Le dernier titre du studio Naughty Dog a marqué les esprits, entre review bombing et records d’awards. Un an après sa sortie, le jeu accueille certes une première mise-à-jour next-gen, mais surtout il continue de faire parler de lui. Preuve en est : sa co-scénariste, Halley Gross, revient sur The Last of Us Part II le temps d’un podcast.
Après le succès incontestable de The Last of Us Part II, l’effervescence autour de la licence n’a pas cessé, entre production par HBO d’une série télévisée, soupçon de remake et attente d’un multijoueur. En outre, le jeu en lui-même continue d’éveiller la curiosité. Halley Gross, co-scénariste et responsable narrative de TLOU2, est ainsi venue en parler au micro du podcast Thanks for the Knowledge, dimanche dernier.
Halley Gross, de Hollywood à son premier AAA
C’est par un simple e-mail de son agent que Halley Gross apprend la nouvelle en 2016 : Neil Druckmann souhaite la rencontrer pour travailler sur un projet en cours. Il s’agit du prochain jeu des Dogs, The Last of Us Part II. Jusqu’alors scénariste pour la télévision (Banshee, Westworld), Gross n’a jamais travaillé dans le secteur vidéoludique. Néanmoins, elle est elle-même une joueuse. Elle connaît le premier The Last of Us et l’a adoré. Alors non seulement elle se dit heureuse, mais aussi très chanceuse de cette opportunité.
Cette première expérience chez Naughty Dog lui fait réaliser les différences qu’il y a entre travailler sur un jeu vidéo et pour la télévision. Elle passe en effet de contrats de seulement quelques semaines à un engagement sur plusieurs années. Elle découvre ainsi ce que c’est de travailler avec plusieurs équipes sur le long terme, chose qu’elle apprécie particulièrement. Il s’agit à ses yeux de créer ensemble, d’« essayer d’utiliser le meilleur du cerveau de chacun » pour concevoir la meilleure version du jeu.
Ce n’est toutefois pas exactement une promenade de santé. Elle réalise en effet que le monde du jeu vidéo utilise une « langue totalement différente ». Elle en rit même : le vocable fait assurément partie des choses qu’elle retiendra de cette expérience. En outre, elle constate les variations que son métier connaît d’un média à l’autre :
Je peux m’asseoir ici et dire « la structure narrative, c’est la structure narrative », […]. Mais les mécaniques, le processus de création des jeux sont une chose très, très différente.
Halley Gross
Travailler chez Naughty Dog
Gross ne tarit pas d’éloges sur le studio californien. Elle a le sentiment de faire partie d’une famille au travers de ce travail de cohésion avec les équipes. Elle se sent même grandie de ce temps au studio. Elle évoque notamment les échanges avec l’équipe chargée de la conception des personnages. Grâce à cela, elle a eu des idées auxquelles elle n’aurait pas pensées autrement.
Naughty Dog est un endroit incroyablement spécial du fait des personnes qui y sont. Il y a tellement d’hommes et de femmes merveilleux qui font du grand art, et c’est un plaisir de les côtoyer.
Halley Gross
Plus encore, Gross se dit « fière » d’avoir contribué au projet The Last of Us Part II, d’autant plus qu’elle a aussi été à l’origine du casting de Shannon Woodward pour le rôle de Dina (les deux artistes ont travaillé ensemble sur la série Westworld). Elle reconnaît le pari risqué du studio avec cette suite, et se dit contente qu’il ait été tenu. Elle note finalement la cohérence entre la diversité au sein des Dogs et celle représentée dans le jeu. C’est quelque chose à laquelle elle tient véritablement, d’où sa joie d’avoir travaillé précisément sur ce titre.
Un séquel tant attendu : The Last of Us Part II
Halley Gross fait son entrée dans le monde du jeu vidéo avec une pièce de choix. La suite de The Last of Us doit être à la hauteur du premier épisode. Quand Gross rejoint le projet, l’histoire de cette Part II n’est qu’à l’état de squelette : début, pivot, fin. Elle devient alors la tête pensante, avec Neil Druckmann, de tout ce qui touche au scénario. Son recrutement semble témoigner d’une envie d’apporter un autre regard. Et le pari est gagnant.
Néanmoins, le jeu rencontre quelques obstacles à l’approche de sa sortie, le 19 juin 2020. Plusieurs leaks importants sur l’histoire du jeu paraissent sur le web. Un événement dramatique qui initie une vague de haine pour la suite de TLOU. Gross confie combien ce moment a été frustrant et à quel point elle s’est sentie mal pour toutes les personnes qui ont travaillé dessus.
Elle-même reçoit encore aujourd’hui des messages insultants sur les réseaux sociaux. Pour autant, elle accepte totalement les commentaires négatifs, tant qu’ils viennent de personnes qui ont vécu « l’expérience complète » du jeu. Elle comprend même la dissonance ressentie par l’opposition entre certains personnages. À l’inverse, elle tourne en dérision les gens qui s’en prennent à elle et au jeu à partir d’extraits vidéos sortis de leur contexte et de rumeurs :
L’ironie est que ce jeu parle de ne pas juger les gens sans contexte. Tout le thème de ce jeu porte sur le fait de faire des présomptions sans avoir totalement connaissance des faits, et juger les gens sans avoir assez d’informations.
Halley Gross
Une aventure qui pourrait se prolonger pour Halley Gross ?
Malgré ces quelques balbutiements, le jeu séduit la critique, et les joueurs aussi visiblement. Alors la question ne s’est pas faite longtemps attendre : la licence The Last of Us aura-t-elle le droit à une troisième partie ? Neil Druckmann confiait en avril dernier que lui et Halley Gross en ont écrit les premières lignes. Il se pourrait donc qu’elle soit de nouveau de la partie si cette nouvelle suite vient à se concrétiser.
Qui plus est, Gross souligne la force que lui ont finalement donné les leaks et haters du web. Après tout ce par quoi elle est passée sur ce projet, les hauts et les bas, elle assure que rien ne l’empêchera désormais d’écrire les histoires qu’elle veut raconter. Et ce ne sont certainement pas Adeline Chetail et Audrey Sourdive qui la contrediraient.
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