2021 est une année prolifique en termes de rachats pour Sony. Depuis le mois de juin, ce sont pas moins de trois studios qui ont intégré la grande famille des PlayStation Studios : Nixxes, Housemarque et, tout récemment, Firesprite. Or, le directeur de la branche cinéma de Sony estime que ça ne devrait pas s’arrêter-là. Au regard de la croissance du secteur vidéoludique, la suite logique serait de poursuivre sur cette dynamique d’expansion et de consolidation.
Le jeu vidéo, un secteur en plein essor
Tony Vinciquerra est le PDG de Sony Pictures, la branche de Sony dédiée aux films. Alors qu’il participait dernièrement à la conférence Bank of America Merrill Lynch, il a exprimé sa vision de l’avenir pour la branche vidéoludique de Sony, des propos rapportés par Video Game Chronicle.
Interrogé quant à l’avenir de Sony Pictures, Vinciquerra estime que le secteur du cinéma se tourne plutôt vers une logique moins d’expansion que de consolidation. Selon lui, l’envolée devrait maintenant davantage concerner le marché vidéoludique :
Je pense que les médias traditionnels que sont la télévision et le cinéma ont probablement atteint leur apogée. Le nouveau secteur de croissance sera celui des jeux, et qui de mieux placé dans ce domaine que Sony ?
Tony Vinciquerra, propos rapportés par VGC
Le journaliste de VGC remarque la valeur colossale des fusions et acquisitions en 2020 dans le secteur vidéoludique. L’industrie du jeu vidéo se présente depuis quelque temps comme une valeur sûre, dans laquelle investir. Les investisseurs ont d’ailleurs remarqué comment ce marché a su tirer son épingle du jeu malgré la pandémie depuis un an et demi.
Sony Interactivement Entertainement, prêt à poursuivre son accroissement
Lors de son bilan financier d’avril dernier, Sony annonçait vouloir continuer à investir. Cette ambition vise notamment une plus grande capacité de production, d’où l’acquisition dernièrement de nombreux studios.
Mais Sony étend aussi cette dynamique dans des placements externes. Le groupe a par exemple investi 200 millions de dollars dans Epic Games. De même, la compagnie a établi un partenariat avec le nouveau studio Haven Entertainment pour créer une nouvelle licence exclusive sur PlayStation. Lors du fameux bilan, Hiroki Totoki, le directeur financier de Sony, expliquait justement cette entreprise menée par Sony :
Pour améliorer notre offre de logiciels, nous avons l’intention de continuer à investir dans des partenariats avec des studios externes, en plus d’investir agressivement dans nos studios internes.
Hiroki Totoki, lors du bilan financier de Sony (avril 2021)
Une logique d’expansion généralisée
Les dernières entrées parmi les PlayStation Studios attestent de cette expansion continue de la branche vidéoludique de Sony. À ce titre, l’acquisition de Nixxes Software, spécialisé dans le portage sur PC, souligne l’intention pour SIE de s’étendre plus encore au-delà de la console de salon. Ces dernières années, des exclusivités remarquables ont déjà rejoint nos tours d’ordinateurs, à l’instar de Horizon Zero Dawn et de Death Stranding. Bientôt ce sera le tour des deux derniers épisodes de la licence Uncharted, regroupés dans la Uncharted: Legacy of Thieves Collection prévue sur PS5 et PC en 2022.
Mais il semble que Sony souhaite également exporter ses licences sur mobile, pour d’autres expériences de jeu. C’est le cas notamment de wipEout avec wipEout Rush également prévu sur iOS et Android l’année prochaine. Certaines rumeurs évoquaient également l’arrivée de Uncharted sur mobile. Cela semble néanmoins remis en question par la nouvelle compilation annoncée. Toujours est-il que le PDG de SIE lui-même évoque cette volonté de conquérir le marché mobile :
PlayStation dispose d’un énorme catalogue de propriétés intellectuelles diverses, qui peuvent être adaptées aux jeux pour smartphones et compléter nos jeux AAA ou nos jeux online. Nous explorons le marché du mobile avec de merveilleuses franchises PlayStation.
Jim Ryan, lors de la réunion stratégique de Sony (11 mai 2021)
Au regard des projets de SIE et PlayStation, fort est à parier que de nouvelles acquisitions seront bientôt annoncées. Principalement dans le viseur : Bluepoint Games, à l’origine de plusieurs remake d’exclusivités (Ico & Shadow of the Colossus Collection ; Uncharted: The Nathan Drake Collection ; Demon’s Souls). Moins probables, certaines rumeurs évoquent également des ambitions de rachat de Square Enix, aussi bien du côté de Microsoft que Sony.
De la force des licences PlayStation
Pour autant, Sony ne délaisse ni le grand ni le petit écran. Au travers de sa filiale PlayStation Productions, la compagnie s’attèle à adapter ses licences pour le cinéma et la télévision. En 2014 et 2016 sortaient respectivement Heavenly Sword (Gun Ho Jang) et Ratchet et Clank (Kevin Munroe et Jerrica Cleland). Mais les choses semblent s’accélérer du côté des adaptations.
En ce qui concerne le cinéma, le film Uncharted de Ruben Fleischer, avec Tom Holland dans le rôle d’un jeune Nathan Drake, est prévu pour 2022. De même, un film Ghost of Tsushima a également été annoncé.
Du côté de la télévision, une série The Last of Us retraçant les événements des jeux est actuellement en production par HBO. Suivra ensuite une adaptation de la licence Twisted Metal, avec Anthony Mackie dans le rôle-titre.
Il faudrait compter en plus les déclinaisons en bande dessinée, preuve de l’intérêt porté pour les PlayStation. Le premier The Last of Us a par exemple eu le droit à son comic book préquel, American Dreams. En mars dernier sortait en outre un comic God of War, tandis que les éditions collectors de Horizon Forbidden West s’accompagnent d’une version numérique du premier tome de la bande dessinée dérivée. Même Bloodborne a le droit à sa déclinaison en cases et phylactères, mais pas chez Dark Horse comme les autres. Le jeu de From Software s’est en effet fait une place sur les étagères de l’éditeur Forbidden Planet.
Un horizon à surveiller
Sony et PlayStation jouissent en somme d’une matière qu’ils comptent bien exploiter. Quel que soit le support ou l’écran, la compagnie japonaise compte bien pénétrer plus encore le marché du divertissement grâce à ses filiales et partenariats. Bien entendu les ventes sur mobile et PC, ainsi que les audiences en salle ou à la télévision, joueront un rôle crucial dans les futures investissements de la compagnie japonaise.
Dans la même idée, il faut se méfier des fermetures de studio. La génération PS4 aura rencontré pas moins de quatre dissolutions. Ainsi, après l’arrêt radical des activités de d’Evolution Studios en 2016, de Guerrilla Cambridge en 2017 puis de Manchester Studio début 2020, Japan Studio est cette année le dernier en date a avoir subi le couperet. Ce dernier aura néanmoins eu le mérite de voir sa division Team Asobi préservée et réintégrée comme un PlayStation Studio à part entière.
La logique de rachat par Sony, qui a notamment mené à l’acquisition d’Evolution Studios en 2007, pourrait aussi cacher des fermetures postérieures ou des fusions. Pour en revenir à Vinciquerra, sa vision du futur de l’industrie du jeu vidéo s’accompagne d’une dynamique à venir de consolidation. L’évolution du marché influencera à n’en pas douter l’organisation des PlayStation Studios et les projets de Sony. Il faudra donc garder un œil particulièrement attentif aux prochains bilans financiers de la compagnie japonaise.
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