Aux prémices de PlayStation, les mascottes étaient la marque de fabrique du constructeur. Crash Bandicoot, Ratchet and Clank ou encore Sly Cooper, pendant toute une décennie, ces légendes de notre enfance ont façonné l’aura de la marque avant de doucement transmettre le relais. Kratos, Nathan Drake, et plus récemment Aloy, PlayStation s’est peu à peu détaché de cette image pour laisser place à des univers plus guerriers. Des héros, au détriment des mascottes. Pour autant, au milieu d’elles, est né un certain Sackboy, en 2008. Mais aujourd’hui, la petite boule de laine sur pattes quitte sa créativité pour infiltrer l’univers enchanteur de la plateforme dans le dénommé Sackboy : A Big Adventure. Alors, le défi est-il réussi ? La réponse dans ce test.
Sackboy de retour
A l’origine imaginé par le studio Media Molecule, Sackboy provient tout droit de la célèbre licence Little Big Planet. Une licence déjà orientée vers la plateforme à l’époque mais qui a principalement forgé sa renommée dans la création et le partage de niveaux, le tout rendu possible par des outils aux possibilités infinies. Après avoir traversé des millions de lieux tous aussi improbables les uns que les autres, du moins pour les plus aventureux, la mascotte de PlayStation a fait son petit-grand retour en cette fin d’année 2020 sur PlayStation 5, mais également sur PlayStation 4. Près de 13 années plus tard, et après s’être vu confié l’épisode Little Big Planet 3 en 2014, le studio Sumo Digital reprend les commandes de la licence pour guider la mascotte vers de nouveaux horizons.
C’est précisément durant la conférence de PlayStation ayant levé le voile sur la PS5 que Sackboy A Big Adventure à été annoncé, aux côtés de géants tels que Ratchet and Clank Rift Apart ou encore Horizon Forbidden West. Et fatalement, le titre de Sumo Digital a été noyé dans cet océan d’annonces alors qu’il avait lui aussi, à l’image de Demon’s Souls et Marvel’s Spider-Man Miles Morales, la responsabilité d’accompagner le lancement de la nouvelle console de Sony. Une responsabilité bien importante pour un être entièrement fait de laine. Et pourtant, malgré ses lacunes et son manque d’originalité évident, le titre parvient malgré tout à nous séduire sur bien des aspects.
Little Big Adventure
L’histoire de Sackboy A Big Adventure se déroule sur la merveilleuse planète de Patchwork Monde. Alors que Sackboy et ses amis y vivaient en paix, la terrible menace du nom de Vex s’abat sur eux et aspire l’ensemble des Sackripants, petites créatures de laines, grâce à sa redoutable arme : le Tournebouleur. Tous sont alors retenus prisonniers, sauf un, qui parvient à s’échapper à temps. Et vous comme vous l’aurez compris, il s’agit bien évidemment de notre cher et sympathique Sackboy. Au cours de son périple, le héros téméraire va voyager en parcourant les planètes dans le but de sauver Patchwork Monde du Chaos. Et pour ce faire, aidé par le joueur, il va devoir récolter des orbes de rêves afin de venir à bout de cette énergie maléfique en la purifiant, et ainsi reprendre le contrôle de la situation pour rendre la paix à son univers.
Vous l’aurez sans aucun doute deviné, Sackboy A Big Adventure n’étonne absolument pas pour l’originalité de son scénario. Et bien évidemment, ce n’est pas sur ce point que nous l’attendions, il est donc délicat de le juger sur cet aspect-là. Pour autant, il aura le mérite d’intéresser et de plaire à un public plus jeune, dont il est sans doute principalement la cible, et apporte un vent de douceur aux expériences exclusives majoritairement proposées par Sony ces dernières années, en dehors de Knack ou encore de Ratchet and Clank. De quoi passer un bon moment en famille, bien que la courbe de difficulté s’intensifie considérablement au fil de la progression.
Si les premiers mondes explorables restent relativement simples, voire parfois trop simples, le titre, sans tomber dans une difficulté aberrante, loin de là d’ailleurs, propose des pics de difficulté fortement intéressants, tranchants radicalement avec la simplicité des débuts de l’aventure. Et bien au-delà du challenge qui s’installe passé les premières heures de jeu, le level-design dévoile une diversité insoupçonnée jusqu’alors, pour notre plus grand plaisir. Mais diversité ne rime pas toujours avec originalité.
La plateforme, pari gagnant pour Sackboy ?
Le gameplay de Sackboy A Big Adventure repose sur tout ce qu’il y a de plus classique, pour peu que l’on soit un minimum familier avec les jeux de plateforme. Proposant une succession de niveaux en 3D, le titre se divise en 5 mondes principaux et propose au total plusieurs dizaines de lieux à parcourir. Sackboy peut entre autres rouler, s’accrocher à des plateformes, tourbillonner, sauter ou encore frapper ses ennemis. Alternant entre exploration, plateforme, courses-poursuite, avec une caméra obligeant le joueur à être assez rapide au risque de se faire rattraper, ou encore des combats de boss, le jeu de Sumo Digital a le mérite de baser sa formule sur la diversité de ses phases de jeu. Le joueur aura d’ailleurs souvent l’occasion de recourir à différents gadgets propres à certains niveaux (grappin, boomerang, jetpack…), permettant d’enrichir le gameplay sur la durée.
Certains niveaux bénéficient d’un level-design efficace bien que malheureusement déjà vu dans grand nombre de titres du même genre depuis des années, particulièrement du côté des productions de Nintendo. Si cela ne nuit en rien au plaisir de jeu, une forme de répétitivité peut malgré tout rapidement s’installer pour les habitués. D’ailleurs, le passage de la 2,5D sur Little Big Planet à la 3D dans ce Sackboy A Big Adventure, avec la caméra qui suit notre personnage (il ne s’agit donc pas d’une caméra libre), ne se fait pas totalement sans encombres puisqu’il s’accompagne fatalement de nombreuses imprécisions de gameplay, pouvant parfois entraîner une chute fatale pour cause de soucis dans l’évaluation des distances. Dommage.
Si le titre a le mérite d’apporter un vent de fraicheur à l’univers gravitant autour de Sackboy, notamment grâce à des personnages haut en couleur qui ponctueront l’histoire d’une touche humoristique appréciable, le bestiaire se veut quant à lui malheureusement bien trop limité. Les différents ennemis que vous croiserez en route sont relativement peu nombreux et ne vous poseront jamais problème, à l’image des combats de boss bien trop peu inspirés et sans véritable chalenge, même pour un jeune public.
Nous l’évoquions précédemment, la saga Little Big Planet avait pour principal objectif de fédérer une communauté de créateurs et de faire appel à l’imagination des joueurs. Pour autant, il s’agissait d’une licence qui abordait déjà la plateforme et qui, malgré une physique certes déroutante par sa lourdeur, se laissait apprécier pour l’infinité de niveaux jouables qu’elle proposait. Et regrettablement, Sackboy A Big Adventure se voit donc amputé de cet aspect forcément très associé au personnage de laine. Le titre ne dispose pas d’outils permettant d’éditer ses propres niveaux et cela en réduit donc grandement l’intérêt sur la durée.
Cela dit, le jeu a le mérite de proposer de nombreux objets à collectionner (tenues, accessoires, couleurs pour votre Sackboy…) et à trouver dans chacun des niveaux afin d’étirer sensiblement la durée de vie. Si certains sont relativement simples, cela devient plus challengeant au fil de la progression comme nous l’évoquions précédemment. Les plus déterminés d’entre vous pourront d’ailleurs tenter de venir à bout de chacun des niveaux sans perdre de vie ou encore s’essayer à un mode Chronométré contenant une quinzaine de défis indépendants de l’histoire. De quoi déjà bien en profiter pour peu que vous appréciez la quête du 100 % et qui pourra alors poser un plus grand challenge étant donné qu’un sixième monde viendra vous mettre au défi d’en venir à bout. Sinon, comptez environ une douzaine d’heures pour en venir à bout en ligne droite.
Ajoutez à cela un mode coopération en local jusqu’à 4 joueurs, de quoi vous replonger dans les souvenirs d’une époque désormais (presque) oubliée. Depuis une mise à jour déployée en décembre, il est également possible de coopérer avec des amis en ligne dans des niveaux exclusifs à la coopération. Ces derniers vous demanderont alors de faire appel à l’aide de vos amis afin de pouvoir poursuivre votre progression. A noter qu’au delà des niveaux spécialement conçus pour la coopération, vous pouvez bien entendu (re)jouer à tous les niveaux principaux à plusieurs, en local comme en ligne. Un très bon point, et par dessus tout assez rare de nos jours pour être souligné.
Plaisir des sens
Sackboy A Big Adventure propose une expérience qui va grandement solliciter vos sens, à commencer par l’ouïe. En effet, le plus grand point fort du titre réside étonnamment dans son incroyable bande-son, extraordinairement bien implémentée aux différents niveaux. Jouissant de compositions originales, elle vous guidera régulièrement sur les ondes de musiques populaires dont il est bon de vous garder la surprise, donnant par ailleurs naissance à des niveaux musicaux rythmés et ingénieux. Bien évidemment, il serait complexe de parler des sens sans évoquer la star en la matière pour cette nouvelle génération de console du côté de Sony, la DualSense. Si les gâchettes adaptatives n’interviennent que très rarement, elles ont le mérite de créer un joli effet de surprise dès lors qu’elles se manifestent. Le gyroscope est aussi de la partie mais ce sont surtout les retours haptiques qui impressionnent. Très bien intégrés, ces derniers apportent un réel avantage fortement appréciable. Et si l’exploitation de la technologie de la DualSense reste évidemment incomparable au travail abattu par la Team ASOBI de Japan Studio sur Astro’s Playroom, dont la fonction première est de vanter les mérites de la nouvelle manette de PlayStation, Sackboy A Big Adventure parvient à les intégrer naturellement à son gameplay au point de sans doute devenir le titre qui les exploite le mieux, juste après Astro’s Playroom.
Sur le plan technique et visuel, le jeu de Sumo Digital s’en tire avec les honneurs. S’il ne fait en rien la démonstration technique de la puissance de la PS5, si ce n’est l’usage du SSD grâce à des temps de chargement quasi-inexistants, il a le mérite de profiter de jolis effets visuels. Tournant avec une résolution en 4K dynamique, il est également entièrement jouable en 60FPS pour notre plus grand bonheur. La direction artistique se veut quant à elle fortement inégale d’un monde à l’autre, tant elle est parfois véritablement inspirée, et qu’elle se veut plus anecdotique dans certains mondes.
CONCLUSION
Sackboy : A Big Adventure
Sackboy : A Big Adventure est une expérience agréable, plaisante, qui excelle dans bien des domaines, à l'image de sa bande-son et de ses niveaux musicaux inspirés. En revanche, il rencontre quelques difficultés dans son domaine principal : la plateforme. Malgré certains niveaux plutôt bien pensés en matière de level design, le titre souffre d'imprécisions de gameplay, d'une certaine répétitivité et d'un manque cruel d'originalité, à la fois sur les plans ludiques et artistiques. S'adressant essentiellement à un public relativement jeune, le jeu de Sumo Digital avait pourtant matière à aller toucher les plus grands. Pour autant, il parvient malgré tout à nous faire passer un bon moment aux côtés de notre héros de laine, bien qu'on le préférait dans le monde merveilleux de Little Big Planet et de ses niveaux directement imaginés par les joueurs. Malheureusement, notre cher Sackboy arrive un peu trop tard pour espérer, en l'état, se frayer une place majeure dans le genre de la plateforme.
LES PLUS +
- La bande-son, un régal
- Les niveaux musicaux
- Du challenge pour la quête du 100 %
- L'usage des retours haptiques
- De la coopération, en local comme en ligne
LES MOINS -
- L'absence d'éditeur de niveaux
- Une direction artistique inégale
- Un gameplay imprécis
- Des combats de boss peu inspirés
- Certains niveaux soporifiques
« »Un gameplay imprécis » », je vous trouve dure.