avant de pénétrer le village annonce la couleur : ce voyage en Espagne ne sera pas une ballade de santé pour notre super agent.
Les développeurs de Capcom ne se contentent pas de refaire les environnements connus avec des graphismes au goût du jour, ils se les réapproprient pour les magnifier. L’arrivée dans le village se fait de manière progressive afin de faire lentement monter la pression et de renforcer cette impression d’étau qui se resserre sur le joueur. Le tout commence dans une forêt lugubre dans l’obscurité, et la nuit laisse progressivement place au jour alors que nous progressons. Les bâtiments sont somptueux et font ressortir l’aspect rural presque moyenâgeux de la région, comme si nous pénétrions dans une bulle temporelle angoissante complètement coupée du monde moderne. Chaque pièce traversée est une peinture macabre, et cela laisse rêver quand on pense à tous les lieux mythiques du jeu d’origine qu’il nous reste à découvrir. Cette démo de Resident Evil 4 Remake est un régal visuel de tous les instants.
Un gameplay magistral
Si Resident Evil 4 est entré dans la légende, ce n’est pas simplement grâce à ses séquences d’action nerveuses. Son aura provient du fait que c’est un jeu d’action riche, aux frontières de l’arcade, qui permettait au joueur de jouir d’un vaste panel de possibilités. Ce n’est pas un hasard si la version de 2005 est encore très populaire chez les streamers, car il existe peu de jeux qui offrent autant de possibilités et de sentiment de toute-puissance lorsque toutes les mécaniques sont assimilées par celui qui tient la manette. Cependant, face à la montée en puissance des voix de ceux qui regrettent le tournant action pris les opus 4, 5 et 6, il était légitime de se demander si Capcom allait céder à la facilité en nous servant un jeu qui n’aurait de Resident Evil 4 que le nom. Les rumeurs qui indiquaient un reboot du développement laissent penser que l’éditeur japonais devait certainement se poser des questions quant à la marche à suivre. Les craintes sont d’ores et déjà balayées par cette démo. Ce remake est à la hauteur de son modèle. Plus que cela, il le magnifie et risque bien de poser de nouveaux standards pour les jeux d’action à venir.
Les vétérans de Resident Evil 4 seront ravis de constater que les nombreuses techniques de corps-à-corps sont toujours là, et qu’elles sont même enrichies d’un système de parade et de contre-attaque à l’aide du couteau. Joueurs aguerris et néophytes peuvent en retirer le même plaisir, car ce système reste assez permissif. Si les plus instinctifs d’entre nous peuvent asséner des contres beaucoup plus dévastateurs, le joueur occasionnel pourra aussi parer de nombreuses attaques avec sa lame. Nous ne sommes pas devant un jeu qui demande une maîtrise absolue du timing tel un Sekiro. L’objectif des développeurs est de mêler habilement la notion de fun et la technique manette en main pour que tout le monde soit en mesure d’y trouver son compte. S’il est tout à fait possible de jouer au jeu comme à n’importe quel jeu de tir classique, le mieux reste de ne pas seulement faire parler la poudre. Resident Evil 4 Remake reprend de son grand frère la localisation des dégâts. Comprenez par là qu’un tir bien placé dans la tête ou dans le genou peut déstabiliser votre cible, vous donnant ainsi une fenêtre d’ouverture pour un coup au corps-à-corps souvent fatal, et diablement utile pour nettoyer une zone. Un ennemi brandissant une machette peut également être désarmé à l’aide d’un tir sur la main qui porte l’arme. Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec le combat à mains nues, rassurez-vous, le jeu ne semble pas avare en munitions, et reprend même le système de craft de Resident Evil 3 qui permettait de confectionner ses propres cartouches à l’aide de poudres noires trouvables à certains endroits.
Après cette démo de Resident Evil 4 Remake, et si le jeu entier se montre à la hauteur de ces quelques minutes, il y a très peu de doutes quant au fait que nous aurons là un très sérieux candidat au titre de meilleur jeu de l’année 2023. Le titre incarne le meilleur de ce que Capcom a pu développer ces dernières années. C’est un mariage qui s’annonce parfait entre modernité et respect de la tradition. Nous n’avons qu’une hâte, accompagner notre bon Leon jusqu’au bout de ce périple sanguinaire en Espagne.
Vous avez oublié de préciser que graphiquement sur Ps5 il ya un filtre flou qui gâche l’expérience, sur Xbox Ras, merci a Jim Rayan pour la old gen car ça devait être une exclu next gen