Hier, Sony a publié des résultats financiers exceptionnels pour son année fiscale 2020-2021. Non contente d’avoir fait de la PS4 la console avec le plus grand nombre de jeux vendus de tous les temps (tous éditeurs confondus), la firme japonaise se vante aussi de meilleures ventes pour la PS5 que la PS4 à la même époque. De quoi aborder sereinement l’avenir et la vie de la PlayStation 5. Analyse.
Des bénéfices records dans l’année la plus improbable pour Sony
Avant la PlayStation 5, Sony n’avait jamais réussi à boucler une année fiscale avec des bénéfices lorsqu’elle lançait en même temps une console. C’est enfin le cas en cette année 2020-2021, alors même que le monde vit avec la pandémie depuis plus d’un an, que la pénurie de semi-conducteurs se poursuit, et que le commerce mondial, ralenti comme il est, pose d’énormes problèmes de fourniture et de livraisons.
Mieux vendue que la PS4 à la même époque, la PS5 cartonne donc, au-delà de toutes les espérances. La division jeu vidéo de Sony a vécu une année fiscale historique, et augure une année 2021-2022 encore meilleure, une fois que les différents problèmes logistiques et structurels seront réglés. De ce point de vue, tout va effectivement pour le mieux dans le meilleur des mondes. Même si la PS5 ne s’est lancée que depuis novembre dernier, certains chiffres ne mentent pas, et viennent valider la stratégie de Sony, qui a choisi de – pour l’instant – continuer à s’appuyer sur les jeux à l’unité et à ne pas lancer un service de jeu en streaming similaire au Game Pass de Microsoft.
Des résultats qui valident la stratégie sur les jeux et appellent à la poursuivre
Outre les ventes et la demande, les résultats financiers de Sony sont aussi dus à sa communication maîtrisée. Si quelques couacs ont eu lieu lors de l’annonce de la console, ou ces derniers temps avec notamment l’article de Jason Schreier, la firme japonaise a su distiller des interventions, que ce soit de Jim Ryan ou d’autres responsables, pour rassurer les analystes et les joueurs. Et, à voir le catalogue à venir de la PlayStation 5, les faits suivent les paroles. La prochaine exclusivité sera Returnal, nouvelle licence du studio Housemarque qui promet, selon les différentes previews publiées ces derniers jours, d’être un jeu plein de surprises. À la fin de l’été, ce sera au tour de Kena: Bridge of Spirits, avant Deathloop, Ghostwire Tokyo et d’autres joyeusetés. Et à côté, les mastodontes suivent, tels que les Horizon : Forbidden West ou God of War Ragnarok qui, sans avoir tant communiqué que cela, provoquent une attente considérable chez les joueurs.
Sur ce point aussi donc, tout semble bien aller pour PlayStation. Le juge de paix sera bien évidemment le retour critique et commercial, mais la stratégie de la PS4 qui a porté ses fruits semble bien aller à la PS5.
Augmenter les investissements a fonctionné, ce qui pousse à les poursuivre : un cercle vertueux
De ce plan d’alterner entre nouvelles et anciennes exclusivités (sans pour autant que les développeurs japonais ne soient oubliés notamment), Sony cherche aussi, selon les déclarations de son directeur financier hier après la publications des résultats de l’année fiscale, à augmenter ses investissements sur tous les domaines du jeu vidéo : les studios internes, mais aussi les studios externes (comme celui de Jade Raymond ou Firewalk Studios) et enfin les entreprises tierces, à l’image des investissements stratégiques réalisés chez Epic Games.
À ce titre, l’implication de Sony dans des entreprises externes est une semi-nouveauté. En s’engageant avec Epic Games, la firme japonaise s’assure des accès privilégiés non seulement aux moteurs graphiques d’Epic, mais aussi aux nouvelles technologies de photoréalisme de l’entreprise avec Meta Human et à sa communauté de joueurs considérable (Fortnite et compagnie). Avec les bénéfices économiques évidents que cela peut engendrer, Sony s’ouvre des chemins très intéressants dans un avenir où la course technologique sera au centre des stratégies. La même réflexion s’applique pour la collaboration que Sony entretient avec… Microsoft sur le sujet du cloud. Prévoyant une annonce prochainement sur le cloud de PlayStation, Sony a su s’attacher l’aide de l’une des meilleures entreprises au monde sur le sujet, ce qui rassure sur le potentiel des annonces à venir de la firme japonaise.
Une bonne nouvelle pour continuer à oser dans la recherche et le développement
Ensuite, là où les résultats financiers très bons de Sony sont utiles, c’est au niveau des nouvelles technologies que la firme cherche à développer en interne. Que ce soit avec la réalité virtuelle, sur laquelle Sony est une entreprise pionnière depuis cinq ans maintenant, ou avec l’intérêt nouveau porté au marché du jeu mobile (lire ici l’article sur la formation d’une nouvelle division mobile à Sony Interactive Entertainment), les bénéfices sont cruciaux, car ils permettent à Sony de pouvoir prendre des risques. La bonne santé financière démontrée à la fin de l’année fiscale 2020-2021 devrait conforter Sony dans sa prise de risques, et rassurer le conseil d’administration sur la possibilité de s’essayer à de nouveaux marchés sans que les conséquences, si la stratégie s’effondre, ne soient trop graves.
Tous les chemins mènent à Rome
Ainsi donc, Sony a montré ces derniers mois vouloir toucher à tout, et la bonne santé financière de sa division jeu vidéo continuera à la pousser dans cette direction. PlayStation Inside fait l’analyse, comme le prévoit PlayStation, que l’année fiscale 2021-2022 sera encore meilleure que la précédente. En réalité, Sony s’arroge un double succès : celui de la poursuite de ceux de la PS4, et celui des nouveaux essais consentis avec le lancement de la PS5.
En 2021, vouloir construire un univers autour d’une console fonctionne à merveille. Au fond, et c’est peut-être là le véritable nœud de la réussite de Sony, l’idée des Japonais n’est pas de construire un écosystème où le jeu vidéo n’est qu’une partie de l’équation, mais plutôt de développer un univers où tous les chemins mènent au jeu vidéo. Pour Sony et sa PS5, le jeu vidéo est Rome, le centre de tout : tout doit mener au jeu vidéo (les films et les séries sont en réalité faits pour faire acheter les jeux qu’ils adaptent à l’écran), car l’histoire de PlayStation est celle du jeu vidéo et rien d’autre. Tout pour le jeu, tout pour la console, toute une stratégie globale pour ramener à une seule constante : la manette, le canapé, l’expérience vidéoludique.
Ceci étant donc dit, il est difficile de voir Sony et la PlayStation 5 ne pas jouir d’un succès grandissant dans les années à venir. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, oui. Désormais, il s’agit seulement de ne pas se griller les ailes. Car les plus grandes chutes sont souvent celles des Icare, celles de ceux qui voient le soleil et qui osent trop s’en approcher. Continuer avec humilité, oser en ayant raison gardée : tel est l’équilibre que Sony doit maintenir. Rendez-vous à la fin de l’année fiscale 2021-2022.